Dans le Nouveau Testament c’est en général le verbe agapao qui est utilisé, tandis que phileo ne se trouve que rarement.
Dire que agapao décrit un amour divin et phileo un amour seulement humain n’est pas seulement imprécis, mais c’est surtout inexact.
Ainsi les pharisiens aimaient (agapao) avoir les premières places dans les synagogues (Luc 11:43) ; pareillement un serviteur hait son maître tandis qu’un autre l’aime (agapao, Luc 16:13), et le Seigneur Jésus dit en Jean 3:19 que les hommes ont mieux aimé (agapao) les ténèbres que la lumière.
Ces exemples peuvent suffire à montrer que agapao ne traduit absolument pas le seul amour divin, ou comme certains le nomment, l’amour respectueux.
Inversement, le Père aime (phileo) le Fils (Jean 5:20 ; différent de Jean 3:35 qui a agapao) — et ce n’est certainement pas un amour « humain » ou « plus faible » ; ceux qui n’aiment pas (phileo) le Seigneur Jésus sont maudits (1 Cor. 16:22) ; à la fin de l’épître à Tite, l’apôtre Paul salue ceux qui nous aiment (phileo) dans la foi.
Également la parole du Seigneur en Apoc. 3:19 : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime (phileo) » montre clairement que phileo ne désigne pas seulement l’amour humain ou l’amour entre amis.
Nous voulons donc tout de suite commencer par établir que les deux mots n’indiquent pas une différence dans la force ou l’intensité ou le degré, mais une différence dans le caractère ou le domaine de l’amour.
On a longtemps cru que le mot agape = amour, dérivé du verbe agapao, ne se trouvait pas dans la littérature profane, et qu’en conséquence Dieu réservait ce mot pour décrire Son amour dans l’Écriture.
Mais non seulement on a pu documenter le mot agape en dehors de l’Écriture, mais le texte même des Septante (version en grec de l’Ancien Testament hébreu) utilise ce mot pour l’amour humain.
Ainsi nous lisons que la haine d’Amnon contre Tamar fut plus grande que l’amour (agape) dont il l’avait aimée (agapao) (2 Sam. 13:15).
Il est vrai que dans le Nouveau Testament, le mot principal agape désigne toujours l’amour divin ou produit divinement.
La signification originale d’agapao en grec classique en rapport avec des personnes, est « souhaiter la bienvenue ».
Ce mot est maintenant un mot générique pour « amour », et peut s’appliquer à tous les domaines et toutes les directions : Aux supérieurs, aux inférieurs et aux gens de même rang.
Il est utilisé aussi bien pour l’amour de Dieu envers le monde (Jean 3:16) qu’envers Son peuple (1 Jean 4:10), et aussi pour l’amour de l’homme envers Dieu (Matt. 22:37 ; Rom. 8:28 ; 1 Cor. 2:9).
C’est l’amour de Christ pour les Siens (Jean 13:1) et il concerne aussi bien des individus (Gal. 2:20) que l’assemblée (Éph. 5:25).
Le Saint Esprit utilise ce mot pour exprimer la souveraineté de l’amour de Dieu.
Dieu aime parce qu’Il est amour, et Son amour est indépendant des mérites de son objet.
La signification de phileo (de philos = cher) est plus restreinte.
Ce mot décrit l’intimité de l’amour, il parle d’inclination, d’affection, de tendresse personnelles ; c’est pourquoi il signifie parfois « embrasser / donner un baiser ».
Phileo désigne donc davantage un amour impliquant des sentiments et qui trouve quelque chose d’attirant chez son objet.
On comprend donc bien que, quand il s’agit d’exhortations à s’aimer l’un l’autre ou à aimer Dieu, ce ne soit jamais phileo, mais toujours agapao qui soit utilisé.
Quand nous avons saisi ces différences, quelle lumière cela jette sur des passages comme « le Père aime [ou : a de l’affection pour] le Fils » (Jean 5:20), ou « le Père Lui-même vous aime [ou : a de l’affection pour vous] » (Jean 16:27), ou « voyez comme il l’aimait [ou : avait de l’affection pour lui] » (Jean 11:36) où on trouve partout le mot rare phileo !
L’amour du Père trouve quelque chose d’attirant dans le Fils comme homme sur la terre ; l’amour trouve quelque chose d’attirant chez les disciples, « parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru » (Jean 16:27) ; le Seigneur Jésus trouve quelque chose d’attirant chez les Siens.
Quel appel de la foi au cœur du Seigneur Jésus dans ces paroles : « Voici, celui que tu aimes (phileo) [ou : que tu as en affection] est malade » (Jean 11:3) !
Dans le verset de Jean 21 que nous avons cité au début, nous avons un exemple particulièrement précieux de l’occurrence de ces deux mots.
Le Seigneur Jésus occupé à la restauration complète de Son serviteur, demande deux fois à Pierre s’il L’aime, et Il utilise chaque fois le mot plus général et plus usuel, agapao.
Les deux fois Pierre répond en disant : « oui, Seigneur, tu sais que je t’aime [que j’ai de l’affection pour toi] » (phileo).
Il se rejette entièrement sur le Seigneur et donne à son amour pour Lui une note personnelle et intime en utilisant le mot phileo.
C’est comme s’il disait : « tu sais que je te suis affectionné, que tu m’es cher ».
Mais la troisième fois le Seigneur Jésus reprend en grâce l’expression utilisée par Pierre, et considérée comme convenable, et Il lui demande : « M’aimes-tu ? (phileo) [ou : as-tu de l’affection pour moi ?] ».
Nous pouvons comprendre que c’est justement cette question qui a dû toucher profondément le cœur de Pierre, et c’est pourquoi nous lisons ensuite : « Pierre fut attristé de ce qu’Il lui disait pour la troisième fois : m’aimes-tu ? ».
Cela produisit la confession profondément ressentie et humiliée que seule la toute connaissance (omniscience) divine du Seigneur était effectivement en mesure de découvrir chez lui une telle affection.
Christian BRIEM
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