mardi 6 mars 2018

La dyspraxie



 26 Février 2018, jour où j’ai appris que ma fille de 5 ans est dyspraxique…dyspra quoi ???
Avant ce jour je ne savais pas ce qu’était la dyspraxie, et pour être honnête je ne connaissais pas son existence!
Mais aujourd’hui, en me documentant sur le sujet, je comprends mieux les fonctionnements de ma fille, ses réactions, ses colères, sa fatigue….

Alors concrètement qu’est-ce que la dyspraxie ?
La dyspraxie est un trouble du mouvement qui se manifeste par l’incapacité totale ou partielle d’exécuter des gestes volontairement ou de manière automatique.
Touchant 3 à 6 % des enfants (1 fille pour 3-4 garçons) elle concerne essentiellement « la praxie » c’est-à-dire le geste, non dans son intention, mais dans sa réalisation.
L’exécution motrice d’un geste intentionnel est perturbée alors qu’il n’y a pas de retard mental, de handicap moteur visuel ou auditif, de trouble du développement psychoaffectif ni aucune atteinte lésionnelle sur le plan neurologique. On connait mal les causes de la dyspraxie, mais pour mieux la comprendre il faut d’abord comprendre le fonctionnement des réflexes et des gestes acquis.
En règle générale, chaque fois qu’on apprend quelque chose, le cerveau effectue ce qu’on appelle une « engrammation ». Il s’agit d’une sorte d’empreinte laissée dans notre système nerveux et qui peut être réactivée au besoin, de manière à ce qu’elle se fasse naturellement et automatiquement au moment où on l’évoque.
Les gestes font partie de ces préprogrammations. Malheureusement, alors qu’ils devraient être normalement acquis, l’enfant dyspraxique est incapable de les planifier ou de les automatiser. Même si les muscles responsables des mouvements à effectuer fonctionnent normalement, leur reproduction demande généralement des efforts considérables et le résultat demeure pourtant très maladroit.
Pour cette raison, la dyspraxie est également surnommée « la maladresse pathologique».

Les causes
La dyspraxie est due à un dysfonctionnement cérébral : il s’agit donc d’un handicap majeur touchant le développement de l’enfant. Elle n’est provoquée ni par une paralysie ni par une parésie des muscles concernés par le geste à effectuer, et n’est liée à aucun déficit affectif, psychologique ou intellectuel.
Ce trouble de la planification des gestes volontaires et intentionnels est souvent attribué à une anomalie cérébrale dont l’origine elle-même est incertaine. On peut ainsi supposer qu’il y a deux types de dyspraxie : la dyspraxie développementale et la dyspraxie lésionnelle.

La dyspraxie développementale
On parle de dyspraxie développementale lorsque le trouble est causé par une anomalie du cerveau non-repérée et encore moins expliquée. Autrement dit, l’enfant dysgraphique semble en parfaite santé. On suppose alors que la dysgraphie est due à une défaillance au niveau de la zone cérébrale responsable du développement et subséquemment du mouvement et de la motricité, mais cette hypothèse n’a pas encore été prouvée scientifiquement.

La dyspraxie lésionnelle
Dans 50 % des cas, le trouble de la planification des mouvements automatiques et intentionnels est associé à un traumatisme probablement crânien survenu généralement à la naissance de l’enfant.
Ainsi a-t-on pu remarquer un pourcentage élevé de dysgraphie chez les grands prématurés, mais également chez les nouveau-nés ayant souffert de manque d’oxygène ou de complications pendant l’accouchement.

Les troubles associés
La dyspraxie est un trouble rarement isolé. Dans la majorité des cas, elle est associée et souvent aggravée par un trouble du déficit de l’attention et par d’autres troubles de l’apprentissage tels que la dyslexie, la dysorthographie et la dyscalculie.

Les différents types de dyspraxie
Les dyspraxies constructives : Difficulté à assembler des pièces pour construire un tout. La difficulté est dans l’assemblage des pièces les unes par rapport aux autres.
Exemple : construire un objet avec des légos, assembler des cubes, faire un puzzle,…

La dyspraxie constructive non visuo-spatiale : Dyspraxie constructive associée à des difficultés d’organisation de l’espace

La dyspraxie constructive visuo-spatiale : Elle associe une dyspraxie constructive, un trouble du regard (problème neuro-visuel), un trouble de l’organisation de l’espace.
Exemple : fixer une ligne pour lire, suivre la trajectoire d’un objet, rechercher une information dans un texte, lire un plan, faire une figure géométrique avec des outils, …

La dyspraxie idéatoire : Difficulté de réaliser un geste avec un objet ou un outil.
Exemple : brosse à dent, aiguille à coudre, fer à repasser, ciseaux, tournevis, fourchette, rasoir, crayon…

La dyspraxie idéomotrice : Difficulté de faire des gestes sans outil. Difficulté dans les gestes dits symboliques, les mimes, le « faire semblant »
Exemple : faire « au revoir » de la main, mimer l’action de jouer de la guitare, faire un salut militaire, faire « chut »…

La dyspraxie de l’habillage : Difficultés à agencer, orienter ou disposer les vêtements lors de l’habillage (les habits sont enfilés à l’envers) pour se boutonner, utiliser une fermeture Eclair, faire ses lacets…),

La dyspraxie oro-faciale : Difficulté dans les « gestes » du visage et de phonation : mouvement de langue, gonfler les joues, souffler, se moucher, ton souvent monotone…

Profil et symptômes de l’enfant dyspraxique :
De 0 à 4 ans
Chez le nourrisson, la motricité globale reste acquise de manière globale dans des délais normaux. Par la suite lors de la petite enfance, le jeune enfant dyspraxique présentera des difficultés dans les manipulations faisant appel au visuomanuel (cubes, encastrements, mais également l'habillage). Il y aura aussi, le plus souvent, une instabilité posturale avec parfois des mouvements stéréotypés et une difficulté pour fixer un objectif du regard.
Sur le plan des activités domestiques quotidiennes, le jeune enfant dyspraxique est maladroit : il casse ses jouets par inadvertance, bouscule les meubles et parfois peut tomber seul. Il montre des difficultés pour manger seul, pour s’habiller, et met parfois ses vêtements à l’envers. Il n’arrive pas à se boutonner ou encore nouer ses lacets. Encore une fois, les jeux de construction et d’assemblage sont échoués, même lorsqu’il doit suivre un modèle.
L’apprentissage du vélo ou encore de la nage est long et difficile, l’enfant se fatigue et a peu d’autonomie.
Souvent mal compris, l’enfant dyspraxique ne sera pas volontaire pour faire ce genre d’activité et pourra prétexter ne pas aimer l’activité qui lui posera des difficultés. On entendra parfois les parents dire "mon enfant déteste jouer aux Lego !". Il convient donc d’être vigilant lorsqu’un enfant dit ne pas aimer dessiner ou faire du vélo par exemple.

Après 4 ans
Lors d’un examen du tonus, on pourra repérer des syncinésies (c'est-à-dire des contractions involontaires de muscles associées à des mouvements volontaires ou réflexes d’autres muscles) et de l’hypotonie (diminution de la tonicité musculaire).
L’écriture sera difficile au niveau du déroulement du geste, et l’enfant dyspraxique aura des difficultés à suivre la ligne. L'écriture sera également plutôt lente. En outre, l'enfant aura des difficultés à reproduire des formes graphiques ou à positionner ses doigts correctement, ainsi que pour les praxies manuelles (positions des doigts).
Conscient de l’échec, il dépense beaucoup d’énergie pour réussir son action, ce qui va le fatiguer.
Sur le plan affectif, l’enfant dyspraxique est ressenti comme immature. Il présente une perte de l’estime de soi (confiance en soi) qui favorise des sentiments comme la tristesse ou l’angoisse, faisant même apparaître parfois un état dépressif. Catalogué comme maladroit, étourdit et paresseux, il aura tendance à s’isoler lors des récréations et présentera souvent des troubles du comportement.

Quels sont les conséquences de la dyspraxie sur les apprentissages scolaires ?
La dyspraxie développementale a une répercussion importante sur l'école. Attention toutefois, un enfant dyspraxique ne présente pas systématiquement tous ces troubles !
- Graphisme : On observe des troubles au niveau de la maturation du geste et dans l’organisation et la structuration spatiale. On verra par exemple l’enfant ne pas parvenir à s’orienter sur une feuille.
- Ecriture : L’écriture n’est pas automatique et le résultat est brouillon. Dans le détail, l’enfant dyspraxique écrit les lettres avec une grosseur inégale et bute sur les lettres obliques (N, X, W...), le plus souvent.
- Arithmétique : On observera une dyscalculie spatiale au niveau du dénombrement, de la pose et de la résolution des opérations à effectuer sur la feuille, ou du passage de la feuille au tableau.
- Géométrie : Les directions et relations spatiales ne seront pas respectées. La lecture d’un texte sera lente.
- Lecture : Hésitante et lente, l’enfant dyspraxique a tendance à confondre les lettres semblables (b,d ; p,q ; n,u) et n’arrive pas à découper les mots en syllabes.
- Compréhension des consignes écrites : L’enfant ne sait pas chercher l’information pertinente du fait d’une impossibilité à se représenter la structure du texte.
- Orthographe : Les difficultés d’orthographe sont liées au trouble de la copie. En effet, l’enfant commettra des erreurs de copie notamment en passant du tableau à son cahier.
-Apprentissage des leçons lues : Difficile à cause du manque de repères et de sauts de lignes.
Désorganisations spatiales, manque de repères, sauts de lignes.
- Chant et mime : Les gestes ne pourront pas être reproduits et l’enfant ne parviendra pas à suivre correctement le rythme d’une chanson.
- En éducation physique : Difficultés à apprendre de nouveaux jeux, à suivre le rythme des autres élèves ainsi qu’à viser une cible.
Ces troubles sont invalidants et provoquent un retard dans les apprentissages scolaires ainsi qu’une perte de l’estime de soi. Ces difficultés étant mal cernées par les enseignants et provoquant un rejet chez les autres enfants, il est important de dépister la dyspraxie le plus rapidement possible.
C’est donc un enfant qui sur le plan scolaire va se retrouver en difficulté :
Si la dyspraxie est légère l’enfant va pouvoir compenser avec des rééducations.
Si la dyspraxie est moyenne, l’enfant ne pourra pas compenser, il va falloir l’aider en adaptant les choses. Exemple : adapter les colonnes pour qu’il puisse poser son addition correctement…
Si la dyspraxie est importante les adaptations ne suffisent pas. Il faut contourner le problème. Exemple : calculatrice (s’il n’arrive pas à poser les opérations), ordinateur (écriture)…

Comment savoir si l’on a un enfant dyspraxique ?
Le diagnostic de dyspraxie est affirmé par :
- l’examen psychométrique (demander de préférence une WPPSI ou WISC, en fonction de l’âge de l’enfant), pratiqué par un(e) psychologue montrera des dissociations caractéristiques de ce trouble cognitif. Ce test permet également d’évincer une déficience mentale. Les enfants dys dont les dyspraxiques ont une intelligence normale à supérieure.
- l’examen neuro-psychologique, qui précisera les caractéristiques qualitatives de la dyspraxie, son type (constructive, idéatoire, idéomotrice) et les éventuels signes associés (dyspraxie visuo-spatiale, cf. plus loin) : c’est à partir de cette évaluation que pourront être posées les indications d’une prise en charge adaptée et efficace (rééducations en ergothérapie, aides techniques).
- un bilan psychomoteur ou d’ergothérapie
- un bilan orthophonique
- un bilan orthoptique et neurovisuel.

Comment aider un enfant dyspraxique ? Comment faire au quotidien ?
Avec un enfant touché par une dyspraxie, il faut absolument prendre conscience qu’il fait des efforts depuis tout petit. Effort plus au moins visible, mais effort constant.
Il est alors essentiel de bien déterminer des stratégies en termes de rééducation en ayant bien observé l’enfant dans ses apprentissages pour cibler les plus pertinentes. En ciblant réellement les rééducations, on permet à l’enfant d’apprendre à ne plus se mobiliser sur un point qui le met en réel difficulté et donc à mobiliser ses efforts sur d’autres points. Si les rééducations ne suffisent pas, on pourra mettre en place des stratégies de compensation.
Il convient alors de savoir moduler sa capacité d’effort sans tomber dans un schéma compatissant qui ne lui permettra pas d’avancer. Ce dosage est d’autant plus compliqué quand cela touche nos enfants (ils ne sont que trop réceptifs à toute émotion compatissante et en profitent alors un max !!) et de l’autre côté, les parents doivent aussi les motiver car leur motivation agit aussi sur l’objectif final.
Certains penseront alors mais s’il est motivé, il fera forcément moins d’effort… à ceux-là je répondrai que le niveau de fatigabilité est quand même lié à un trouble neurologique et que de ce fait tout n’est pas qu’une question de volonté. Il est malheureux de constater que ces enfants sont souvent considérés comme fainéants, ne faisant pas d’efforts…
Avec un enfant dyspraxique, la règle d’or est de se montrer patient et compréhensif. Il est très important de favoriser la verbalisation et la représentation mentale plutôt que de lui montrer visuellement. On peut, par exemple, utiliser un vocabulaire de notions spatiales afin d’organiser l’espace.
Si le trouble est trop important, il peut être intéressant d’utiliser le traitement de texte d’un ordinateur afin d’aider l’enfant à se repérer. Il peut aussi être utile de travailler à l’aide de photocopies afin de diminuer le recopiage. On peut également utiliser des repères préalablement établis avec lui (surlignage, vignettes…) ou lui faire apprendre de manière orale les différentes étapes d’une action comme par exemple faire son cartable, pourquoi pas à la manière d’une poésie ou d’une chanson.
De plus, l’enfant dyspraxique étant lent, il convient de lui accorder plus de temps. On préférera également s’intéresser à la qualité du travail fourni plutôt qu’à la quantité. Au niveau scolaire, la mise en place d'aides de type "tiers-temps" seront très favorables à sa réussite.
Enfin, il est important de rappeler que la dyspraxie répond favorablement aux rééducations, notamment en ergothérapie et psychomotricité. En outre, si l’enfant présente une perturbation psychoaffective avérée voir un état dépressif, il sera alors important de proposer une prise en charge psychothérapique.

Le traitement : comment traiter la dyspraxie ?
Le traitement de la dyspraxie passe obligatoirement par la prise en charge de chacun de ses symptômes, qui sont, il faut l’avouer, différents chez tous les dyspraxiques. Il sera donc non seulement personnalisé, mais également pluridisciplinaire et fera intervenir plusieurs professionnels dont :
- Le psychomotricien : Il procèdera à la correction des troubles psychomoteurs, et ce, grâce à des exercices de rééducation portant sur la coordination des commandes cérébrales et de l’articulation du corps, mais également sur la latéralisation, les repères dans l’espace et autres problèmes de motricité.

- L’ergothérapeute : Il se chargera de corriger les problèmes de coordination entre les mouvements oculaires et les mouvements de la main, afin de permettre à l’enfant d’exécuter des gestes plus précis et d’être ainsi plus autonome.

- L’orthophoniste : Il procèdera à la rééducation du langage, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit, si l’enfant présente des difficultés dans ces domaines.

- L’orthoptie : Il procédera à une rééducation du regard, pour permettre à l’enfant de mieux maitriser ses mouvements oculaires. Et ce, afin qu’ils soient moins saccadés, plus fixes.

Tous ces professionnels œuvrent dans un seul but : permettre à l’enfant de vivre le plus confortablement et le plus normalement possible avec son handicap. Par le biais des diverses rééducations, ils vont ainsi faire en sorte que l’enfant puisse : Rendre automatiques certains gestes intentionnels (prise et tenue du stylo, d’une cuillère, etc.) ; Pallier à toutes les conséquences de la dyspraxie (dyscalculie, dysgraphie, etc.)

Les aménagements scolaires
L’enfant souffrant de dyspraxie n’est pas obligé d’intégrer une école spécialisée. Il peut tout à fait continuer à travailler dans une école ordinaire à condition d’avoir l’aide d’un AVS (Auxiliaire Vie Scolaire) ou de bénéficier d’un P.P.S (Plan Personnalisé de Scolarisation). Dans ce dernier cas cependant, toutes les conditions devront être réunies pour lui éviter tout échec scolaire : mise en place de support (photocopie, ordinateur, etc.) pour remplacer la copie manuelle, accompagnement individuel et personnalisé pendant les cours… Sinon, il peut poursuivre ses études en CLIS ou dans une Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire.

Article partagé par Noémie Debleds - Blog Havah

Solutions pour le quotidien (Hoptoys)


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