La foi n'est jamais entièrement déracinée du cœur du croyant ; elle y demeure, même si elle est ébranlée et en fâcheuse posture. La lumière de la foi n'est jamais éteinte ou étouffée ; il en reste toujours au moins une étincelle.
Cela permet de comprendre, que la Parole, qui est une semence incorruptible de vie, produit un fruit de même nature, dont le germe ne se dessèche pas et ne périt jamais.
L'incrédulité ne règne pas dans le cœur des croyants, mais elle les attaque de l'extérieur.
Elle ne les blesse pas mortellement mais les moleste, ou bien la blessure qu'elle leur fait est soignable.
Comme le dit l'apôtre Paul dans Éphésiens 6.16, la foi est un bouclier.
Elle est donc placée devant nous afin de recevoir les coups du diable et de les repousser, ou au moins de les arrêter afin qu'ils n'atteignent pas notre cœur.
La foi ébranlée ressemble à un soldat robuste qui est contraint de reculer sous les coups et de s'abriter.
Si la foi est atteinte, le bouclier est cabossé par la violence du coup, faussé mais pas percé.
L'âme croyante surmontera toujours la difficulté et dira avec David "Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi."
C'est assurément une chose terrible que de marcher dans l'obscurité de la mort et il est normal que les croyants, aussi fermes soient-ils en eux-mêmes, aient cela en horreur. Mais, parce qu'ils ont la pensée que Dieu est présent et qu'il a soin de leur salut, leur crainte est vaincue par une telle assurance.
Saint Augustin a dit : "Quoi que fasse le diable contre nous, machinations ou attaques, comme il n'occupe pas la partie du coeur où habite la foi, il est chassé dehors."
Si on en juge par l'expérience, non seulement les croyants résistent victorieusement à tous les assauts de telle sorte que, s'étant revigorés, ils sont prêts mieux que jamais à retourner au combat, mais ce que Jean dit dans son épitre est accompli en eux : "Tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde ; et la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi." 1 Jean 5.4
L'apôtre exprime l'idée que la foi non seulement sera victorieuse dans une bataille, ou même dans dix, mais que toutes les fois qu'elle sera attaquée, elle triomphera.
Si nous ne voulons pas que la foi soit incertaine et se ballotte d'un côté et d'autre, il faut l'appuyer sur la promesse du salut qui nous est offerte volontairement et libéralement, par le Seigneur, qui prend bien plutôt en considération notre misère que notre dignité.
En disant que la foi doit avoir pour fondement une promesse gratuite, nous ne contestons ps que les croyants reçoivent et révèrent la parole de Dieu en toutes ses parties ; mais nous indiquons que le véritable objet de la foi est la promesse de la miséricorde.
Il est sûr que les croyants doivent reconnaître Dieu comme étant leur juge et celui qui punit leurs fautes ; mais ils contemplent spécialement sa miséricorde, puisqu'il leur est présenté ainsi : "Toi, Seigneur, tu es un Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité."
Psaumes 86.15
Jean Calvin