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Février 2018, jour où j’ai appris que ma fille de 5 ans est dyspraxique…dyspra
quoi ???
Avant
ce jour je ne savais pas ce qu’était la dyspraxie, et pour être honnête je ne
connaissais pas son existence!
Mais
aujourd’hui, en me documentant sur le sujet, je comprends mieux les
fonctionnements de ma fille, ses réactions, ses colères, sa fatigue….
Alors
concrètement qu’est-ce que la dyspraxie ?
La
dyspraxie est un trouble du mouvement qui se manifeste par l’incapacité totale
ou partielle d’exécuter des gestes volontairement ou de manière automatique.
Touchant
3 à 6 % des enfants (1 fille pour 3-4 garçons) elle concerne essentiellement «
la praxie » c’est-à-dire le geste, non dans son intention, mais dans sa
réalisation.
L’exécution
motrice d’un geste intentionnel est perturbée alors qu’il n’y a pas de retard
mental, de handicap moteur visuel ou auditif, de trouble du développement
psychoaffectif ni aucune atteinte lésionnelle sur le plan neurologique. On
connait mal les causes de la dyspraxie, mais pour mieux la comprendre il faut
d’abord comprendre le fonctionnement des réflexes et des gestes acquis.
En
règle générale, chaque fois qu’on apprend quelque chose, le cerveau effectue ce
qu’on appelle une « engrammation ». Il s’agit d’une sorte d’empreinte laissée
dans notre système nerveux et qui peut être réactivée au besoin, de manière à
ce qu’elle se fasse naturellement et automatiquement au moment où on l’évoque.
Les
gestes font partie de ces préprogrammations. Malheureusement, alors qu’ils
devraient être normalement acquis, l’enfant dyspraxique est incapable de les
planifier ou de les automatiser. Même si les muscles responsables des
mouvements à effectuer fonctionnent normalement, leur reproduction demande
généralement des efforts considérables et le résultat demeure pourtant très
maladroit.
Pour
cette raison, la dyspraxie est également surnommée « la maladresse
pathologique».
Les
causes
La
dyspraxie est due à un dysfonctionnement cérébral : il s’agit donc d’un
handicap majeur touchant le développement de l’enfant. Elle n’est provoquée ni
par une paralysie ni par une parésie des muscles concernés par le geste à
effectuer, et n’est liée à aucun déficit affectif, psychologique ou
intellectuel.
Ce
trouble de la planification des gestes volontaires et intentionnels est souvent
attribué à une anomalie cérébrale dont l’origine elle-même est incertaine. On
peut ainsi supposer qu’il y a deux types de dyspraxie : la dyspraxie
développementale et la dyspraxie lésionnelle.
La
dyspraxie développementale
On
parle de dyspraxie développementale lorsque le trouble est causé par une
anomalie du cerveau non-repérée et encore moins expliquée. Autrement dit,
l’enfant dysgraphique semble en parfaite santé. On suppose alors que la
dysgraphie est due à une défaillance au niveau de la zone cérébrale responsable
du développement et subséquemment du mouvement et de la motricité, mais cette
hypothèse n’a pas encore été prouvée scientifiquement.
La
dyspraxie lésionnelle
Dans
50 % des cas, le trouble de la planification des mouvements automatiques et
intentionnels est associé à un traumatisme probablement crânien survenu
généralement à la naissance de l’enfant.
Ainsi
a-t-on pu remarquer un pourcentage élevé de dysgraphie chez les grands
prématurés, mais également chez les nouveau-nés ayant souffert de manque
d’oxygène ou de complications pendant l’accouchement.
Les
troubles associés
La
dyspraxie est un trouble rarement isolé. Dans la majorité des cas, elle est
associée et souvent aggravée par un trouble du déficit de l’attention et par
d’autres troubles de l’apprentissage tels que la dyslexie, la dysorthographie
et la dyscalculie.
Les
différents types de dyspraxie
Les
dyspraxies constructives : Difficulté
à assembler des pièces pour construire un tout. La difficulté est dans
l’assemblage des pièces les unes par rapport aux autres.
Exemple
: construire un objet avec des légos, assembler des cubes, faire un puzzle,…
La
dyspraxie constructive non visuo-spatiale : Dyspraxie constructive associée à des difficultés d’organisation de
l’espace
La
dyspraxie constructive visuo-spatiale : Elle
associe une dyspraxie constructive, un trouble du regard (problème
neuro-visuel), un trouble de l’organisation de l’espace.
Exemple
: fixer une ligne pour lire, suivre la trajectoire d’un objet, rechercher une
information dans un texte, lire un plan, faire une figure géométrique avec des
outils, …
La
dyspraxie idéatoire : Difficulté de
réaliser un geste avec un objet ou un outil.
Exemple
: brosse à dent, aiguille à coudre, fer à repasser, ciseaux, tournevis,
fourchette, rasoir, crayon…
La
dyspraxie idéomotrice : Difficulté de
faire des gestes sans outil. Difficulté dans les gestes dits symboliques, les
mimes, le « faire semblant »
Exemple
: faire « au revoir » de la main, mimer l’action de jouer de la guitare, faire
un salut militaire, faire « chut »…
La
dyspraxie de l’habillage : Difficultés
à agencer, orienter ou disposer les vêtements lors de l’habillage (les habits
sont enfilés à l’envers) pour se boutonner, utiliser une fermeture Eclair,
faire ses lacets…),
La
dyspraxie oro-faciale : Difficulté
dans les « gestes » du visage et de phonation : mouvement de langue, gonfler
les joues, souffler, se moucher, ton souvent monotone…
Profil
et symptômes de l’enfant dyspraxique :
De
0 à 4 ans
Chez
le nourrisson, la motricité globale reste acquise de manière globale dans des
délais normaux. Par la suite lors de la petite enfance, le jeune enfant
dyspraxique présentera des difficultés dans les manipulations faisant appel au
visuomanuel (cubes, encastrements, mais également l'habillage). Il y aura
aussi, le plus souvent, une instabilité posturale avec parfois des mouvements
stéréotypés et une difficulté pour fixer un objectif du regard.
Sur
le plan des activités domestiques quotidiennes, le jeune enfant dyspraxique est
maladroit : il casse ses jouets par inadvertance, bouscule les meubles et
parfois peut tomber seul. Il montre des difficultés pour manger seul, pour
s’habiller, et met parfois ses vêtements à l’envers. Il n’arrive pas à se
boutonner ou encore nouer ses lacets. Encore une fois, les jeux de construction
et d’assemblage sont échoués, même lorsqu’il doit suivre un modèle.
L’apprentissage
du vélo ou encore de la nage est long et difficile, l’enfant se fatigue et a
peu d’autonomie.
Souvent
mal compris, l’enfant dyspraxique ne sera pas volontaire pour faire ce genre
d’activité et pourra prétexter ne pas aimer l’activité qui lui posera des
difficultés. On entendra parfois les parents dire "mon enfant déteste
jouer aux Lego !". Il convient donc d’être vigilant lorsqu’un enfant dit
ne pas aimer dessiner ou faire du vélo par exemple.
Après
4 ans
Lors
d’un examen du tonus, on pourra repérer des syncinésies (c'est-à-dire des
contractions involontaires de muscles associées à des mouvements volontaires ou
réflexes d’autres muscles) et de l’hypotonie (diminution de la tonicité
musculaire).
L’écriture
sera difficile au niveau du déroulement du geste, et l’enfant dyspraxique aura
des difficultés à suivre la ligne. L'écriture sera également plutôt lente. En
outre, l'enfant aura des difficultés à reproduire des formes graphiques ou à
positionner ses doigts correctement, ainsi que pour les praxies manuelles
(positions des doigts).
Conscient
de l’échec, il dépense beaucoup d’énergie pour réussir son action, ce qui va le
fatiguer.
Sur
le plan affectif, l’enfant dyspraxique est ressenti comme immature. Il présente
une perte de l’estime de soi (confiance en soi) qui favorise des sentiments
comme la tristesse ou l’angoisse, faisant même apparaître parfois un état
dépressif. Catalogué comme maladroit, étourdit et paresseux, il aura tendance à
s’isoler lors des récréations et présentera souvent des troubles du
comportement.
Quels
sont les conséquences de la dyspraxie sur les apprentissages scolaires ?
La
dyspraxie développementale a une répercussion importante sur l'école. Attention
toutefois, un enfant dyspraxique ne présente pas systématiquement tous ces troubles
!
-
Graphisme : On observe des
troubles au niveau de la maturation du geste et dans l’organisation et la
structuration spatiale. On verra par exemple l’enfant ne pas parvenir à
s’orienter sur une feuille.
-
Ecriture : L’écriture n’est pas
automatique et le résultat est brouillon. Dans le détail, l’enfant dyspraxique
écrit les lettres avec une grosseur inégale et bute sur les lettres obliques
(N, X, W...), le plus souvent.
-
Arithmétique : On observera une
dyscalculie spatiale au niveau du dénombrement, de la pose et de la résolution
des opérations à effectuer sur la feuille, ou du passage de la feuille au
tableau.
-
Géométrie : Les directions et relations spatiales ne seront pas respectées. La
lecture d’un texte sera lente.
-
Lecture : Hésitante et lente,
l’enfant dyspraxique a tendance à confondre les lettres semblables (b,d ; p,q ;
n,u) et n’arrive pas à découper les mots en syllabes.
-
Compréhension des consignes écrites : L’enfant ne sait pas chercher l’information pertinente du fait d’une
impossibilité à se représenter la structure du texte.
-
Orthographe : Les difficultés
d’orthographe sont liées au trouble de la copie. En effet, l’enfant commettra
des erreurs de copie notamment en passant du tableau à son cahier.
-Apprentissage
des leçons lues : Difficile à
cause du manque de repères et de sauts de lignes.
Désorganisations
spatiales, manque de repères, sauts de lignes.
-
Chant et mime : Les gestes ne
pourront pas être reproduits et l’enfant ne parviendra pas à suivre
correctement le rythme d’une chanson.
-
En éducation physique :
Difficultés à apprendre de nouveaux jeux, à suivre le rythme des autres élèves
ainsi qu’à viser une cible.
Ces
troubles sont invalidants et provoquent un retard dans les apprentissages
scolaires ainsi qu’une perte de l’estime de soi. Ces difficultés étant mal
cernées par les enseignants et provoquant un rejet chez les autres enfants, il
est important de dépister la dyspraxie le plus rapidement possible.
C’est
donc un enfant qui sur le plan scolaire va se retrouver en difficulté :
Si
la dyspraxie est légère l’enfant va
pouvoir compenser avec des rééducations.
Si
la dyspraxie est moyenne, l’enfant ne
pourra pas compenser, il va falloir l’aider en adaptant les choses. Exemple :
adapter les colonnes pour qu’il puisse poser son addition correctement…
Si
la dyspraxie est importante les
adaptations ne suffisent pas. Il faut contourner le problème. Exemple :
calculatrice (s’il n’arrive pas à poser les opérations), ordinateur (écriture)…
Comment
savoir si l’on a un enfant dyspraxique ?
Le
diagnostic de dyspraxie est affirmé par :
-
l’examen psychométrique (demander de préférence une WPPSI ou WISC, en fonction
de l’âge de l’enfant), pratiqué par un(e) psychologue montrera des
dissociations caractéristiques de ce trouble cognitif. Ce test permet également
d’évincer une déficience mentale. Les enfants dys dont les dyspraxiques ont une
intelligence normale à supérieure.
-
l’examen neuro-psychologique, qui précisera les caractéristiques qualitatives
de la dyspraxie, son type (constructive, idéatoire, idéomotrice) et les
éventuels signes associés (dyspraxie visuo-spatiale, cf. plus loin) : c’est à
partir de cette évaluation que pourront être posées les indications d’une prise
en charge adaptée et efficace (rééducations en ergothérapie, aides techniques).
- un
bilan psychomoteur ou d’ergothérapie
- un
bilan orthophonique
- un
bilan orthoptique et neurovisuel.
Comment
aider un enfant dyspraxique ? Comment faire au quotidien ?
Avec
un enfant touché par une dyspraxie, il faut absolument prendre conscience qu’il
fait des efforts depuis tout petit. Effort plus au moins visible, mais effort
constant.
Il
est alors essentiel de bien déterminer des stratégies en termes de rééducation
en ayant bien observé l’enfant dans ses apprentissages pour cibler les plus
pertinentes. En ciblant réellement les rééducations, on permet à l’enfant
d’apprendre à ne plus se mobiliser sur un point qui le met en réel difficulté
et donc à mobiliser ses efforts sur d’autres points. Si les rééducations ne
suffisent pas, on pourra mettre en place des stratégies de compensation.
Il
convient alors de savoir moduler sa capacité d’effort sans tomber dans un
schéma compatissant qui ne lui permettra pas d’avancer. Ce dosage est d’autant
plus compliqué quand cela touche nos enfants (ils ne sont que trop réceptifs à
toute émotion compatissante et en profitent alors un max !!) et de l’autre
côté, les parents doivent aussi les motiver car leur motivation agit aussi sur
l’objectif final.
Certains
penseront alors mais s’il est motivé, il fera forcément moins d’effort… à
ceux-là je répondrai que le niveau de fatigabilité est quand même lié à un
trouble neurologique et que de ce fait tout n’est pas qu’une question de
volonté. Il est malheureux de constater que ces enfants sont souvent considérés
comme fainéants, ne faisant pas d’efforts…
Avec
un enfant dyspraxique, la règle d’or est de se montrer patient et compréhensif.
Il est très important de favoriser la verbalisation et la représentation mentale
plutôt que de lui montrer visuellement. On peut, par exemple, utiliser un
vocabulaire de notions spatiales afin d’organiser l’espace.
Si
le trouble est trop important, il peut être intéressant d’utiliser le
traitement de texte d’un ordinateur afin d’aider l’enfant à se repérer. Il peut
aussi être utile de travailler à l’aide de photocopies afin de diminuer le
recopiage. On peut également utiliser des repères préalablement établis avec
lui (surlignage, vignettes…) ou lui faire apprendre de manière orale les
différentes étapes d’une action comme par exemple faire son cartable, pourquoi
pas à la manière d’une poésie ou d’une chanson.
De
plus, l’enfant dyspraxique étant lent, il convient de lui accorder plus de
temps. On préférera également s’intéresser à la qualité du travail fourni
plutôt qu’à la quantité. Au niveau scolaire, la mise en place d'aides de type
"tiers-temps" seront très favorables à sa réussite.
Enfin,
il est important de rappeler que la dyspraxie répond favorablement aux
rééducations, notamment en ergothérapie et psychomotricité. En outre, si
l’enfant présente une perturbation psychoaffective avérée voir un état
dépressif, il sera alors important de proposer une prise en charge
psychothérapique.
Le
traitement : comment traiter la dyspraxie ?
Le
traitement de la dyspraxie passe obligatoirement par la prise en charge de
chacun de ses symptômes, qui sont, il faut l’avouer, différents chez tous les
dyspraxiques. Il sera donc non seulement personnalisé, mais également
pluridisciplinaire et fera intervenir plusieurs professionnels dont :
- Le
psychomotricien : Il procèdera à la correction des troubles psychomoteurs, et
ce, grâce à des exercices de rééducation portant sur la coordination des
commandes cérébrales et de l’articulation du corps, mais également sur la
latéralisation, les repères dans l’espace et autres problèmes de motricité.
-
L’ergothérapeute : Il se chargera de corriger les problèmes de coordination
entre les mouvements oculaires et les mouvements de la main, afin de permettre
à l’enfant d’exécuter des gestes plus précis et d’être ainsi plus autonome.
-
L’orthophoniste : Il procèdera à la rééducation du langage, aussi bien à l’oral
qu’à l’écrit, si l’enfant présente des difficultés dans ces domaines.
-
L’orthoptie : Il procédera à une rééducation du regard, pour permettre à
l’enfant de mieux maitriser ses mouvements oculaires. Et ce, afin qu’ils soient
moins saccadés, plus fixes.
Tous
ces professionnels œuvrent dans un seul but : permettre à l’enfant de vivre le
plus confortablement et le plus normalement possible avec son handicap. Par le
biais des diverses rééducations, ils vont ainsi faire en sorte que l’enfant
puisse : Rendre automatiques certains gestes intentionnels (prise et tenue du
stylo, d’une cuillère, etc.) ; Pallier à toutes les conséquences de la
dyspraxie (dyscalculie, dysgraphie, etc.)
Les
aménagements scolaires
L’enfant
souffrant de dyspraxie n’est pas obligé d’intégrer une école spécialisée. Il
peut tout à fait continuer à travailler dans une école ordinaire à condition
d’avoir l’aide d’un AVS (Auxiliaire Vie Scolaire) ou de bénéficier d’un P.P.S
(Plan Personnalisé de Scolarisation). Dans ce dernier cas cependant, toutes les
conditions devront être réunies pour lui éviter tout échec scolaire : mise en
place de support (photocopie, ordinateur, etc.) pour remplacer la copie
manuelle, accompagnement individuel et personnalisé pendant les cours… Sinon,
il peut poursuivre ses études en CLIS ou dans une Unité Localisée pour
l’Inclusion Scolaire.
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