lundi 25 septembre 2017
Comme les chrétiens du II ème siècle
Les chrétiens de l’Église du IIe siècle étaient perçus comme des individus remplis de haine.
On pourrait croire, du fait de leur sous nombre, que les chrétiens étaient oubliés ou passaient inaperçu. Mais ce n’était pas le cas. Au contraire, les Romains les avaient remarqués, et n’avaient pas aimé ce qu’ils avaient vu. Les chrétiens étaient vus comme agressifs, impolis et étranges ; comme une menace à la stabilité de l’empire romain. C’est la raison pour laquelle ils subissaient une persécution politique importante (ils se faisaient arrêter, mettre en prison et parfois, martyriser).
Pourquoi avaient-ils cette réputation ? Ils refusaient d’adorer les dieux romains. Les chrétiens étaient inflexibles : Jésus était le seul digne d’être adoré. Et ne pas adorer les dieux, c’était s’attirer la foudre des Romains. À leurs yeux, les chrétiens étaient cruels et insensibles au bien-être de leur prochain. On disait d’eux qu’ils avaient de la « haine pour le genre humain».
En vérité, c’était le caractère exclusif du christianisme qui le rendait si offensant. C’est encore le cas aujourd’hui.
Les chrétiens de l’Église du IIe siècle étaient considérés comme intellectuellement pauvres. Outre la persécution politique, ils souffraient d’une lourde persécution intellectuelle. Les doctrines chrétiennes étaient, aux yeux de tous, ridicules, absurdes et indignes d’être agréées par l’élite intellectuelle romaine. Lucien, Galien, Fronton et Celse entre autres penseurs, n’ont pas tari de critiques acerbes à l’égard cette « nouvelle » religion, tournant en dérision ses livres (les évangiles) ainsi que son fondateur (Jésus).
Le mouvement chrétien du IIe siècle était un mouvement « bibliophile » centré sur les Écritures. En dépit de la dérision intellectuelle dont ils étaient victimes, ces croyants se distinguaient par leur attachement à la Parole, sur laquelle venait s’appuyer chacune de leurs actions. Ils ne se contentaient pas de la lire, mais ils l’étudiaient minutieusement ; ils en faisaient de nombreuses copies qu’ils répandaient sur de longues distances.
Leur attachement à leurs « livres » était si manifeste que même leurs détracteurs l’avaient remarqué. C’est en outre l’une des raisons pour lesquelles le christianisme était souvent considéré comme une philosophie plutôt que comme une religion. Il était rare, dans le monde ancien, qu’une religion soit si directement rattachée à des textes. Le christianisme ainsi que le judaïsme, sortaient donc du lot.
Si l’on entend souvent dire avec obstination que les chrétiens n’utilisaient pas les Écritures et même, qu’ils n’en avaient pas besoin dans les premiers siècles, les données historiques prouvent le contraire. Cet attachement au livre s’est, il faut l’admettre, quelque peu perdu dans certains cercles aujourd’hui. C’est un élément fondamental que nous nous devons de retrouver.
En conclusion, ces trois observations du IIe siècle ont de nombreuses implications dans nos vies actuelles. Si les générations qui nous ont précédés ont joui d’une époque pendant laquelle l’Église ressemblait à celle qui existait aux IVe et Ve siècles, cette génération‑ci se retrouve dans une situation qui ressemble beaucoup à celle du iie siècle.
Si donc nous voulons faire face au monde dans lequel nous vivons, nous n’avons peut-être pas besoin d’une nouvelle apologétique, mais plutôt d’une ancienne : une apologétique du IIe siècle.
Traduction de l’article Are Christians Intolerant Haters? Lessons from the Church of the Second Century publié le 15 août 2017 par Michael J. Kruger sur son blog, Canon Fodder. Traduction : Elodie Meribault.
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