Matthieu 6.26
Regardez les oiseaux du ciel: ils
ne sèment ni ne moissonnent,
et ils n’amassent rien dans des
greniers; et votre Père céleste les nourrit.
Ne valez-vous pas beaucoup plus
qu’eux ?
- Bonjour petits oiseaux !
s'écria grand-mère en leur lançant à toute volée des miettes de pain.
- Bonjour, je m'appelle Cerise et
voici ma petite sœur Clémentine. Nous sommes des rouges-gorges, l'un des
oiseaux les plus répandus sur toute la surface de la terre. Vois-tu comme nos
pattes sont fortes et habiles pour nous accrocher sur les branches des arbres ?
- Nos parents nous ont appelés
Cerise et Clémentine à cause de la couleur de notre plumage. Une histoire dit
que notre ancêtre n'avait que des plumes marrons, mais qu'un jour elle s'est
perché sur une croix où était cloué Jésus Christ. Pleine de compassion, elle
s'est penchée sur son visage pour essuyer ses larmes et tenter d'arracher les
épines plantées sur son front... c'est alors qu'une goutte de sang est tombée,
colorant à jamais son plumage et celui de toute les générations de
rouges-gorges de la terre, poursuivit Clémentine.
- Je ne sais pas si c'est vrai,
mais nos plumes sont bien rouges ! soupira Cerise.
- Et voilà pourquoi nous portons
ces noms étranges de fruits ! renchérit sa sœur.
- Vous êtes bien jolies !
s'exclama grand-mère. N'êtes-vous pas contentes de porter ce plumage éclatant ?
En automne, vous pouvez vous cacher sous les feuilles rousses et l'hiver, vous êtes comme de petites flammes rayonnantes
qui réchauffent et illuminent les
longues nuits.
- Non, nous ne sommes pas contentes !
décrétèrent les deux sœurs en chœur.
- Et bien ! sourit grand-mère.
Votre petit corps en boule si attendrissant et votre œil vif qui me fait tant craquer cache
un bien mauvais caractère ! N'avez-vous jamais goûté les cerises et les
clémentines ?
- Nous n'aimons pas les fruits !
piaillèrent-elles en sautillant sur leur branche d'un air rageur.
- Ah oui ? s'étonna
grand-mère. Je croyais que les
passereaux aimaient les fruits et les baies... Mais peut-être préférez-vous
manger des insectes et des vers ?
- Ça c'est ce que nous donnaient
nos parents à la béquée ! rétorqua Cerise, mais maintenant que nous ne sommes
plus des bébés, nous n'avons plus envie de cette nourriture !
- Mangeriez-vous des vers et des
insectes ? ajouta Clémentine en s'adressant à grand-mère d'un air dégoûté.
- Heu... non, bien sûr,
bredouilla grand-mère. Mais je ne suis pas un oiseau ! Alors vous préférez peut
être les miettes que je jette dans l'herbe ou les boules de graisses que je
pends aux arbres ?
- Pfeu ! Pas du tout !
rétorquèrent les sœurs d'un air boudeur.
- je comprends maintenant
pourquoi la mélodie de vos chants a un charme si triste et si discret lorsqu'elle
retentit tôt le matin ou tard le soir dans mon arbre ! Vous n'êtes pas
contentes ! Et au lieu de louer votre créateur par vos chants mélodieux pour le
remercier de la nourriture qu'il vous donne matins et soirs, vous rouspétez
comme de vieilles ronchons... Mon jardin est pourtant plein de fruits, de
légumes et de graines !
- Nous n'aimons pas les fruits,
les légumes ni les graines ! râlèrent les deux rouges-gorges.
- Mais qu'aimez-vous donc ? les
interpela grand-mère qui commençait à perdre patience. Dieu a mis à votre
disposition quantité d'arbres et de mousses afin que vous logiez gratuitement
dans ce jardin qui regorge de nourriture et vous n'êtes pas contents ! Vous
n'avez pas besoin de bêcher, ni de semer, d'arroser ou d'engranger et vous
n'êtes pas contentes ! Mais que voulez-vous ?
- Des frittes, des hamburgers
couverts de sésame et des glaces avec une épaisse couche de cacahuètes sur le
dessus ! s'écrièrent les deux sœurs avec délice.
- Quoi ? fit grand-mère qui n'en
croyait pas ses oreilles. Mais où donc avez-vous goûté ce genre de nourriture ?
- Nulle part, avoua Cerise. C'est
juste que les affiches vantent ce genre de nourriture au centre ville et cela a
l'air tellement appétissant ! Les enfants du quartier ont tellement l'air de se
régaler que nous aimerions en manger aussi !
- Et pourquoi n'y avez-vous pas encore
goûté ? s'étonna encore grand-mère. Les poubelles des restaurants doivent regorger
de restes à picorer !
- Manger dans les poubelles et se battre avec les
chats et les rats pour se rassasier, quelle étrange idée ! riposta Clémentine.
- Dieu vous a fait la grâce de vous
nourrir de mets sains et bons pour votre santé, et vous seriez prêtes à vous nourrir
dans les poubelles, s'il n'y avait pas de rats ni de chats pour vous effrayer !
Alors bénis soient les chats et les rats mes petites amies ! Bénis soient les rats
et les chats ! Chantez ! Chantez ! Et remerciez Dieu de vous donner des fruits,
des légumes et des graines à manger ! Louez-le par vos chants et cessez de bouder
et ronchonner ! s'écria grand-mère en lançant encore à toute volée une grosse poignée
de miettes briochées.
Sophie Lavie
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