Anne-Lise Ducanda est médecin dans un centre de protection maternelle et infantile : une PMI de banlieue parisienne, où elle reçoit des enfants de 0 à 3 ans pour des consultations de routine.
Depuis quelques années, elle a vu apparaitre une épidémie silencieuse, des symptômes récurrents : des enfants dans leur bulle, qui ne la regardent pas quand elle leur parle, qui ont souvent des retards de langage et des troubles du sommeil.
Tous passent plusieurs heures par jour devants des écrans depuis le plus jeune âge. Et le plus frappant, c’est qu’il suffit de conseiller aux parents de couper tous les écrans pour que les choses commencent à s’arranger. Jamais de simples recommandations n’ont eu un effet aussi rapide, dit-elle. Le petit Rayan, 3 ans, qui a été déscolarisé après seulement 20 minutes en petite section de maternelle, qui ne parlait presque pas et ne regardait personne dans les yeux, s’est remis à prononcer le mot « maman » depuis que cette dernière a cessé de lui prêter son téléphone pour regarder des comptines.
Anne-Lise Ducanda a créé un collectif avec d’autres professionnels de santé : des pédiatres, des orthophonistes, des psychologues.
Tous veulent pousser les autorités à réagir. Ils demandent, avant tout, des études scientifiques pour aller plus loin que leurs constats de terrain. Car pour l’instant, en France, il n’en existe pas.
N'est-il pas un peu évident qu’il faille éviter d’exposer les jeunes enfants aux écrans ? Peut-être.
Mais tout aussi évident que les dangers de l’alcool ou du tabac, qui font pourtant l'objet de messages de prévention.
Les parents à qui le docteur Ducanda conseille de couper les écrans lui répondent tous, affolés : "Pourquoi ne nous a-t-on rien dit ?"
Elle tient à ne surtout pas les culpabiliser, car la plupart ne pensent pas à mal : ils occupent le petit dernier avec une tablette le temps de s’occuper du grand ou de préparer le dîner. Ils ne s’imaginaient que c’était aussi dangereux.
La dépendance aux écrans ne concerne pas que les enfants.
Nous sommes nombreux à avoir l’impression d’être accros aux réseaux sociaux.
Ce que montre ce reportage, c’est que le moment est historique : des hauts dirigeants de cette industrie se mettent à parler et deviennent des lanceurs d’alerte.
L’un des cofondateurs de Facebook, notamment, reconnait que le réseau social s’appuie, depuis le départ, sur le fonctionnement du cerveau et en particulier sur le circuit neuronal de la récompense. La récompense (par exemple la petite flamme que reçoit l’utilisateur de Snapchat s’il communique assidument avec ses amis) fournit au cerveau une dose de dopamine, qui est une hormone du bonheur, pour le dire très vite. Un psychologue américain, expert en addictologie, utilise cette image : mon smartphone, c’est une pompe à dopamine, que j’ai en permanence sur moi, et qui permet de prendre un petit shoot de dopamine à chaque fois que je le consulte (un like sur instagramm, une flamme sur Snapchat, ou autre).
Ces applications ont été pensées pour nous placer en situation d’addiction : en avoir conscience, c’est déjà un pas vers la cure de désintoxication.
Quant au petit Rayan, il va beaucoup mieux aujourd'hui, même si tout n’est pas réglé. Alors qu’elle est interviewée dans son appartement, sa mère s’arrête de parler, soudain très émue : son fils de 3 ans est en train de parler dans la pièce à côté. Ça n’était pas arrivé depuis un an.
L'équipe - Dorothée Barba
«C’est une enquête que je porte depuis que j’ai commencé d’observer les mécanismes à l’œuvre dans ma propre famille, commente Paul Moreira. Mais les chaînes de télévision ne semblaient pas voir l’urgence d’en parler. Or, depuis six mois, des études, des articles, des livres et des confessions de fabricants eux-mêmes reconnaissent qu’il y a des effets secondaires négatifs à la surconsommation d’écrans, que certains le savaient, et qu’il est temps de se montrer plus responsables, en particulier auprès de nos enfants.»
Les enfants de moins de 7 ans sans cesse captés ou interrompus par les écrans développent de plus en plus fréquemment des troubles du comportement, des difficultés d’attention, d’apprentissage et de communication, de la passivité, de l’agitation, etc. «Le seul moyen de les aider est de les sevrer, de sorte à recréer de l’interaction avec l’autre. Heureusement, ça marche!», dit encore le réalisateur.
Pour l’anecdote, la Waldorf School of the Peninsula, installée au cœur de la Silicon Valley, carrefour mondial du high-tech, a banni les écrans de son enseignement, afin que les enfants développent leur propre individualité et augmentent leur capacité à penser, ressentir et agir.
La campagne 3-6-9-12
Lancée en 2007, la campagne 3-6-9-12 est un programme d’introduction progressive et raisonnée des écrans dans la vie de l’enfant développé par le psychiatre Serge Tisseron. Elle dit en résumé: pas de télévision avant 3 ans; pas de console de jeu avant 6 ans; pas d’Internet avant 9 ans; pas de réseau social avant 12 ans, et une consommation régulée et maîtrisée de tous les écrans après 12 ans.Lien pour lire des témoignages d'enfants souffrant d'addiction aux écrans
Lien avec le site officiel "surexposition écrans"
Lien avec un autre article de ce blog : "survivre sans internet"
Lien avec un autre article de ce blog : "l'hyperactivité"
Lien avec un autre article de ce blog : "cadeaux pour dormir"
Lien avec un autre article de ce blog : "je m'ennuie" (renvoyant lui-même vers d'autres articles pour trouver des activités en rapport avec le tempérament de votre enfant)
Lien avec tous les articles de la rubrique "parents" de ce blog
Lien avec un article de ce blog "Raconte-moi une histoire" (l'importance de lire des histoires aux enfants, mais pas n'importe lesquelles)
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