jeudi 20 décembre 2018

Les adulescents


La catégorie des adulescents désigne aujourd’hui des jeunes qui, entre 24 ans et le début de la trentaine, cherchent à devenir psychologiquement autonomes, c'est à dire qui recherchent la confiance en eux-mêmes, le besoin de lutter contre le doute face à l’existence et de lever des inhibitions à l’idée de s’engager affectivement.

Ils sollicitent parfois l’assistance de leurs parents tout en ressentant une gêne à leur égard.
Malgré une vie professionnelle, 65% des jeunes européens de 25-35 ans continuent d’habiter chez leurs parents. D’autres, qui ont déménagé, en restent dépendants. Ils ont besoin d’être soutenus dans ce qui leur apparaît être une épreuve du réel, afin de s’accepter et de se mettre en œuvre dans la réalité.



Ces post-adolescents cherchent à intégrer et à réécrire psychologiquement ce qu’ils ont vécu et découvert au cours de la puberté (11-18 ans) et de l’adolescence (18-24 ans, la personne se redéfinit en continuité ou en opposition avec son identité sexuée, familiale et culturelle). 
La post-adolescence est surtout marquée par la nécessité de consolider la qualité de soi-même, afin d’être soi-même. 
 
Pour y parvenir, le sujet est placé devant le choix de s’accepter et d’opérer des séparations salutaires en s’appuyant sur sa propre vie psychique et en étant libéré des fuites et évitements des peurs parentales et sociales. 
Autrement dit, il entre dans ce processus quand il est capable de faire appel à ses ressources internes, d’avoir confiance en lui et de savoir être en sécurité avec lui-même. 

Dans une société qui entretient le doute et le cynisme, la peur et l’impuissance, l’immaturité et l’infantilisme, des jeunes ont tendance à se maintenir dans des modes de gratification primaires. 
Ils ont du mal à devenir matures car la maturité définit habituellement la personnalité qui a achevé la mise en place des fonctions de base de la vie psychique et qui est capable de différencier sa vie interne du monde extérieur. 

De nombreux jeunes qui se maintiennent dans une psychologie fusionnelle peinent à effectuer cette opération de différenciation. 
Ce qui est ressenti et imaginé se substitue souvent aux faits et à la réalité du monde extérieur. 
Le phénomène est amplifié et nourri par la psychologie médiatique, qui innerve les esprits actuels et l’univers virtuel que développent les jeux vidéo et l’Internet.

Dans le milieu des années 1970, Tony Anatrella (prêtre et psychologue) a créé la notion d’adulescents pour désigner un phénomène qui s’affirmait depuis les années 1960. 
Ce concept d’adulescent est une contraction des mots adulte et adolescent.
Il exprime, d’une part, des adultes qui s’identifient aux adolescents pour vivre ; d’autre part, des jeunes qui ne parviennent pas à renoncer aux hésitations de l’adolescence pour accéder à un autre âge de la vie.
Depuis le milieu du xxe siècle, le processus d’identification a été inversé lorsque le discours social a prescrit aux adultes de s’identifier aux adolescents, dévalorisant auprès de ces derniers toute identification aux adultes et aux références fondatrices de la société. 
Tout devait se créer à partir de la jeunesse au nom d’un célèbre slogan, néanmoins déréel et dépressif : « Il faut changer la vie ! »  avec l’idée qu’il fallait rester jeune, qu’il ne fallait pas grandir et encore moins devenir adulte. 
Cette conception semble être devenue caduque ; pourtant, ses effets continuent d’agir sur les représentations sociales et les psychologies. 
Quoi qu’on en pense, les normes de l’adolescence ont envahi la vie sociale. 

La liste suivante, non exhaustive, est éloquente en ce sens : 
La subjectivité est dominante, l’émotionnel se substitue au rationnel, l’imaginaire devient plus important que le réel, une vision ludique et médiatique de la vie professionnelle s’affirme, la relation  aux êtres et aux choses est devenue fusionnelle, il y a une suprématie du couple juvénile et la rupture comme mode de traitement des crises relationnelles prévaut, on observe de moins en moins de résistance face aux frustrations inhérentes à l’existence, une ambivalence à l’égard des lois, un rapport au temps éphémère, et une inhibition à s’engager, narcissisme expansif, etc.
C’est aussi pour cette raison que cette génération est parfois appelée adolescentrique.

Nous sommes dans une ambiance vraiment paradoxale : d’une part, on prétend rendre autonomes le plus tôt possible les enfants, dès la crèche et l’école maternelle et en même temps, on observe des adolescents, et surtout des post-adolescents, qui ont du mal à devenir adultes !

Le monde des adultes pense les rendre autonomes dès l’enfance en les considérant libres dans leurs désirs, face aux contraintes de l’existence et pour disposer à leur guise des codes sociaux et des lois morales. 
La confusion entre une liberté inconditionnelle laissée à l’enfant, sans avoir le souci de l’éduquer au sens de celle-ci, et son autonomie psychique risque de compliquer les choses. 

Nous sommes dans une société qui entretient l’immaturité. 
Les adulescents sont le résultat d’une éducation et d’une relation affective qui les maintiennent dans les gratifications primaires de l’enfance. 
L’éducation contemporaine fabrique des sujets collés à l’objet et qui sont, même s’ils s’en défendent, des êtres dépendants. 
Pendant l’enfance, leurs désirs et leurs attentes ont été tellement sollicités au détriment des réalités extérieures et des exigences objectives, qu’ils finissent par croire que tout est malléable en fonction de leurs seuls intérêts subjectifs. 
Puis, dès le début de l’adolescence, faute de ressources suffisantes et d’étayage interne, ils cherchent à développer des relations de dépendance dans des relations de groupe ou de couple. 
Ils passent de l’attachement aux parents à l’attachement sentimental en demeurant dans la même économie affective.

En France, en 2011, la situation des jeunes n’est pas brillante. En 2009, la France comptait 8, 18 millions de jeunes de 16 à 25 ans, représentant 12,7% de la population.
L’augmentation de leur autonomie, et en particulier celle des femmes, se heurte à l’allongement des études et au chômage des jeunes.
Trois ans après leur sortie, 11% des diplômes de l’enseignement supérieur sont au chômage.
Un cinquième des jeunes de 16-25 ans vit en dessous du seuil de pauvreté.
 (20,2% contre 13% de l’ensemble de la population).
Dans ce contexte, si un quart des jeunes des années 50 accédaient à l’ensemble des attributs de l’indépendance avant 22 ans, cette proportion a décru pour ne concerner que 8% des générations nées au début des années 70.
Pas étonnant donc que 91,5% des jeunes de 20 ans et 63% des jeunes de 16 à 25 ans vivent chez leurs parents, contre 18% qui ont constitué une famille et 13% qui vivent seuls.
Les femmes diplômées font leur premier enfant à 30 ans, contre 25 ans pour celles qui n’ont aucun diplôme. 
Si, depuis 10 ans, toutes les femmes font des enfants de plus en plus tard, il faut noter que l’âge moyen au premier enfant a reculé de 13 mois entre 2000 et 2008 chez les non diplômés. Ces femmes se mettent en couple plus tôt, avec un premier enfant plus tôt, se retrouvent souvent en situation monoparentale plus jeune et se remettent régulièrement en couple après, en refaisant éventuellement un autre enfant.

L’éducation, dans son légitime souci de veiller à la qualité relationnelle avec l’enfant, a été trop centrée sur le bien-être affectif, parfois au détriment des réalités, des savoirs, des codes culturels et des valeurs morales, n’aidant pas les jeunes à se constituer intérieurement. 
Ils sont davantage dans une expansion narcissique que dans un véritable développement personnel ; ce qui donne souvent des personnalités certes sympathiques, mais aussi parfois superficielles, et qui n’ont pas toujours le sens des limites et des réalités. 
Ces jeunes se mettent en quête de relations et de situations qui leur rappellent la relation qu’ils ont vécue avec leurs parents et des adultes qui ont tout fait pour leur éviter de manquer de quoi que ce soit. 
Ils ont ainsi du mal à se différencier et à se détacher de leurs premiers objets pour faire leur vie. Grandir implique de se séparer psychologiquement, de quitter son enfance et son adolescence ; mais, pour beaucoup, cette séparation est difficile parce que les espaces psychiques entre parents et enfants sont confondus.
Ils sont classés comme un adulte parce qu'ils en ont l'âge, mais ils ne se reconnaissent pas comme tels et ne se sentent pas concernés par le monde des adultes. Ils ont du mal à s’approprier cette dimension. Pour eux, les adultes, ce sont leurs parents. Ils sont en contradiction avec eux-mêmes : intérieurement, ils se voient à la fois comme un enfant ou un adolescent, avec des angoisses terribles ; et, en même temps, à l’extérieur, ils sont déjà adultes et considérés comme tels dans leur travail.
En magnifiant l’enfance et l’adolescence, la société laisse en effet entendre qu’il n’y a pas de plaisir à grandir et à exister comme adulte. 
Dans ce cas, il est difficile de se libérer des modes de gratification de l’enfance afin d’accéder à des satisfactions supérieures.

L’allongement de la vie.
L’allongement de la vie laisse supposer que l’individu a le temps de se préparer et de s’engager dans l’existence. 
L’espérance de vie crée donc, plus que par le passé, les conditions objectives de la possibilité de rester jeune, entendu comme le temps de l’indécision, voire de l’indistinction entre soi, les autres et les réalités, ou encore de l’indifférenciation sexuelle, en croyant que la plupart des possibles restent toujours ouverts. 
Cette conception floue de l’existence, qui est inhérente à l’adolescence, est davantage préoccupante lorsqu’elle perdure chez les post-adolescents, incertains dans leurs motivations au point de ne pas avoir confiance en eux-mêmes. 
Certains en souffrent et craignent même une dépersonnalisation dans leurs relations aux autres. Beaucoup retardent les échéances et vivent dans le provisoire, en ne sachant pas s’ils vont pouvoir continuer ce qu’ils ont commencé dans les divers domaines de leur existence. 
D’autres encore vivent le temps de la jeunesse comme une fin en soi et comme un état qui dure.
Certains, qui ne tiennent pas particulièrement à devenir adultes ne vivent pas leur jeunesse comme une période préparatoire avant l’entrée dans la vie adulte, mais comme un temps ayant une valeur en soi. 
Par le passé, la période de la jeunesse se vivait plus en fonction de la vie à venir et d’une existence autonome. 
De nos jours, la jeunesse ainsi prolongée provoque une certaine indétermination dans les choix de vie. 
Certains préfèrent différer les choix décisifs, retarder l’entrée dans la vie adulte ou des engagements définitifs. 
Parce qu’ils ne s’interrogent pas sur leurs difficultés d’autonomie, ils ne se sentent pas obligés de faire des choix importants. 
Par ailleurs, une forte tendance à l’expérimentation s’observe dans de nombreux domaines de la vie. Ainsi des jeunes peuvent-ils très bien quitter leur famille, mais revenir s’y installer à la suite d’un échec ou d’une difficulté. 
La principale différence avec la plupart des générations précédentes (qui faisaient des choix précis avec des priorités) est la propension à vivre plusieurs aspects de la vie en même temps, parfois contradictoires, sans hiérarchiser ses propres besoins et valeurs. 
Certains jeunes sont très dépendants du besoin de faire des expériences parce qu’ils pensent, faute de transmissions, que l’on ne connaît rien de la vie ou que tout est à découvrir et à inventer. 
C’est pourquoi ils présentent souvent une identité floue, flexible à la multiplicité des sollicitations contemporaines, qu’elles soient régressives ou au contraire enrichissantes.

Les jeunes générations entrent de plus en plus tôt dans l’adolescence et en sortent tardivement.  L’un des paradoxes, et pas le moindre, de nos sociétés occidentales est, à la fois, de faire grandir trop vite les enfants, et en même temps de les encourager à rester le plus longtemps possible adolescents ! Les enfants eux-mêmes sont précipités dans des attitudes d’adolescents, alors qu’ils n’ont pas les compétences psychologiques pour assumer de tels comportements. 
Ils développent une précocité qui n’est pas source de maturité, en escamotant les tâches psychiques de l’enfance, ce qui peut les handicaper dans leur future autonomie. 
La multiplication des états dépressifs chez de nombreux jeunes en est un des symptômes. 
Les post-adolescents eux-mêmes se plaignent d’un manque d’étayage, et en particulier ceux qui, après de longues études, entrent avec leurs diplômes dans des entreprises et doivent exercer des responsabilités en ayant sous leurs ordres des personnes plus âgées. 
Sans le dire, bien sûr, ils éprouvent un malaise intérieur. 
Ils voudraient pouvoir s’appuyer pendant quelque temps sur l’expérience des aînés, alors que, parmi ceux-là, certains, qui ont l’âge de leurs parents, ne savent pas eux-mêmes se situer en adultes. 
C’est donc l’inverse qu’ils vivent, parfois jusqu’à l’épuisement dépressif. 
C’est ce que l’on observe chez de jeunes cadres de 26/35 ans qui craquent parce qu’il leur manque des images-guides de la vie d’adulte pour essayer de composer leur existence. 
Il leur manque aussi des images-guides d’un adulte engagé dans une activité professionnelle en rapport avec les réalités.

Le temps de la jeunesse a toujours été marqué par une certaine immaturité, ce n’est pas nouveau. 
Il fut un temps où elle pouvait être compensée par la société, qui se situait davantage dans le monde des adultes et incitait à grandir et à rejoindre les réalités de la vie (bien différentes de celles recomposées par les médias). 
Actuellement, au contraire, non seulement elle soutient moins, et c’est à chacun de se débrouiller, mais en plus elle laisse supposer que l’on peut se maintenir en permanence dans les états premiers de la vie sans avoir à les élaborer.

Nous avons assisté, depuis quelques années, à certains déplacements dans le remaniement de la personnalité juvénile. 
La plupart des adolescents vivent relativement bien le processus de la puberté et celui de l’adolescence proprement dite, sans éprouver, à quelques exceptions près, de réelles difficultés. 
En revanche, la situation des 22/30 ans est souvent plus délicate, subjectivement conflictuelle et travaillée par des intrigues psychiques que l’on observait et qui se traitaient auparavant dans la période précédente (18/22 ans). 
De la même façon, des préoccupations se sont inversées, depuis plus de trente ans, comme celle de l’attrait du couple juvénile qui peut se nouer plus tôt. 

Nous assistons en ce moment à une précocité de la maturité sexuelle des enfants.
Dès 9 ou 10 ans, les filles ont déjà conscience de leurs charmes.
Garçons et filles se connectent sur facebook et plus de la moitié d’entre eux a déjà vu des images pornographiques à onze ans.
A15 ans, 20% des jeunes filles ont déjà eu des relations sexuelles, souvent à l’âge de 13 ans.
La mode des sex-friends, des relations que l’on choisit juste pour faire l’amour, avec un code excluant tout sentiment avec eux, est de plus en plus répandue.
En fait, avec l’acceptation de plus en plus courante de l’homosexualité, il semble bien qu’une révolution sexuelle se profile, avec une recherche des petits et des grands plaisirs, sans exclure le grand amour mais en voulant tout…

La confirmation de soi-même
Si l'affirmation de soi est remise en cause le sujet se sent fragilisé et très sensible à ce qui est inauthentique en lui. 
Son exigence de renouvellement va s’étendre aux autres et à ses choix de vie. 
Il arrive que les relations avec les parents deviennent plus agressives que durant l’adolescence, et il n’est pas rare que des choix soient faits en représailles contre eux. 
Les questions liées à la puberté et le type de comportement qu’elle implique peuvent aussi se manifester davantage après son déclenchement. 
Ainsi, des pubertaires et des adolescents donnent l’impression d’être à l’aise face à leurs transformations et adoptent des comportements et des pratiques qui laissent supposer une certaine maturité et aisance à s’affirmer, mais, quelques années après, lors de la post-adolescence, cet édifice semble se défaire, entraînant des régressions affectives, sociales et intellectuelles. 
Autrement dit, chez de nombreux jeunes, l’essentiel de la problématique de l’adolescence est en train de se déplacer dans la post-adolescence, s’ajoutant aux différentes tâches psychiques de cette période.
Ceci peut susciter et réactiver des angoisses et des inhibitions liées au complexe de castration, avec, par exemple, un sentiment d’impuissance, qui se traduit par la crainte de ne pas pouvoir accéder aux réalités et, de ce fait, de s’auto-agresser ou d’agresser les figures parentales étendues au monde des adultes. 
Ce qui peut également favoriser une attitude anti-institutionnelle ou anti-sociale, mais aussi poser le problème de la capacité à s’évaluer (lié à l’estime ou à la dévalorisation de soi), du besoin d’être reconnu par ses parents, en particulier par son père. 
Le sujet peut aussi être encore très centré sur lui-même, alors que la réalité extérieure, parfois peu ou mal intériorisée, sera évitée ; l’épreuve du réel est redoutée. 
Mais lorsqu’il se heurte aux limites du réel, il risque de décompenser et de flâner avec des idées dépressives sans pouvoir s’identifier à des objets d’intérêt ou d’amour. 

La maturité temporelle. 
Le post-adolescent est souvent engagé dans une tâche psychique qui va lui permettre d’accéder à la maturité temporelle. 
Mais elle se présente aussi, entre 24/30 ans, comme une difficulté. 
Parfois, au lieu de conjuguer leur existence en associant le passé, le présent et l’avenir, certains la vivent dans un immédiat qui dure. 
Ils vont ainsi d’instant en instant, jusqu’au moment où ils se poseront la question du lien de cohérence entre tout ce qu’ils vivent, à moins qu’ils ne s’organisent autour de clivages qui ne les aideront pas à s’unifier. 
Le rapport au temps est, entre autres, dépendant de la façon dont le sujet parvient à coordonner ses pulsions.
Un éclatement pulsionnel qui s’observe dans la société à travers le langage, la musique, la représentation du corps et de la sexualité morcelée, qui reste soumise à l’économie des pulsions partielles (comme, par exemple, le voyeurisme et l’expression sexuelle insignifiante des relations précaires, le porno chic ou les agressions sexuelles entre mineurs) et réduite aux tendances qui sont dans l’incohérence de l’identité sexuelle — comme en témoigne l’homosexualité.

L’immaturité temporelle ne permet pas toujours de se projeter dans l’avenir. 
Celui-ci peut angoisser des post-adolescents, non pas à cause d’une incertitude sociale et économique, mais parce que, psychologiquement, ils ne savent pas anticiper et évaluer des projets et la conséquence de leurs faits et gestes, car ils vivent uniquement au présent. 
Lorsque certains post-adolescents n’ont pas encore accédé à la maturité temporelle, ils ont du mal à développer une conscience historique. 
Ils ne savent pas, ou ils redoutent, d’inscrire leur existence dans la durée, et donc d’avoir le sens de l’engagement dans bien des domaines. 
Ils vivent plus facilement dans l’événementiel et l’intensité d’une situation ponctuelle que dans la constance et la continuité d’une vie qui s’élabore dans le temps. 
Le quotidien apparaît comme un temps d’attente pour vivre des moments exceptionnels, au lieu d’être l’espace du tissage de l’engagement de son existence.

La crise de l’intériorité.
De très nombreux jeunes ont du mal à occuper leur vie psychologique et leur espace intérieur. 
Ils peuvent ressentir un malaise à éprouver diverses sensations qu’ils ne savent pas identifier à l’intérieur d’eux-mêmes, ou, au contraire, les rechercher en dehors des relations et des activités humaines. 
Ce phénomène, qui peut se prolonger, est inhérent à l’adolescence, puisqu’il dépend du réaménagement de la représentation de soi lors de la puberté.
Nous rencontrons de plus en plus de personnalités impulsives, toujours dans l’agir, réalisant difficilement que, dans le meilleur des cas, l’action doit être reprise et médiatisée par la réflexion. Mais, parce qu’ils ne disposent pas de ressources internes et culturelles, ni d’un réel fonctionnement mental, ces jeunes se plaignent souvent d’un manque de concentration et d’avoir du mal à travailler intellectuellement sur une longue période. 
Ils témoignent d’une pauvreté de leur intériorité et des échanges intrapsychiques ; la réflexion les inquiète. 
Les confronter à des interrogations ou les mettre face à certains problèmes qui doivent être traités les désespère. 
Ils préfèrent se réfugier dans l’agir et utilisent de façon répétitive le passage à l’acte, non pour rechercher un quelconque plaisir, mais comme une décharge de toute tension intérieure et pour revenir au niveau zéro, afin de ne plus rien ressentir de leurs tensions internes. 
De cette façon ils évacuent, non seulement ce qui se passe en eux, mais aussi le fonctionnement interne lui-même.
La carence de l’intériorité favorise des psychologies plus anxiogènes et plus promptes à répondre aux états premiers de la pulsion, que de s’engager dans un façonnage intérieur.
Mais la grande majorité d’entre eux, s’ils cherchent des ancrages dans leur existence pour se nourrir intérieurement, le font davantage à partir de ce qu’ils perçoivent subjectivement qu’en s’inspirant de la bible et de la morale dont ils demeurent relativement distants. 
Ils sont dans une pensée narcissique qui répond à la mode du tout psychologique qui domine actuellement. 
En revanche, quand ils découvrent la richesse de textes bibliques et des événements fondateurs du sens de la personne humaine, ils se demandent pourquoi leurs éducateurs ont omis de les initier.
Les post-adolescents aspirent à entrer dans la vie. 
Malgré un certain déracinement culturel, religieux et moral, ils cherchent à trouver des voies de passage, un chemin, car ils se sont souvent faits tout seuls, dans un narcissisme envahissant et l’inconstance. 

Une vision temporelle réduite aux envies du moment, à l’événementiel, et une intériorité restreinte aux résonances psychiques les confinent dans l’individualisme. 
C’est pourquoi certains sont angoissés par l’engagement et la relation institutionnelle, tout en souhaitant se marier et fonder une famille. 
Ils préfèrent entretenir des amitiés intimistes et ludiques, mais qui restent un en-deçà du lien social. 
Les adulescents sont le résultat d’une éducation centrée sur l’affectif, les plaisirs immédiats et la rupture des parents à travers le divorce — qui est, entre autres, à l’origine, dans les représentations sociales, de l’insécurité affective, du doute de soi face à l’autre et du sens de l’engagement. 

L’adulescence n’est pas une fatalité. 
Il est possible de promouvoir une éducation plus réaliste, qui n’enferme pas dans les objets mentaux et le narcissisme de l’adolescence, mais qui développe l’intérêt de devenir adulte.


Comprendre et accompagner les adolescents de K. Huggins
Table des matières :
  • Préface du Dr Larry Crabb
  • Introduction
Première partie : la sagesse
Ce que tout parent d’adolescent devrait savoir
  1. Comprendre les points de ressemblance entre les parents et leurs adolescents
  2. Comment l’adolescent voit le monde
  3. Comment les parents voient les adolescents
Deuxième partie : la maturité
Ce que doit être le parent d’un adolescent
  1. Comment l’adulte choisit le type de parent qu’il veut être
  2. Comment l’adolescent choisit le type de personne qu’il veut être
  3. Ce que doit faire le parent lorsqu’il n’apprécie pas ce que devient son adolescent
Troisième partie : la compétence
Ce qu’un parent d’adolescent doit faire
  1. Développer avec l’adolescent un type de relation capable de désamorcer les conflits
  2. Comprendre le comportement de l’adolescent
  3. Comment répondre aux désirs profonts de l’adolescent
  4. Comment réagir aux intentions du cœur de l’adolescent
  • Postface du Dr Larry Crabb

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