1 Pierre 4.7 « La fin de toutes choses est proche. Menez donc une vie équilibrée et ne vous laissez pas distraire, afin d’être disponibles pour prier. »
L’épître de Pierre s’adresse aux élus qui vivaient en étrangers dans la dispersion au milieu des provinces d’Asie.
Le but de son épître (qui était probablement une lettre circulaire) était d’encourager les chrétiens confrontés à la persécution grandissante au sein de l’empire et qui allait prendre une ampleur considérable à la suite du grand incendie de Rome en 64.
Néron que l’on soupçonnait d’être l’auteur de cette catastrophe, afin de reconstruire sa ville et des palais à son goût, accusa les chrétiens pour apaiser les rumeurs grandissantes. Sur ordre de l’empereur Néron, environ 200 chrétiens furent livrés aux bêtes dans les arènes et mis à mort. Certains furent transformés en torches vivantes ! La tradition chrétienne rattacha la mort en martyr de l’apôtre Pierre à cette même période.
Suétone (vers 121) mentionna cette persécution au milieu d’une liste de mesures prises par Néron écrivant: « on livra aux supplices les chrétiens, sorte de gens adonnés à une superstition nouvelle et dangereuse. »
Fort des informations du contexte historique dans lequel l’apôtre se trouvait à la rédaction de son épître, il n’est pas étonnant d’y lire « La fin de toutes choses est proche. Menez donc une vie équilibrée et ne vous laissez pas distraire, afin d’être disponibles pour prier. »
Nous découvrons dans les épîtres combien les apôtres remplissaient leur mission qui consistait à encourager les croyants à persévérer dans la prière. Ils ne prêchaient pas un message édulcoré mais en phase avec la réalité dans laquelle ils se trouvaient.
Pierre écrira dans 1 Pierre 4.1 « Ainsi donc, puisque le Christ a souffert dans son corps, armez-vous aussi de la même pensée. En effet, celui qui a souffert dans son corps a rompu avec le péché afin de ne plus vivre, le temps qui lui reste à passer dans son corps, selon les passions humaines, mais selon la volonté de Dieu. »
L’église s’avançait en direction de jours sombres et difficiles et les serviteurs de Dieu ressentaient sur leurs épaules le poids d’une réalité qui prenait place.
Il fallait préparer l’église à ce qui arrivait et recentrer impérativement les chrétiens sur les bonnes préoccupations.
C’est pourquoi l’apôtre Pierre annonçant une fin toute proche, qui n’était pas directement une annonce eschatologique comme nous pourrions le penser, mais plutôt une prophétie pour préparer ses contemporains aux événements qui arrivaient.
Cependant, à nous qui arrivons à la consommation des siècles et qui ressentons à notre tour le poids d’une réalité qui prend place, il est bon d’observer quelle fut l’attitude des chrétiens tandis que la persécution planait sur leur vie.
Réunir les églises, les chrétiens pour la prière, comme nous le faisons ce soir, est sans conteste une bonne chose.
Qui peut dire que prier n’est pas bon….ou que prier est inutile? Personne….!
Qui peut dire que la prière unie n’est pas nécessaire..?
AT Pierson « Il n’y a jamais eu un réveil spirituel dans un pays ou d’une localité qui n’a pas commencé par une prière unie. »Mais pour cela, il faut que la prière soit un moyen concret et puissant de nous préparer à l’avenir en donnant du sens à notre présent.
La prière n’a pas comme objectif de jeter un regard nostalgique en arrière à la recherche des bonnes choses du passé comme si tout était mieux avant.
Si tant est qu’elle regarde vers le passé, ce n’est que pour s’imprégner de l’attitude et de l’exemple de nos aînés qui l’utilisaient comme une arme puissante qu’il convient d’apprendre à manier avant même de combattre, afin de pouvoir affronter notre quotidien et l’avenir qui se présente à nous.
Car, lorsque les combats font rage, il n’est plus temps d’apprendre à utiliser son arme mais plutôt de restituer le fruit, la technique, le savoir-faire et les savoir-être découlant des longs apprentissages que nécessite l’art du combat spirituel.
A ce propos, la parabole des vierges folles et des vierges sages de Matthieu 25, qui à mon sens, définit l’état d’Israël face à la venue du Messie, est là aussi pour nous rappeler combien nous devons toujours être prêts et ne pas attendre le dernier moment pour réagir.
A ce titre la prière est le meilleur moyen de préparer l’avenir. De se préparer aussi à l’avenir.
C’est précisément ce que visait l’Apôtre Pierre dans le verset qui nous intéresse ce soir.
Gardons présent à l’esprit que la prière n’est pas juste une pratique ou pire une attitude à avoir quand plus rien ne va. Tant de problèmes auraient pu être évités si la prière n’avait pas été négligée.
Devant la nécessité de prier lorsque l’on est chrétien, nous enseignons biens souvent les rudiments de la prière en termes techniques et en définissant les différentes composantes de la prière ou plus exactement ce qu’elle doit contenir, renfermer.
Nous sommes d’ailleurs devenus des experts du contenu de la prière…!
Et, nous pouvons sans beaucoup de mal, définir l’ensemble les points précis que doit contenir une prière, une prière Pentecôtiste qui plus est.
Mais mon objectif n’est donc pas de rajouter à notre savoir-faire en matière de contenu dans la prière.
Aussi, vous devinez que le choix du verset de 1 Pierre 4.7, nous attire plus à nous focaliser sur la dimension du contour de la prière que de la définition de ce qu’est la prière.
Ou, pour être plus précis sur le « prieur » ou la « prieuse » (si vous me permettez l’utilisation de ces termes…).
Car c’est bien à celui qui prie, que l’apôtre Pierre s’adresse, dans son épître.
L’apôtre parle d’une certaine disponibilité pour prier comme le traduit la version de la Bible du Semeur.
D’autres versions comme celle de Louis Segond traduit par « vaquer à la prière » et le terme grec utilisé pour « vaquer » est « nepho ».
Ce mot ne parle pas d’une disponibilité en matière de temps, d’une occupation, mais d’une disponibilité de cœur en ce sens que la prière réclame, au-delà de la foi et des besoins, que celui qui prie réponde à des critères précis.
Ce mot « nepho » (à mon sens mal traduit par Louis Segond) signifie: être sobre (c’est à dire mesuré & modéré), être calme et concentré en esprit.
Il parle aussi d’impartialité (sans parti-pris) et de circonspection (qui est une retenue prudente dans ses paroles ou dans ses actions).
Pierre enseigne les croyants, non seulement sur la nécessité qu’il y a à prier, mais plus encore, l’importance qu’il y a à s’occuper du cœur de celui qui prie.
Pour Pierre, l’instrument de la prière revêt donc une importance capitale.
AW PINK « La prière n’est pas tant un acte qu’une attitude – une attitude de dépendance, de dépendance à Dieu. »
Pour Pierre, la prière n’est pas un exutoire destiné à relâcher les pressions générées par nos craintes, nos peurs, ou par l’urgence de nos besoins.
La prière n’est pas une thérapie mais l’expression de notre véritable spiritualité, d’une conduite de l’Esprit, du résultat de l’action de Dieu en nous.
La prière n’est pas non plus la recherche d’une orientation partiale poussée par nos sentiments de favoritismes. Selon l’apôtre Pierre, elle doit s’exercer dans la retenue: comme l’archer qui retient son souffle pour viser juste et atteindre le cœur de sa cible.
Si pour beaucoup, la prière peut signifier lâcher la bride, pour l’apôtre c’est précisément le contraire : pour lui la prière réclame le contrôle de soi, de la maitrise.
Tout cela nous parle aussi de confiance en Dieu, de foi et du fait de ne pas céder à la panique, à la pression, à la précipitation.
Pierre enseigne donc la sobriété, la mesure et la modération comme des prérequis à la prière.
Et, tout cela réclame, bien évidemment, un certain contrôle dont le but est d’éviter d’un côté les débordements charnels qui parfois s’expriment dans la prière et de l’autre d’orienter le prieur et ses prières dans la bonne direction. (Tel l’archer, l’arc, la flèche et la cible qui doivent être alignés).
Vous est-il arrivé de prier sans viser la bonne cible…?
Vous est-il arrivé de prier sans y mettre votre cœur…?
Vous est-il arrivé de prier sans avoir des buts clairs…?
Comment pourrions-nous espérer l’exaucement si l’ensemble de ces choses ne sont pas réunies… si l’alignement n’est pas correct…?
Si nous vous me permettez de poursuivre un peu plus loin dans cette pensée, nous pouvons découvrir que Louis Segond traduit le verset de 1 Pierre 4.7 par:
« Soyez donc sages et sobres, pour vaquer à la prière. »
Si l’on devait redonner au texte, les sens grec des mots utilisés par son auteur, on écrirait:
« Soyez donc « sophroneo » = sain d’esprit ou dans votre bon sens, dans une réelle maîtrise de vous-même et une juste évaluation en vue de limiter vos passions, pour « nepho » à la prière » (être sobre = mesuré & modéré), calme et concentré, impartiale (sans parti-pris) et de circonspect (qui est une retenue prudente dans ses paroles ou dans ses actions).
En ces sens, la version Parole Vivante nous place dans une meilleure exégèse du texte lorsqu’elle dit « Soyez donc raisonnables: menez une vie ordonnée et sobre dans la maîtrise de soi, la vigilance et le recueillement nécessaires à la prière. »
Trop vaquent à la prière comme à une occupation découlant de la vie chrétienne, une pratique à faire, une réunion à assister, un commandement auquel nous devons répondre sans même prendre le temps de considérer l’état du cœur du prieur.
Aussi, il y a parfois des déséquilibres entre la vie de celui qui prie et ses propres prières.
EM Bounds « Notre prière pour être forte, doit être étayée par une vie sainte. La vie de foi perfectionne la prière de la foi. »Pouvons-nous réaliser et accepter que ce qui entrave le plus nos prières c’est nous-même..?!
Charles Spurgeon « Négliger la prière est le lieu de naissance de tous les maux. »On accuse parfois la flèche, souvent la cible mais rarement l’archer…!
La prière n’est pas le moyen d’obtenir ce que l’on veut mais ce que Dieu veut…!
Jacques 4.3 « Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions. »
Jacques nous dit clairement que nous devons voir dans la prière visant la satisfaction de nos passions quelque chose qui déplait profondément à Dieu car si tout est aligné (l’Archer, l’arc, la flèche et la cible) c’est uniquement pour viser un but charnel: car dans ces prières, la cible n’est pas la bonne…!
L’archer regarde toujours la cible avant de se positionner et il aligne tout le reste (lui-même, son arc et sa flèche.) sur sa cible.
Si votre cible n’est pas bonne, vous ne serez pas correctement aligné.
Et, si vous n’êtes pas correctement aligné, vous n’atteindrez jamais la cible de Dieu.
Dietrich Bonhoeffer « Si nous voulons prier correctement, peut-être est-il est nécessaire que nous prions contrairement à notre propre cœur. Ce n’est pas ce que nous voulons prier qui est important, mais ce que Dieu veut que nous priions. La richesse de la Parole de Dieu doit déterminer notre prière, pas la pauvreté de notre cœur. »En préparant ce partage je me documentais sur les exigences requises pour un archer:
- La maîtrise de soi
- La résistance au stress
- La concentration
- La régularité associée à la précision (persévérance = précision)
- La volonté
- L’équilibre physique et mental
- La rigueur (discipline)
- L’esprit d’équipe (dans l’antiquité les archers tiraient ensemble)
- La capacité d’adaptation (à l’environnement, aux intempéries…)
- La préparation du matériel qui doit toujours être réglé et entretenu
Si nous relisons notre verset de 1 Pierre 4.7″
« La fin de toutes choses est proche. Menez donc une vie équilibrée et ne vous laissez pas distraire, afin d’être disponibles pour prier. »
Nous comprenons mieux comment nous devons nous disposer maintenant pour prier ou quels progrès ou entrainement nous devons effectuer pour devenir des prieurs qui atteignent la cible.
Nous devons-nous préparer à l’avenir et pour cela la prière est indispensable.
Dans les combats antiques les archers devaient atteindre le plus de cibles possibles pour éliminer le plus d’assaillants avant qu’ils ne s’approchent et entre dans un combat corps à corps.
Les archers détruisaient l’ennemi alors qu’il était encore au loin…!
Pouvons-nous nous tourner, nous aligner et tirer des flèches de victoires vers notre avenir…? Vers les cibles que Dieu nous désigne..?!
Ainsi, il n’est pas étonnant de voir l’Apôtre Paul placer l’arme de la prière à la fin de sa liste d’écrivant l’armement du chrétien dans Ephésiens 6.18 « Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints. »
Pour lui comme pour Pierre, la prière était en quelque sorte comme un aboutissement de la vie chrétienne par le fait que la prière est précisément ce qui définit un véritable chrétien, une véritable chrétienne. Car seul un chrétien véritable peut réellement prier au sens biblique du terme c’est-à-dire prier par l’ESPRIT.
Il y a une grande différence entre le fait de lancer des flèches au hasard, à l’aveuglette ou sans but précis et viser une cible bien déterminée. C’est ainsi que l’intercession prend tout son sens puisqu’elle vient du grec « entugchano » (en-toong-khan’-o) qui veut dire : frapper le but en lançant une flèche et le mot « tugchano » a sa racine en « tikto » qui signifie enfanter ou porter du fruit…!
Les seuls versets du Nouveau Testament qui parlent d’intercession sont:
Romains 8.26-27 « De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables; et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. »
Romains 8.34 « Qui les condamnera? Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous! »
L’intercession a donc lieu dans les lieux célestes, c’est pourquoi un peuple attaché à la terre ne peut pas intercéder.
Les intercesseurs sont ceux qui prennent de la hauteur par l’Esprit et qui ont compris qu’ils sont assis en Christ dans les lieux célestes, dans un lieu de révélation, où ils ont accès à la salle du trône pour communiquer directement avec Dieu.
Nos sujets de prières avant d’être écrit dans nos cœurs doivent en premier lieu être écrits dans le cœur de Dieu.
Intercéder c’est tirer des flèches dans la cible que Dieu nous a montrée en étant assis en Christ dans les lieux célestes!
Aussi, je vous invite maintenant à intercéder en étant « nepho » calmes et concentrés en esprit.
Ce soir visons les cibles que Dieu désigne par son Esprit car notre avenir en dépend!
Message du Pasteur Xavier LAVIE lors de la rencontre de prières des églises de Marseille
le 14 Avril 2015 à à la Ciotat.
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