« La victoire de l’amour » de Philippe et Martha Kayser
L'amour
est capable de venir à bout de tous les obstacles. Philippe et Martha
en font l'expérience chaque jour depuis qu'ils se sont rencontrés, lui
l'infirme moteur cérébral, elle l'Irlandaise venue en France pour
travailler.
Philippe
naît à Alger, en 1952, de parents ayant une incompatibilité sanguine.
Or, non seulement on commet l'erreur de ne pas changer son sang, mais en
plus la couveuse dans laquelle on le place tombe en panne. Résultat :
Philippe sera infirme moteur cérébral (IMC) à vie et ne pourra jamais
totalement contrôler ses mouvements ni son élocution.
Philippe
raconte son combat pour atteindre la plus grande autonomie possible.
Jeune homme, deux rêves l'habitent: travailler et fonder une famille.
Malgré sa ténacité, le premier s'écroule après son BAC. Et il est à deux
doigts de croire que le second va s'effondrer lorsque celle qu'il aime
renonce à se marier avec lui. Mais une jeune Irlandaise, Martha, croise
son chemin.
Tour
à tour, Philippe et Martha retracent leur rencontre, le combat de
Martha pour vaincre ses propres réticences puis le qu'en-dira-t-on, le
mariage, leur vie de couple et de parents. Loin d'être un obstacle dans
l'éducation, le handicap de Philippe se révèle comme un atout. Leurs
cinq enfants, témoins d'un amour conjugal profond enraciné dans leur foi
et qui dépasse les limites de l'autre, grandissent dans une famille où
courage rime avec bonheur.
Un témoignage beau et simple qui montre à quel point l'amour supporte tout, espère tout, peut tout.
Quelques extraits
« Au
milieu des turbulences de l’adolescence, je me sentais malgré tout bien
intégré dans ma bande de copains « normaux ». De plus en plus, on
m’appréciait, au point que j’en arrivais à oublier l’étiquette de
handicapé. »
« Pouvoir
offrir les multiples souffrances de l’existence, et se dire qu’elles
peuvent être fécondes, voilà une clé qui m’a permis de vivre autrement,
sans me replier sur moi ni me plaindre de mon sort. »
« Je
me demande si la personne handicapé n’est pas le mieux placée pour
savoir apprécier les actes élémentaires de la vie comme voir, entendre,
sentir, manger, boire, respirer, marcher, se servir des ses mains,
s’exprimer et être compris des autres. »
« Je
me demande souvent pourquoi nous ne remarquons que les tuiles qui nous
tombent sur le coin du crâne. Que faisons-nous de tous ces petits et
gros cadeaux qui parsèment nos journées ? Notre vie ne serait-elle pas
radicalement changée si, chaque fois qu’il nous arrive quelque chose
d’agréable, nous le remarquions en rendant grâce ? Un rayon de soleil,
une belle luminosité, le passage furtif d’une mésange, un sourire, une
rencontre. »
« J’aurais
eu bien tort de continuer à m’empoissonner la vie, alors qu’avec un peu
de persévérance et d’ingéniosité on pouvait se la simplifier ! Pour
pouvoir relever les plus grands défis, il suffit parfois d’avoir à ses
côtés un ami attentif. »
« L’amour
nous touche de pleins fouet, j’aime profondément Philippe. Je viens de
prononcer un premier « oui » que je sens appelé à grandir en moi, malgré
le regard du monde et toutes les réactions négatives que nous n’allons
pas manquer de susciter. (Martha) »
« Mais
attention : cela ne veut pas dire que nous n’aurons aucunes difficulté.
Car, c’est vrai, des difficultés, nous en rencontrerons un certain
nombre. Mais si nous les abordons dans la paix, en les offrant et en
gardant confiance, nous serons toujours victorieux. »
« En
nous choisissant mutuellement, nous n’avons pas fait dans la dentelle !
Mais notre force est de croire en la victoire de l’amour. Aujourd’hui,
nous y croyons toujours, et même plus que jamais. »
« Le
jour de notre mariage est donc pour tous les deux un véritable plongeon
dans la confiance, c'est-à-dire dans la foi, mais nous savons, au fond
de nous-mêmes, que le Ciel est avec nous.(Martha) »
« Les
réactions à notre égard varient beaucoup. Soit les gens comprennent
tout de suite et le courant passe très bien. Soit ils sont très surpris
au début puis une fois l’étonnement passé, ils intègrent notre
situation. D’ailleurs, le fait de constater qu’une telle union est
possible, leur montre que l’amour permet de surmonter bien des
choses. (Martha) »
« Ce
qui est un peu stressant, c’est que l’on ne peut jamais prévoir les
réactions des gens que nous rencontrons pour la première fois. Il peut
arriver que des personnes très cultivées, des médecins notamment, se
trompent lourdement à mon sujet, alors que des gens plus simples
comprennent d’emblée que je suis normal intellectuellement parlant. Cela
dépend de l’intelligence du cœur. »
« Accepter
d’être petit et humble n’est pas toujours facile, mais c’est ce qui
permet à Dieu d’agir dans nos vies. Et je peux dire, ça vaut le
coup !!! »
« Ni
Martha ni moi n’avons quelque chose d’exceptionnel, mais le lien
d’amour qui nous unit, malgré nos pauvretés et nos limites, nous a été
donné par Dieu pour que nous soyons des témoins de Son amour, et c’est
ce qui nous fait nous dépasser. »
« Nos
deux garçons et trois filles savent que leurs parents les aiment et ils
savent que leurs parents s’aiment. Le cœur ainsi comblé, je crois
qu’ils commencent bien leur vie et si dans l’avenir ils rencontrent des
difficultés, ce bon départ qu’ils ont pris avec nous les aidera sûrement
à y faire face. »
« Cette
foi que ma maman m’a transmise et qui illumine ma vie, cette foi, ce
lien d’amour direct avec Dieu, est essentiel dans mon existence. C’est
la clé qui m’a permis de tenir, et d’être pleinement l’homme que je suis
devenu. La foi ne m’a pas facilité la vie, elle a fait bien mieux ;
elle l’a embellie. Elle m’a permis d’acquérir un équilibre que ne
n’aurais pu trouver autrement.
C’est grâce à cette foi et à la foi de Martha, que nous remportons, jour après jour, la victoire de l’amour. »