vendredi 12 septembre 2014

Enfants expatriés


La différence entre les enfants et les adultes c'est que les uns regardent en arrière
et les autres en avant.


Même s'ils ont les meilleures intentions, la plupart des parents qui désirent quitter leur pays d'origine, n'ont pas la bonne approche lorsqu'ils doivent parler à leurs enfants d'un futur déménagement à l'étranger et de l'impact, qu'aura leur nouveau style de vie, sur eux.
Bien que les enfants soient les personnes qui comptent le plus dans la vie des parents,  ils sont difficilement impliqués dans la décision initiale et le processus du déménagement.
Nous supposons tous que les enfants ne souffrent pas beaucoup des transitions, qu'ils apprennent vite une nouvelle langue, qu'ils se font facilement des nouveaux amis et qu'ils acceptent souvent leur nouvel environnement plus vite que leurs parents.
De plus, c'est facile de conclure qu'ils ne seront pas confrontés au choc culturel auquel sont confrontés les adultes, ni au long et lent processus d'intégration culturelle.
Nous avons tendance à dire que les enfants sont plus flexibles.  
Et après tout, pourquoi devrait-on les impliquer, dès le début, dans un processus long et très difficile de prise de décision ?

Les parents savent qu'ils jouent un très grand rôle dans la vie de leurs enfants, mais leurs amis et leur environnement sont aussi importants.
La plupart du temps, quand les enfants entendent parler du déménagement cela à pour eux l'effet d'une bombe.
Mais comment réagissent-ils?
Que peuvent-ils faire quand ils l'apprennent?
La recherche nous démontre que les enfants ont beaucoup de difficultés à en parler.
Souvent, ils intériorisent leurs sentiments à propos du déménagement pour plusieurs raisons:
Un manque de compétence verbale
Une peur de briser les rêves de leurs parents
Une appréhension de contrarier les projets en route
Une crainte de ne pas être compris

Les enfants ne sont pas capables de trouver un argument décisif qui changera les pensées de leurs parents.
En vérité, un déménagement international affecte les enfants d'une façon unique et très différente de celle des adultes.
Je les appellerais les "suiveurs" parce qu'ils suivent les membres de leur famille à l'étranger même s'ils n'ont pas choisi d'y aller. Ce fait essentiel rend leur situation très différente de celle de leurs parents.

En fait, parler de choc culturel doit prendre en compte beaucoup de changements.
Les expatriés, adultes, enfants, familles, couples ou célibataires ont tous besoins de s'adapter à beaucoup de changements en peu de temps.
La façon dont chacun gère ces changements est différente.
La plus grande différence, existant entre les enfants et les adultes, se retrouve aussi souvent entre certains expatriés et leur partenaire dans le fait qu'il y en a un qui a fait le choix de partir et l'autre non.

L'adulte qui a choisi l'expatriation:
L'adulte qui a choisi l'expatriation entre dans un stade d'aventure marqué par la passion et l'anticipation.  Les petits soucis qu'il rencontre sont raisonnablement acceptables car ils sont vite balayés par l'excitation du départ et les nombreuses premières impressions positives.
Cela lui donne l'espoir, voir même l'illusion que tout ira bien.
Mais rapidement, il est confronté à la réalité: les choses qu'il voyait autrefois comme surprenantes et intéressantes le mettent maintenant dans l'embarras. Les choses ne sont pas si faciles qu'il le croyait et beaucoup de détails l'épuisent.
Dans un troisième temps, il réalise que c'est difficile d'établir des relations avec les autochtones.
Comme il a du mal à considérer les natifs du pays comme ses égaux, il recherche le contact de ses semblables et cela rend son intégration difficile. Au bout d'un temps, il en a assez d'essayer, il a l'impression d'avoir fait tout son possible  et ne trouve plus l'aventure amusante!
Le choc culturel arrive à ce moment là.
 Le décalage horaire, le manque de sommeil, les énervements, tout lui pèse et lui font regarder en arrière avec nostalgie.
Certains s'adaptent quand même plus vite que d'autres, c'est aussi une question de tempérament et de préparation en amont.
Passée cette étape, arrivent l'acceptation, l'adaptation et l'humour qui remplacent l'ethnocentrisme et la peine.
Mais néanmoins, il demeure une différence d'adaptation entre celui qui a choisi l'expatriation et celui qui subit ce choix.

L'enfant n'a pas choisi l'expatriation:
Les enfants font partie de la catégorie de ceux qui n'ont pas choisi de partir.
Ils sont choqués quand ils entendent parler de déménagement et ils veulent rester à la maison.
Même plusieurs semaines après leur arrivée dans leur nouveau pays, ils ne veulent pas être là et déteste tout.
Ils se battent contre le changement.
Après un temps, ils réalisent qu'ils ne peuvent rien y faire et sont disposés à essayer de s'adapter.
Mais malgré tout, ils continuent à regarder en arrière.  C'est seulement quand leurs sentiments commencent à être positifs, petit à petit, après une période de transition, qu'ils s'adaptent et découvrent eux même leur aventure.
Une rupture a lieu en quelque sorte entre parents et enfants car les enfants ont l'impression de ne pas être compris par leurs parents. Cela est du en grande partie à l'impatience dont font preuve les parents lors de ce processus d'adaptation.
Les parents ont d'autres préoccupations qui leur semblent plus urgentes telles que:
Comment allons-nous tout organiser? Comment sera notre vie future? Comment nous débrouillerons-nous avec les transports en commun? Comment trouverons-nous un électricien? Comment trouverons-nous des fournitures pour aménager notre nouveau logement?
Et même une fois qu'ils sont installés, les adultes continuent à regarder devant eux!

Les enfants, quand à eux, regardent derrière eux! Leur problème n'est pas d'arriver à destination mais de quitter leurs habitudes. Leur souci n'est pas "comment" mais "pourquoi"!

Il existe beaucoup de trucs pour aider les enfants à s'adapter au changement mais cela dépend de chaque enfant et de chaque situation.
Elever des enfants et les rendre heureux est un défi, peu importe où vous vivez.
Quoi qu'il en soit, quand les problèmes parentaux grandissent à cause d'un manque de repère habituel, le défi est plus grand!
En plus d'être flexibles, de maintenir une routine, d'avoir une bonne communication, de rendre la vie passionnante, et de garder des contacts avec votre pays d'origine,  c'est mieux d'impliquer vos enfants aussitôt que possible dans le processus de décision et de mise en place de votre projet.
Laissez-les écouter vos arguments et laissez-les donner les leurs.
Ils sont des membres très importants de la famille et doivent être traités comme tels.

A propos du choc culturel, pensez que les enfants ont besoin de temps pour s'adapter aux différences et essayer de les soutenir dans la découverte d'une autre culture.
Les symptômes très évidents de choc culturel sont l'ennui, le mal du pays, l'irritabilité, la productivité minimale et le sentiment d'être perdu.
Avant votre départ et peu de temps après votre arrivée, essayez de répondre à toutes les questions de vos enfants et de les rassurer.
Promettez leur d'appeler souvent leur famille restée dans leur pays d'origine, emmenez leurs livres préférés, leurs peluches, leurs albums photos.
En priorité, installez un ordinateur et une liaison internet dés votre arrive. L'idée est d' apaiser leurs plus grandes inquiétudes.
Souvent les parents sont tellement occupés avec tout le reste que ces inquiétudes sont les derniers de leurs soucis.
Mais cette étape est pourtant primordiale pour tout le reste de leur intégration.
Ils ont besoin de savoir qu'ils pourront jouer avec leur jouet préféré ou de téléphoner à leur grand-mère.
Après cette première étape,  votre intérêt pour les inquiétudes de vos enfants demeure très important. La relation entre vous et vos enfants doit rester positive pour qu'ils puissent se sentir rassurés et puissent vous dire ce qu'ils pensent.
Quand ils se sentent prêts à s'adapter et à accepter le fait qu'ils sont ici pour un moment, laissez-les explorer leur nouvelle vie.
Donnez leur la liberté d'explorer mais ne les forcez pas.
Par exemple, si vous allez nager avec eux, ne leur posez pas de questions comme "N'avons-nous pas passé un moment sympa et merveilleux aujourd'hui?"
Soutenez-les mais n'essayez pas de les convaincre!
Enfin, le point qui est certainement le plus important est que vous ne devez pas nier le choc culturel, vous-même.
Les enfants s'apercevront que vous cachez vos propres difficultés et percevront que vous n'êtes pas honnête.
Le choc culturel affecte tout le monde, il n'est pas sélectif mais affecte la famille entière!
Soyez conscients de cela et soyez le meilleur entraîneur que vous pouvez pour vos enfants!

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