Not Bouddah

Pour nous aider à comprendre à quel point il est facile de suivre le Bouddha, tout en croyant que nous obéissons au Christ, je pense qu'il serait utile de résumer l'enseignement de Bouddha.
Gautama Siddhartha était le fils d'un roi très fortuné, un prince que son père préparait à régner éventuellement, en le protégeant de tout ce qui était laid. Contre la volonté de son père, le jeune prince a décidé de s'aventurer hors des murs du palais pour découvrir ce qui s'y trouvait. Il a a lors aperçu quatre spectacles affligeants qui l'ont indisposé : un homme malade, un vieillard, un homme mort et un homme en recherche qui aspirait à résoudre le mystère de la souffrance.
Ces spectacles l'ont profondément troublé, si bien qu'il a décidé de vivre le reste de sa vie en se donnant pour mission de comprendre la souffrance, d'en élucider le mystère et d'en découvrir la solution.
Un jour, après avoir longtemps réfléchi au problème, il s'est levé de sous l'arbre sacré, son lieu de méditation et a annoncé : "je suis le Bouddha." c'est à dire celui qui est éveillé. Son expérience d'éveil consistait en quatre principes fondateurs du bouddhisme.

1er principe : La vie est faite de souffrance. Il y aura toujours dans la vie de tout individu un écart entre le désir et la réalité. Cet écart c'est la douleur.

2eme principe : La cause ultime de toute souffrance est le désir. Les gens souffrent parce qu'ils désirent ce dont ils ne font pas l'expérience. Il n'est pas possible d'avoir tout ce que nous désirons. C'est pourquoi, dès que nous désirons, nous commençons à souffrir.

3eme principe : Le moyen de mettre un terme à la souffrance, c'est de cesser de désirer. Lorsque vous ne désirez rien, rien ne peut alors vous déranger. Une personne sans rêves ne connaitra jamais la douleur de voir ses rêves voler en éclats.

4eme principe : Consacrez votre vie à éliminer tout désir. La voie du Bouddha vous apprendra comment.

Jésus, quant à lui, nous appelle à suivre un tout autre chemin. Lorsqu'il exhorte ses disciples à ne pas se laisser troubler, il ne nous invite pas à neutraliser tout désir. Bien au contraire. Son enseignement pourrait être résumé de la manière suivante : 

Vérité 1 : La vie est faite de souffrance, mais la vie est une chose excellente. Dans ce monde, ses disciples et tous les autres également, doivent faire face à des tribulations. Toutefois, Jésus a créé le moyen par lequel il nous est possible de satisfaire notre désir le plus profond au milieu même de la souffrance non résolue.

Vérité 2 : La cause ultime de toute souffrance est la séparation. Nous sommes séparés de Dieu - ainsi que de notre désir le plus profond, notre faim et notre soif de Dieu - et nous avons par conséquent tendance à errer, en nous efforçant de trouver la joie ailleurs qu'en lui. Cela nous porte à nous lancer dans toutes sortes de directions possibles. Mais rien d'autre que Dieu ne peut satisfaire pleinement notre désir le plus profond.

Vérité 3 : Le moyen de gérer la souffrance, c'est de découvrir notre faim et soif de Dieu. Tout concourt alors au processus rédempteur, tant le bien que le mal, et nous rapproche du Dieu vers lequel nous sommes attirés. Laissez monter la soif. Ressentez la douleur qu'elle engendre, la pire des souffrances qui tourmente votre cœur. Reconnaissez à quel point vous causez du tort à autrui, à votre partenaire, à vos enfants, à vos amis. Reconnaissez également à quel point vous êtes déçu en retour. Tôt ou tard, vous ferez appel à Dieu pour :

1. Son pardon en ce qui concerne votre manque d'amour
2. L'affection des autres à laquelle vous aspirez
3. La puissance qui vous rend capable d'aimer les autres
4. l'espérance qu'un jour vous vous délecterez dans l'amour librement offert et reçu au sein d'une communauté parfaite de saints attentionnés.

 Vérité 4 : La nouvelle vie qui nous est offerte en Jésus Christ doit être reçue comme un don d'amour. Nous passons alors le reste de notre vie à découvrir notre désir de mieux connaitre Dieu, et nous parvenons peu à peu à la conviction que c'est un désir dont aucun rêve ne peut gâcher la réalisation.

Lorsque vous souffrez, souffrez. Vivez pleinement votre douleur en présence de Dieu. Confiez ouvertement votre souffrance aux qiuelques personnes sûres qui vous sont proches. Accueillez votre douleur. Considérez le brisement qu'elle engendre comme une opportunité unique, l'occasion de découvrir un désir qu'aucune épreuve ne pourra jamais éliminer et qui ne se révèle que dans le brisement.
Rappelez vous ce qu'est le brisement. C'est la prise de conscience que vous aspirez à être ce que vous n'êtes pas et ne pouvez devenir sans l'assistance divine. Il ne faut pas faire semblant devant Dieu, ni se mentir à soi-même, ni faire semblant devant vos proches, de ressentir ce que vous ne ressentez pas encore ou pas vraiment, que vous êtes quelqu'un que vous n'êtes pas en réalité. 
Il nous faut ressentir la déception comme une douleur qui transperce l'âme, qu'il s'agisse de la déception liée à une piètre qualité de l'amour que nous avons reçu ou de l'amour que nous avons donné. Toutefois, lorsque nous ne connaissons rien d'autre que la douleur, la solitude et le désespoir, nous pouvons en conclure avec certitude que nous n'avons pas encore atteint les profondeurs de notre âme. Sous nos émotions négatives se trouve un désir pour Dieu qui peut être satisfait dans une très riche mesure, dès maintenant.
Que votre coeur ne se trouble pas. Au beau milieu de vos rêves brisés, vous allez découvrir un désir que le Christ s'est engagé à satisfaire. Inutile de vous efforcer d'en hâter l'expérience. Le désir fera surface, tout comme l'eau d'une source qui jaillit, sans qu'il soit possible de la contenir.
Une fois ce désir découvert, nous nous ouvrons à un nouveau monde de passion, un univers tranquille, où l'intensité des désirs ne trouble jamais le repos. La prière et l'adoration deviennent alors nos habitudes préférées. Le nouveau monde dans lequel nous marchons est celui où la Trinité est présente, cette communauté divine infiniment passionnée. Nous commençons à ressentir l'appel irrésistible de nous joindre à cette communauté, d'occuper notre place dans les lieux célestes, là où une communauté d'amour promet de satisfaire les désirs les plus profonds de notre âme.
Pour Bouddha, la réponse à la souffrance est d'éliminer tout désir, d'éteindre la passion et de parachever notre complet isolement dans l'union avec le néant. C'est pousser loin l'hérésie d'appeler cela la paix !
Pour Jésus, la réponse à la souffrance est de souffrir intensément, d'affronter votre douleur à l'aide de la prière, des écritures et de vos frères et soeurs en la foi pour aller retrouver la présence de Dieu.
Chercher son plaisir hors de Dieu c'est sombrer dans la préoccupation de soi. Quelle tragédie lorsque les gens insensibilisent leur âme contre la douleur, car ils ne découvrent jamais leur faim et soif de Dieu ! Seuls les gens désespérés découvrent ce désir ultime. Les gens heureux ne le découvrent jamais.
Si nous percevons clairement l'écart qui existe entre le désir et la réalité, si nous rejetons la voie de Bouddha, nous allons alors découvrir que la moisson est arrivée. L'espérance qui est restée cachée tout au long de la longue nuuit va finir par se manifester. Si nous consentons à entrer dans notre sombre nuit et refusons de faire semblant que nous voyons la lumière, nous verrons bientôt le plan éternel de Dieu se déployer dans notre vie.
Les rêves qui ont volé en éclats sont un prélude à la vraie joie ! Lorsque nous souffrons terriblement, Dieu travaille en vue de cette joie. Souvent au cours du processus, il œuvre en nous d'une manière que nous ne comprenons pas, mais il œuvre, soyez en certains ! 

Larry Crabb