vendredi 12 septembre 2014

Lorsque vos parents vous brisent le coeur


 
Par  Mike Woodard, traduit de l’anglais par Marie-Agnes Vanpeuter


J’étais endormi sur le divan. Du moins, c’est ce qu’ils pensaient. Mes parents étaient ivres et se battaient.
Mon père a poussé ma mère avec une telle force qu’il lui a cassé le bassin et elle a été emmenée à l’hôpital.
C’est un des souvenirs fous que j’ai de ma famille.
Aujourd’hui, les drames et les dégâts causés par l’alcoolisme sont encore passés sous silence.
Une autre fois, mes deux frères, ma sœur et moi avons été réveillés en pleine nuit.
Mes parents étaient ivres et nous annonçaient qu’ils allaient divorcer.
Ils nous demandaient de choisir avec lequel nous voulions vivre.
Le désespoir et la tristesse sont entrés dans ma vie comme un brouillard.
Il m’est même arrivé de penser au suicide.


Ma théorie des « relations premières »
J’ai survécu à cette enfance troublée.
Certains diraient même que j’ai réussi dans la vie: j’ai obtenu le baccalauréat et une licence avec mention.
Cependant les effets de mon passé m’ont suivi.
Je souffrais en particulier d’une colère profonde et d’amertume envers mon père. 
Cette colère n’a pas seulement créé une barrière entre mon père et moi, elle a aussi affecté mes autres relations.
Cet effet que j’ai fini par appeler ‘la théorie des relations primaires’ est une théorie intuitive.
Je n’ai aucune preuve scientifique.
Elle consiste en ceci: lorsque un problème important au sein de la famille n’est pas traité, il affectera toutes les autres relations avec autrui.
Je n’oublierai jamais une conversation avec un colocataire à l’université de Colorado où je suivais un cours de deux semaines. Il posait beaucoup de questions et le sujet de la famille a été abordé, en particulier mes relations avec mon père.
Il m’a dit ‘Mike, tu dois aimer ton père’.
Je savais que je ne l’aimais pas et je ne pensais pas pouvoir le faire.
Tout au plus, ma colère était mêlée à de la pitié.
 
Tendre la main à mon père
Des mois plus tard, j’ai regardé mon père dans les yeux et je lui ai dit ‘je t’aime’. Il a pleuré.
C’était le début du travail de reconstruction de notre relation.
Je ne suis pas certain que mon père a compris à quel point ses actions m’ont affecté, mais je sais comment mes actions l’ont affecté. J’ai choisi de lui donner de l’amour.
A la fête des pères, je lui ai écrit une longue lettre lui disant les bonnes choses qu’il avait faites en tant que père.
Je n’ai jamais eu de réponse de sa part, mais ma mère m’a répondu: ‘Ton père a reçu ta lettre. Il s’est assis dans son fauteuil, il l’a lue et a pleuré. Je pense que c’est ce dont il avait besoin’.
J’avais eu peur qu’elle se sente trahie si j’étais gentil avec la personne qui avait causé tant de peines dans sa vie, mais ça ne semblait pas être le cas.
En quelque sorte, m’occuper de ma relation avec mon père m’a rendu libre et m’a permis d’améliorer mes relations avec autrui. Alors que mon père arrivait à la fin de sa vie, j’ai eu la satisfaction de savoir que nous n’avions plus de problèmes. J’avais dit et fait ce qu’il fallait, je n’avais donc pas de regrets. J’en suis reconnaissant.
 
Comprendre le pardon
Je suis certain que vous vous demandez comment je suis passé de la colère et de l’amertume à l’amour.
C’est seulement parce que j’ai reçu l’amour et le pardon que j’ai compris comment donner de l’amour et pardonner les autres. J’ai fait cette expérience lors d’un voyage vers une foi personnelle.
Tout a commencé lorsque ma sœur est allée à un groupe de jeunes.
Par son intermédiaire j’ai compris que Dieu m’aimait et qu’il avait envoyé Jésus-Christ pour mourir afin de démontrer cet amour.
La mort du Christ n’avait pas pour seul but de démontrer l’amour de Dieu, mais de procurer le pardon de mes péchés et la vie éternelle.
Dieu m’a fait la promesse de ne jamais me quitter à partir du moment où je l’ai accepté dans ma vie.
Alors que je comprenais l’amour et le pardon et que je faisais l’expérience de la présence de Dieu dans ma vie, il m’a semblé avoir de nouvelles ressources pour aimer et pardonner aux autres.
Un test significatif était ma relation avec mon père.
Si Dieu pouvait m’aimer et me pardonner, comment ne pouvais-je pas faire de même pour mon père ?
J’ai réalisé, avec cette relation et aussi avec les autres, qu’il existe un cercle de ‘relations primaires’ dans ma vie.
Elles sont significatives pour le meilleur et pour le pire.
La douleur et la souffrance dans ces relations peuvent vous suivre toute la vie comme un boulet, entraînant une tristesse multipliée.
Mais en apprenant à régler mes problèmes avec mon père, j’ai vu ce poids transformé en une trousse d’outils me permettant de jouir d’une meilleure santé et de meilleures relations avec les autres.
 

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