Article d'après Francine Lussier est titulaire d’un
doctorat en neuropsychologie. Après avoir enseigné au secondaire et au
primaire où elle a, entre autre, élaboré un système d’enseignement
personnalisé, elle a travaillé en tant que neuropsychologue clinicienne en
milieu hospitalier durant près de 15 ans. Elle a publié un livre passionnant
intitulé « 100
idées pour mieux gérer les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité,
et pour aider les enseignants, les parents et les enfants »
Se rappeler que l’enfant n’est pas responsable de son syndrôme
Puisqu’il s’agit d’un syndrome neurologique, l’enfant
souffre autant que ses parents de ne pas pouvoir répondre a leurs attentes.
Pas
plus qu’il ne nous viendrait à l’idée de condamner une personne qui a une crise d’épilepsie, on ne peut blâmer un enfant pour
son TDA/H.
Par ailleurs, nos interventions devraient
toujours tenir compte du fait que l’enfant est incapable de se plier longtemps
aux consignes qui visent l’arrêt des symptômes liés a son TDA/H « arrête
de bouger », « tiens-toi tranquille », « fais attention à
tes fautes », « écoute quand je te parle », « cesse de
perdre tes affaires », « réfléchis donc avant de parler »…
Il est vrai que, parfois, l’enfant peut respecter la
consigne pendant un bref moment.
Le problème est que ça ne dure pas.
Quand
certaines conditions sont réunies, il est plus facile de répondre aux attentes
des adultes, mais là encore, pas tout le temps.
Après un sprint, on ne peut pas
recommencer la course !
L’enfant hyperactif peut fournir un effort intensif
pour répondre à une consigne si, par exemple, il se trouve sous la menace d’une
conséquence imminente.
Mais dès que la conséquence aura disparu de son esprit,
l’enfant sera incapable de maintenir son effort. Laissez croire à l’enfant
qu’il le peut quand il le veut, c’est oublier qu’il est atteint d’un problème
neurologique, et c’est lui laisser croire qu’il était a blâmer toutes les
autres fois où il n’a pas pu. Son estime de soi en prendra inévitablement un
coup… Il faut donc reconnaitre les limites de l’enfant face à nos exigences.
>> A lire : Le Guide de survie pour les enfants
vivant avec un TDA/H
Ce petit guide plein de bon sens, offre des trucs pour mieux s’organiser à l’école, à la maison et avec ses amis. Il propose des pistes pour mieux gérer ses émotions et canaliser son énergie.
Ce petit guide plein de bon sens, offre des trucs pour mieux s’organiser à l’école, à la maison et avec ses amis. Il propose des pistes pour mieux gérer ses émotions et canaliser son énergie.
Vivre avec les préjugés de l’entourage
Malheureusement, le TDA/H n’est pas encore suffisamment connu et, souvent, les symptômes que présente votre enfant sont davantage perçus par l’entourage comme le résultat d’une mauvaise éducation que comme une déficience physiologique de son système nerveux.
Les autres parents vous critiqueront sur votre manière de gérer les comportements de votre enfant. « Trop gâté! » diront-ils ; « Ton enfant aurait besoin d’un bon coup de pied au derrière » ; « Tu n’as vraiment pas la manière avec ton enfant, si je l’avais avec moi quelque temps, je le recadrerais… », etc.
Chaque fois que vous sortez, quel que soit l’endroit,
votre enfant trouve toujours le moyen de se faire remarquer par son
impulsivité, son agitation excessive, ses colères explosives, ses impertinences, etc.
Devant
les critiques qui fusent de toutes parts, certains parents n’osent plus sortir
avec leur enfant, de peur d’être à nouveau confrontés aux critiques et à
l’incompréhension de l’entourage.
Parfois, même, on vous jugera sévèrement
d’avoir renoncé à exercer votre rôle de parents du fait que vous avez consenti
à donner une médication à votre enfant.
Le meilleur moyen de faire face à l’ignorance des
autres, c’est de se renseigner sur le sujet, de lire, de participer à des
rencontres d’information.
Une fois bien informé, il est possible d’affronter
les préjugés des autres en rétablissant les faits, en leur décrivant les facteurs
neurobiologiques qui expliquent les symptômes de votre enfant.
Si, malgré vos
explications, certaines personnes continuent de vous juger, il est peut être
alors souhaitable d’éviter désormais de les rencontrer.
Pour sensibiliser : Les Hinvisibles
Un jeu de cartes qui sensibilise et permet de mieux connaître tous les types de handicaps invisibles : le processus pédagogique est conçu pour comprendre et enrichir ses connaissances sur 80% des handicaps et développer de nouvelles attitudes plus justes dans la relation.
Un jeu de cartes qui sensibilise et permet de mieux connaître tous les types de handicaps invisibles : le processus pédagogique est conçu pour comprendre et enrichir ses connaissances sur 80% des handicaps et développer de nouvelles attitudes plus justes dans la relation.
S’adapter au handicap de son enfant
Plusieurs parents ont en vain tenté de s’attaquer aux
difficultés de leur enfant en leur prodiguant généreusement des conseils du
type : « Fais attention quand le professeur parle, écoute bien ce qu’il
dit, ne te laisse pas déranger par les autres, n’oublie pas tes devoirs »
; en leur donnant les meilleurs arguments pour qu’il fasse attention :
« Si tu veux avoir un bon bulletin… », « Si tu veux te faire des
amis… » , « Si tu ne veux pas te faire disputer par ton professeur… ».
Parfois, même en évoquant des conséquences qui n’ont que peu d’effet, ou
dont les effets sont toujours de très courte durée.
Les parents s’épuisent, se
remettent en question, blâment leur enfant de ne pas faire d’efforts
suffisants… Tous ces conseils-là, votre enfant les connaît bien : il n’arrive
tout simplement pas à les appliquer.
On peut au contraire développer certaines
attitudes destinées à alléger son fardeau déjà lourd :
- Reconnaitre que votre enfant a un problème biologique et que ce n’est pas de sa faute ; cela diminuera son stress qui, bien souvent, est de nature à aggraver ses symptômes.
- Cesser de blâmer, de critiquer, de juger votre enfant ( « Tu es vraiment paresseux, tu es désobéissant… »), se souvenir que c’est son déficit d’attention qui l’empêche de répondre aux attentes sociales.
- Reconnaître que votre enfant a des besoins particuliers en raison de son handicap : il a besoin de consignes claires parce qu’il se désorganise plus facilement quand les règles sont floues et imprécises. Dans certaines situations-dans la salle d’attente chez le médecin, par exemple- il aura aussi besoin qu’on prévoie pour lui des jeux qui le maintiendront tranquillement assis plutôt qu’à ne rien faire
- Être moins exigeant avec lui, tout en expliquant aux autres enfants les difficultés particulières auxquelles il doit faire face à cause de son TDA/H.
Comment l’aider quand il ne se contrôle plus ?
Confronté à des petits problèmes, l’enfant qui souffre
de TDA/H réagit avec excès.
Des incidents banaux peuvent déclencher chez lui
des réactions intenses qui se terminent subitement.
Il pleure facilement, son
humeur change fréquemment et est influencée par la situation.
Il réagit plus
fortement aux situations que les autres enfants, et il est très facilement
contrarié.
Établissez avec l’élève une séquence à suivre dès qu’il sentira
qu’il est en train de perdre le contrôle de lui-même (respirer profondément,
demander la permission de sortir de la classe pour attendre le retour au calme,
etc.).
Signalez-lui, de manière non verbale, quand il commence à déraper.
Il
peut aussi avoir des explosions de colère inattendues, démesurées, pour presque
rien. la plupart du temps, l’enfant regrettera sa colère aussitôt qu’elle sera
éteinte.
Il faut donc parvenir à faire cesser le plus rapidement possible les
comportements inadéquats qui gênent l’enfant et qui entretiennent en même temps
sa colère.
Il est important d’avoir discuté au préalable avec lui pour lui
expliquer que ses colères sont le plus souvent le fruit de son impulsivité et
que vous souhaitez l’aider en établissant avec lui un plan d’action que vous
pourrez mettre en œuvre quand ces colères surviendront.
II est inutile de chercher à savoir comment, pourquoi,
ou par qui la querelle a débuté. Tenter de raisonner l’enfant exacerbe souvent
sa frustration.
En fait, toute intervention verbale dans ces moments-là
alimente et entretient sa colère.
Ce dont il a le plus besoin dans l’immédiat est de s’isoler
pour réduire son sentiment d’inadéquation, la peur du ridicule dans lequel
il se trouve si d’autres élèves sont témoins de sa désorganisation.
Pour y
arriver, on coupe le contact avec l’élément déclencheur, on procure à l’enfant
un lieu de retrait (pas un lieu de punition) où il pourra se calmer, retrouver
son sang-froid et reprendre le contrôle de soi.
Après, seulement, quand
l’événement sera suffisamment éloigné du moment émotif, mais encore assez
présent à l’esprit, on invitera l’élève à revoir la situation et on cherchera
avec lui comment il aurait pu éviter cette perte de contrôle, puis on tentera
d’identifier des moyens qui pourraient prévenir la prochaine crise explosive.
D’autres idées ? Retrouvez les 100 idées pour mieux gérer les troubles de
l’attention, avec ou sans hyperactivité dans ce livre pour parents, enseignants
et enfants.
Ce guide permettra aux parents d’organiser au lieux un environnement favorable
pour faciliter la vie des enfants, et celle de la famille.
Ces idées guideront
aussi l’enseignant dans l’aménagement physique de sa classe, dans son
organisation pédagogique et dans la gestion de son groupe quand l’un de ses
élèves a fait l’objet d’un diagnostic de TDA/H.
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