vendredi 31 mai 2019

Savoir aimer 16 - L'amour persévère



Lorsqu'un enfant nait, le miracle de la vie émeut généralement profondément ses parents et ceux qui les entourent.
L'amour jaillissant de cette nouvelle naissance donne souvent l'énergie nécessaire à la maman pour qu'elle assume son nouveau rôle et il est rarement utile de devoir la persuader d'aimer son enfant, tant l'affection émerveillée la submerge.   
Physiologiquement, Dieu a tout prévu puisqu'après la naissance de son bébé, un cocktail d'hormones appelées hormone de l'amour et hormone maternelle (ocytocine, endorphine et prolactine) submerge la maman au regard, au toucher et à la tétée de son bébé.
Ces hormones la rendent plus calme et lui permettent de s’identifier instinctivement  à son enfant pour le comprendre et pour satisfaire ses besoins.
Le nourrisson et sa mère forment une dyade c’est-à-dire un duo formant une unité complémentaire.

De la même façon, un homme et une femme qui se sentent attirés l'un par l'autre produisent inconsciemment des hormones qui les submergent de bonheur. (Endorphine et ocytocine).
Juste le fait de se regarder ou de se toucher les remplit d'émotions positives telles que l'amour et la joie,  un sentiment d’attachement, de générosité, d’empathie et de confiance,

Mais beaucoup disent que le conte de fée prend fin rapidement, juste après la lune de miel pour les jeunes couples, dès les premières nuits sans sommeil pour les jeunes mamans…

On pourrait dire que Dieu a fait sa part en nous créant avec la capacité à aimer intensément mais que le péché a fait de tels dégâts dans nos cœurs que nous ne sommes plus en mesure de persévérer dans cet amour originel…
C'est ainsi que les rêves idylliques se transforment bien trop souvent en cauchemars !
Alors l'adorable bambin fait figure de monstre hurlant et insatiable, le prince charmant se transforme en crapaud et la princesse en marâtre acariâtre.  

Que s'est-il produit ? Pourquoi la joie et l'enthousiasme ont-ils disparu ? Est-ce inévitable ?

Ces situations ne sont pas sensées être celles que l'on devrait connaitre !
Dieu n'a jamais voulu que l'amour des uns et des autres se refroidisse.

Jésus l'a expliqué dans Matthieu 24.12-13, l'amour de nombreuses personnes se refroidit parce que l'iniquité augmente.

Qu'est-ce que cela signifie ?

Jésus donne ici une image de l'amour qui se rafraichit comme un vent qui devient froid (refroidir = psucho) quand on méprise la loi de Dieu et qu'on la transgresse.

Le remède à ce fléau, c'est de persévérer dans l'obéissance et la foi jusqu'au bout.
Car l'amour n'est pas un choix mais une nécessité vitale.
Persévérer dans l'amour est le seul moyen d'être sauvé.

Mais qu'est-ce que l'amour ?

Depuis plusieurs mois nous avons longuement médité sur l'amour agape que l'apôtre Paul a décrit avec de nombreux détails dans son épitre aux Corinthiens 12 et 13 et que l'apôtre Jean a aussi glorieusement célèbré dans sa première épitre.
Vous l'avez bien compris, cet amour passionné, inconditionnel et sacrificiel ne peut durer s'il n'est pas alimenté par la source de l'amour qu'est Dieu.
C'est seulement parce que Dieu nous a aimés le premier, que nous avons reçu cette forme d'amour supérieur aux autres.
Cet amour qui nous rend capable de tout supporter avec patience et persévérance sans nous irriter, qui nous rend bons, doux et aimables, humbles et  honnêtes ; qui nous satisfait pleinement au point où nous ne sommes ni envieux ni égoïstes. Un amour qui ne compte pas et excuse tout, qui espère contre toute espérance et qui est éternel !

Mais notre soif de cet amour si grand et si puissant est une telle quête, un but si noble que nous pouvons hélas passer à côté d'autres formes de l'amour tout aussi importantes.

Connaissez-vous les autres formes d'amour ?
Pensez-vous qu'ils peuvent être négligés ou qu'ils sont contenus dans l'amour agape ?
Non, ils ne doivent pas être négligés, sous peine de nous déséquilibrer dans notre amour et ils ne sont pas totalement immergés dans l'amour agape ; ils lui sont plutôt complémentaires…

1. D'autres formes d'amour

Dans la comédie musicale "un violon sur le toit", le personnage principal demande à son épouse :
"Est-ce que tu m'aimes ?"
En réponse, elle lui rappelle que depuis 25 ans elle lave son linge, prépare ses repas, nettoie sa maison, lui a donné des enfants, trait les vaches…
Et elle poursuit en disant : "Depuis 25 ans je vis avec lui, je me dispute avec lui, je meurs de faim avec lui ! Depuis 25 ans mon lit est le sien, si ça ce n'est pas de l'amour qu'est-ce que c'est ?"

C'est une bonne question. Qu'est-ce que l'amour ? De quels amours parle cette femme ?

Elle parle de l'amour Agape inconditionnel et sacrificiel, mais elle a oublié Phileo décrivant le lien tendre et affectueux, amical et confiant … Malgré le temps passé aux côtés de son mari et de tous les sacrifices et les peines qu'elle a enduré fidèlement pour lui et avec lui, elle a oublié de lui montré de la tendre affection. Elle a oublié Phileo !

Pourtant l'amour Phileo et ces autres formes Philoteknos ou  philostorgos unissant des parents à leurs enfants, Philandros unissant une femme à son mari, ou Philadelphos unissant des chrétiens entre eux est présent 26 fois dans le nouveau testament.

Ne sommes-nous pas souvent négligents envers cette forme d'amour ?
Ne nous laissons-nous pas tellement  préoccuper par nos devoirs et nos responsabilités conjugales, parentales, professionnelles ou spirituelles que nous en arrivons à négliger l'affection, la tendresse, l'amitié, la complicité au sein de nos relations ?

Nous sommes tellement absorbés à servir les autres que nous négligeons le plaisir d'être à leurs côtés.
Nous sommes tellement concentrés sur les tâches à accomplir que nous oublions les personnes pour qui nous les faisons, nous devenons aveugles à leurs attentes réelles et à leurs états d'âmes.
Nous oublions d'encourager les autres et de leur montrer que nous nous soucions d'eux vraiment, tant nous sommes occupés à nos tâches et à notre travail quotidien.
Ainsi certains en oublient même Dieu alors qu'ils sont pleinement plongés dans leur service pour Lui !

Ce fut le cas de Marthe quand elle s'est plainte à Jésus parce qu'elle se sentait submergée de travail :

Luc 10.40- 42 " Marthe est très occupée par tout ce qu’il faut préparer. Elle vient auprès de Jésus et elle lui dit : Seigneur, ma soeur me laisse seule pour tout préparer, cela ne te fait rien ? Dis–lui donc de m’aider ! Le Seigneur lui répond : « Marthe, Marthe, tu es inquiète et tu as du souci pour beaucoup de choses, mais une seule est nécessaire. Marie a choisi ce qui est vraiment bon, et personne ne lui enlèvera cela."

Comme Marthe, nous ne prenons pas plaisir à servir les autres parce que nous oublions qui nous servons. Au lieu d'aimer Jésus, sa sœur et tous les autres convives, Marthe s'est concentrée sur l'ampleur de sa tâche et sur la fatigue que cela lui procurait.
Son cœur égocentrique avait négligé de mettre en avant l'amour pour ceux qu'elle servait.

Par amour un père, une mère, un époux, une épouse, un disciple de Christ dépasse ses limites et se fait violence avec détermination et abnégation, mais il doit prendre garde de ne pas oublier l'amour Phileo! Ils se lèvent tôt, ils se couchent tard et se démènent pour accomplir leurs tâches pour Dieu ou leur famille (Psaumes 127), mais cet amour sacrificiel Agape ne doit pas les empêcher de concevoir de la tendresse et de l'affection envers ceux qui les entoure, sinon malgré tous leurs efforts, leur amour bien que réel et sincère semblera froid et distant.

Si l'apôtre Paul a détaillé l'amour agape pour décrire l'amour ultime que nous devons déployer au sein de toutes nos relations, il n'en a néanmoins pas oublié l'amour Phileo lorsqu'il recommande aux femmes d'aimer leur mari et leurs enfants dans Tite 2.4, aux disciples d'aimer leurs parents dans Matthieu 10.37,  ou lorsqu'il dit dans Romains 12.10 " Par amour fraternel (philadelphia), soyez pleins d’affection (philostosgos) les uns pour les autres."

 Si nous devons aimer (agape) notre prochain parce qu'il est comme nous-mêmes, cela ne nous dispense pas d'aimer aussi avec affection et tendresse ceux qui nous sont proches d'un amour Phileo.

Notons que la bible mentionne particulièrement le terme Phileo en rapport de l'amour que la femme doit apporter à son mari, alors qu'elle utilise le terme Agape en rapport de l'amour que l'homme doit porter à sa femme.
Cela ne signifie pas que les uns et les autres sont appelés à aimer d'une façon différente.
Si cela est mentionné ainsi, c'est plutôt parce que les femmes sont plus aptes à sacrifier leur vie et à en oublier l'affection, alors que les hommes sont moins enclins à aimer avec abnégation.
Les femmes peuvent servir leur mari et leurs enfants par devoir, sans éprouver de tendresse pour eux.
Seulement la bible leur demande plus qu'une vie d'abnégation remplie de tâches ménagères, elle leur commande d'aimer leur mari et leurs enfants avec tendresse et affection.
Et il n'y a pas de clause suspensive. Il n'est pas écrit : si leur mari est attaché à Dieu ou si il le mérite…
D'autre part le mari doit aimer son épouse comme Christ a aimé l'Eglise, au point de sacrifier sa vie pour elle ! Et il n'y a pas de restriction à ce commandement : c'est un amour inconditionnel !

Honorer l'évangile c'est mettre en pratique ses commandements.
"Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements et ses commandements ne sont pas pénibles." 1 Jean 5.3 
Dieu ne nous demande pas de nous fier aux circonstances et à nos sentiments fluctuants mais à nous appuyer sur sa parole pour obéir à sa volonté.

2. Résistez aux refroidissements
Comme nous l'avons lu tout à l'heure, l'apôtre Paul nous informe que dans les derniers temps, l'amour du plus grand nombre se refroidira à cause du mépris et de la transgression de la parole de Dieu.
Il affirme en même temps que seuls ceux qui persévèreront dans l'amour seront sauvés !
Cet avertissement n'est donc pas anodin!
Pas étonnant, puisque les commandements d'aimer Dieu et notre prochain résument en eux seuls toute la loi et les prophètes.

Alors comment faire pour résister aux vents contraires qui viendraient paralyser notre amour et l'amoindrir au risque de nous faire spirituellement mourir ?

L'un de ces vents froids pourrait être : le ressentiment, les plaintes et l'apitoiement sur soi.
Puisque les fonctions d'époux, de parents et de frères et sœurs en Christ exigent des sacrifices constants, la tentation de céder au ressentiment, de se plaindre et de s'apitoyer sur son sort existe réellement. Mais réagir de cette façon témoignerait de notre égoïsme et éteindrait rapidement l'amour que nous portons à ceux qui nous entourent.
Le mariage, la parentalité et la vie de disciples au sein d'une église locale ne doivent pas devenir un devoir effectué sans plaisir, et encore moins une corvée.
Obnubilée par les sacrifices, nous pouvons oublier d'apprécier les plaisirs quotidiens et perdre notre amour et notre joie.
Mais Dieu nous met face à un choix : considérer avec amertume les difficultés et les obligations liées à nos fonctions et persister dans l'égoïsme, ou rechercher la grâce de Dieu et recevoir son aide pour nous consacrer joyeusement à ceux qui nous entourent.

Un autre de ces vents froids pourrait être la lassitude.
Si nous avons perdu la joie d'être mariés, parents ou disciples de Jésus, nous ne pouvons retrouver force et joie que dans la présence de Dieu.
En lui seul, nous pouvons retrouver l'énergie nécessaire pour accomplir nos fonctions, c'est pourquoi nous devons prendre l'habitude de nous ressourcer en lui quotidiennement.
En cas de lassitude, se retirer plus longtemps pour prier et méditer la bible apporte d'extraordinaires bénéfices.
[En tant que chef de famille, l'époux doit veiller à la spiritualité de son épouse et de ses enfants et les aider à grandir dans les voies de Dieu. Il doit les encourager à vivre en communion avec Dieu et à méditer efficacement la bible. ]

Jésus lui-même nous a laissé un exemple pour que nous prenions ce temps avec Dieu.
Quand la foule se pressait vers lui pour lui soumettre ses besoins, Jésus savait se retirer dans les déserts ou sur le sommet des collines pour prier.

Luc 5.15-16 "Sa renommée se répandait de plus en plus; et de grandes foules s’assemblèrent pour l’entendre et pour être guéries de leurs infirmités ; mais lui, se tenait retiré dans les déserts et priait."

Si comme Jésus, nous sommes souvent assaillis par une foule de demandes, nous devons considérer ce qu'il a fait. Il s'est retiré dans un lieu isolé pour prier.
Si Jésus avait fréquemment besoin de s'isoler pour prier et pour recevoir l'aide et la force de son père, à combien plus fortes raisons nous avons besoin de tels moments !

Un autre de ces vents froids pourrait être la complaisance.
Notre amour Phileo plein de tendresse et d'affection ne doit jamais virer à la complaisance.
C’est-à-dire que nous ne devons jamais faire de compromis et nous détourner de la voie de Dieu pour faire plaisir à ceux qui nous entourent.
Nous ne devons pas capituler devant les caprices de nos époux, de nos enfants ou de nos amis, même s'ils sont insistants.
Notre désir d'être aimés et approuvés ne doit pas nous amener à faire des compromis avec la parole et la volonté de Dieu.

Proverbe 29.25 "La crainte des hommes tend un piège, mais qui se confie en l’Éternel est élevé dans une haute retraite."

Nous ne devons pas nous soucier abusivement de ce que les autres pensent de nous, ni nous sentir coupables si nous refusons d'accéder à leurs folies.
Nous ne devons pas chercher exagérément à obtenir l'approbation des autres ni craindre intensément leur rejet, mais plutôt craindre celui de Dieu.

Conclusion
La tendre affection de l'amour Phileo n'exige pas d'avoir beaucoup d'argent, de grands biens ou d'être un géni créatif.
Elle consiste à accomplir des gestes apparemment anodins, tels que la fidélité dans la prière, les gestes d'affection et les encouragements et elles ont énormément d'importance. (Cf. les langages de l'amour)
Notre premier objectif, le but suprême de l'amour "Phileo" n'est pas de devenir des théologiens brillants ou des chrétiens épanouis dans ce monde, mais des disciples sanctifiés (mis à part pour Dieu) et préparés à marcher sainement sur la voie droite de Dieu.
Vivre l'amour Phileo nous permet de mettre la parole de Dieu en pratique dans une bonne orthodoxie, une orthopraxie et une orthopathie saines.

Jean 13.35  "A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres."

Et même si cet amour tendre et affectueux ne suffit pas à convaincre ceux qui nous entourent parce qu'il faut une intervention du Saint Esprit pour les faire naitre de nouveau, nous devons faire attention à l'incidence de notre témoignage sur leur âme ; car notre amour est néanmoins un instrument de bénédiction entre les mains de Dieu. Veillons donc attentivement à ne pas nous laisser refroidir par les vents frais de ce monde et à demeurer dans l'amour de Dieu jusqu'à la fin.
1 Jean 4.16  "Nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui."

Sophie Lavie - Vendredi 31 mai 2019

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