Comme une lampe...

Pour parler de son retour, Jésus Christ utilise la parabole des dix vierges ( Matthieu 25.1-13).

Pour les Juifs, l'idée du Royaume de Dieu était liée à l'idée d'un festin.
Le point culminant des noces juives se situait lorsque l'épouse entrait dans la maison de l'époux et devenait membre de sa famille.
Le festin des noces avait lieu dans la maison de l'époux, qui avant cela allait chercher son épouse en cortège, avec des lampes, de la musique et des chants, pour la ramener chez lui
Les jeunes filles du village pouvaient se joindre au cortège et être admises au festin sans invitation particulière, à condition d'être revêtues d'habits de fête et d'avoir avec elles leurs lampes.

La parabole de Jésus met donc en scène deux groupes de jeunes filles qui viennent attendre le cortège quelque part entre les deux maisons.
Pour être admises dans le cortège des noces, elles apportent leurs lampes, qui à l'époque, possédaient un petit réservoir d'huile avec un bec, dans lequel trempait une mèche.
Cinq jeunes filles sont insouciantes ("moros" en grec signifie folles et insensées).
Elles ne pensent qu'au plaisir d'être de la fête, et non à ce qui est exigé pour accéder à ce privilège.
Les cinq autres sont prévoyantes ("phronimos" en grec signifie prudentes, intelligentes, conscientes de leurs intérêts).

Comme l'Époux tarde, toutes s'endorment.
Les lampes brûlent, car il n'est pas facile à cette époque de se procurer du feu n'importe où.
L'époux arrive enfin.
Les sages ont eu la précaution d'apporter une réserve d'huile et peuvent suivre l'époux jusqu'à sa maison  alors que les insensées n'ont plus de réserve et ne peuvent suivre le cortège.
Les sages ne peuvent leur donner de leur huile et les insensées n'ont plus le temps d'aller en acheter.

Que signifie cette parabole?
Dans la Bible, le symbole de l'huile est bien connu.
Elle évoque l'onction de Dieu, présente aujourd'hui sur les chrétiens (christianos = oints) par le Saint Esprit, elle évoque leur mise à part pour servir Dieu grâce à ses dons.
Tant qu'il fait jour,  il est facile de faire provision de cette huile  et c'est ce que font les cinq sages.
Les folles, elles, se contentent d'en avoir juste un peu, elles pensent peut-être que si la nuit tombait, il serait alors toujours temps d'aller acheter de l'huile quelque part, ou que quelqu'un d'autre leur en donnerait.
Le problème c'est que ce n'est pas possible.
C'est comme si quelqu'un mangeait n'importe quoi pendant des années, sans jamais prendre de poisson, de légume ou de fruit, sans jamais faire le moindre sport... et que le jour où il tombe malade, il espérait pouvoir en 2 minutes prendre un million de vitamines, et se tourner vers ses amis en leur disant : prêtez-moi maintenant un peu de votre santé. Malgré toute leur bonne volonté, ce ne serait pas possible.

La provision d'huile ne peut être donnée par les jeunes filles sages, car elle doit découler d'une relation personnelle et intime avec Dieu, une relation d'amour qui se construit jour après jour lorsqu'on demeure en lui et lui en nous.

Les jeunes filles insensées de la parabole se contentent de vivre leur foi au jour le jour, comme ça vient.
Elles se contentent de quelques gouttes d'huile par-ci, par-là et profitent peut-être même de la lumière des autres plus sages...
Pourtant, la sagesse, nous dit Jésus, c'est de faire des réserves d'huile, même si, aujourd'hui cela n'apparaît pas comme vital d'en prendre plus qu'il n'en faut.
On voit dans cette histoire que cette  huile est disponible sans problèmes tant qu'il fait jour, en effet, Dieu donne sans compter.
Il n'y a qu'à se servir et en remplir non pas seulement le réservoir de sa lampe, mais des jerrycans entiers.
Le problème, c'est que dans les périodes où la vie est assez facile, il semble que, pour certains, la vie spirituelle de consécration ne soit pas une priorité.
Leur foi est là, dans un coin de leur être, apportant sa part de bonheur et de vie, et cela leur suffit.
Cela semble suffire, en effet à ce moment-là, mais le problème, c'est que si la nuit tombe et qu'elle dure un peu plus qu'une courte éclipse, si leurs réserves sont un peu justes, ils  se retrouvent avec une lampe éteinte au cœur des ténèbres.
La sagesse, c'est de profiter des moments favorables pour faire des réserves de cette chose essentielle qu'est l'huile divine.
Jésus nous appelle à veiller.
Veiller, c'est se laisser délibérément édifier et remplir aujourd'hui par les dons de Dieu.

 Lien avec le message "Tu oins d'huile ma tête" de Xavier Lavie