Parenthèse inattendue
Samedi 07 novembre 1835
- Qui que don te ravises al bouinotte[1]? s'enquit Marie qui se demandait pourquoi son aînée s'évertuait à désembuer la fenêtre de la cuisine d'un revers de manche impatient.
- Laisse donc ta sœur ! Intervint Anne Jully, en tendant à sa fille un manteau de laine bleue, bien épais. Vins t’en plutôt ranger lo fournier[2].
Absorbée à scruter la pénombre matinale, Montaine ne répondit pas à sa sœur. Son amie Pauline lui avait promis de lui rendre visite et l'adolescente ne pouvait détacher son regard de la vitre glacée, d’où elle contemplait le soleil, qui se levait sur la forêt. Elle affectionnait ces matins, où la silhouette fantomatique des arbres se dessinait en dentelle grise, sur le fond rose nacré des nuages illuminés. Absorbée par la quiétude du paysage, elle observait les étoiles qui scintillaient dans cette demi-obscurité, avant de disparaitre doucement dans le firmament. On aurait dit qu'elles entraînaient dans leur sillage des anges à la chevelure d'argent, ondoyant en silence dans leurs longues tuniques lactescentes. Alors que la neige, amoncelée le long des branches dépouillées, dessinait leurs lourdes houppelandes blanches se balançant mollement au gré de la brise, comme une danse. À chaque goutte d'eau qui tombait des stalactites, la jeune fille égrenait le temps, jusqu'à ce qu'elle entende des pas craquer dans la neige. Et soudain, la porte s'ouvrit en laissant entrer dans la petite masure une bourrasque glacée :
- Ça caille point chaud ! lança Pauline en guise de bonjour. J'a los doués gobes[3] !
La jeune fille quitta précipitamment ses sabots et courut vers la cheminée pour lui exposer ses doigts rougis par le froid. Montaine la suivit et posa une souche de chêne, avec ses bosses et ses creux couverts de lierres et de mousses, sur les chenêts.
- Vins donc t'assire là, qu'on cause[4] ! dit-elle à son amie, en tirant une chaise au cœur même de l'immense cheminée envahie de fumée.
Elle lui tendit un quignon de pain sorti du four, sur lequel elle avait fait fondre un morceau de tome de brebis, et lui proposa une coquelle de bruyère infusée. Sans vraiment prêter attention à Justine et Louis, qui jouaient dans un coin de la modeste demeure, les adolescentes s'installèrent tout près de la flambée, comme dans un cocon. Enveloppées dans leur châle, elles se mirent à discuter, tout en entretenant les bûches qui devaient brûler sans flamme, pour entretenir une constante et douce chaleur dans la pièce principale.
Cela faisait presqu’un an que Pauline et Montaine ne s’étaient pas vues. Les fièvres, la convalescence et l’hiver rigoureux les avaient isolées et usées. Mais inexorablement, Dieu était là et veillait. Subrepticement, dans le silence et le froid, il déblayait le terrain de leurs cœurs, émondait leurs vies, et œuvrait merveilleusement dans leurs âmes. Et ce jour-là, Dieu les attendait encore, au-delà d'un repas frugal concocté avec amour, au-delà de jolies gravures qu'elles s'amusèrent à regarder ensemble, au-delà d'une flambée réconfortante et du plaisir de se retrouver en toute amitié. Alors qu'elles échangeaient quelques réflexions sur la grâce de Dieu dans la souffrance, une question s'imposa fortement à leur esprit : Quelle était la plus grande souffrance qu'elles avaient vécue ? Embarrassée, Montaine frappa la bûche avec sa pelle à feu, pour en faire jaillir le plus d’étincelles possible, puis elle regarda un instant son amie, sans savoir quoi répondre. Cette question anodine au premier abord les déconcerta avant de finalement s’avérer hautement efficace :
- Faut-il parler des séquelles des fièvres qui nous atteignent encore aujourd'hui ? demanda Montaine avec une certaine lassitude.
- Non, je ne pense pas, répliqua Pauline pensive.
Ne sachant que dire, elles décidèrent de prendre un temps de réflexion et de prière silencieuse, les yeux rivés sur les flammes qui dansaient en crépitant dans l'âtre.
- Ça y est, je crois que j'ai trouvé ! s'écria soudain Montaine triomphante. Ce n'est pas la souffrance la plus vive en termes d'intensité physique, mais c'est celle qui a eu le plus d'impact sur mon âme. Une souffrance sourde, je veux dire… cachée, enfouie et profonde qui s'est irradiée comme un poison dans tout mon être.
- De quoi veux-tu parler ? balbutia Pauline.
- La mort de Marguerite, murmura Montaine dans un souffle. Après plusieurs semaines de souffrances, pendant lesquelles mes parents m'ont empêchée de la voir dépérir, je me suis longtemps angoissée à l'annonce imminente de sa mort. Puis quand c'est arrivé, je n'ai rien ressenti. J'ai inconsciemment refoulé cette souffrance tout au fond de mon cœur, et peu à peu je me suis renfermée sur moi-même. Et mes parents n'ont plus jamais reparlé de ma sœur ni de sa mort.
- Eh bien, moi aussi, j'ai trouvé la réponse à cette question, l'interrompit Pauline avec gravité. C'est la mort de mes sœurs, et plus particulièrement celle de Solange !
- Ah oui ? s'étonna Montaine, rassurée que son amie puisse comprendre son désarroi.
- Je n'avais jamais pris conscience de l’impact de ce deuil sur ma vie, poursuivit Pauline. Honorine est morte bébé, mais Solange était à la fois ma sœur la plus proche en âge et aussi ma meilleure amie ; on n'avait pas besoin de se parler pour se comprendre et ressentir tout l'amour qu'on avait l'une pour l'autre. Nous étions vraiment complices. Sa mort m'a paru soudaine, car mes parents m'avaient aussi empêchée de la voir pendant les longs mois de son agonie... ils voulaient me préserver de cette souffrance. Lorsqu'elle nous a quittés, je n'ai pas compris pourquoi on me l'avait enlevée ! J'ai vécu cela comme un abandon, un vide énorme, je ne comprenais pas pourquoi Dieu me l'avait prise… pourquoi il lui avait ôté la vie...
- Le départ de Marguerite fut pour moi aussi un grand tourment qui a fait remonter à la surface toutes mes angoisses de la mort et de la maladie, poursuivit Montaine. À partir de cet instant, sans être consciente des raisons de mon mal-être, j'ai commencé à souffrir de vertiges, d'oppression, de sueurs et de nausées, sans parler de mon cœur qui s'emballait ! Je ne comprenais pas d'où venaient tous ces maux qui s'ajoutaient aux fièvres et à une immense fatigue… N'osant augmenter les tracas et les peines de mes parents, je ne leur en ai pas parlé...
- Moi aussi, je me suis repliée sur moi-même et j'ai souffert de sévères crises de panique, mêlées de grande apathie, renchérit son amie.
- Mes parents, non plus, ne comprenaient pas ce qui se passait. Ils m'ont même amenée vers un médecin, à Bourges… Il m'a prescrit des tisanes et m'a fait une saignée… soupira Montaine. Mais rien ne changeait… au contraire, les plantes ont fini par m'assommer. Du coup, j'ai vite arrêté tout remède. Au fil du temps, le problème s'est accentué et, j'ai commencé à redouter toutes les sortes de fièvres qui sévissent ici. Craignant de vivre un nouveau deuil, je n'ai plus supporté la vie familiale. Et à force de me battre toute seule contre tous mes maux, sans voir de solutions, j’ai passé mon temps à pleurer, désespérant de retrouver un jour la paix. Personne ne semblait pouvoir me comprendre ni m'aider. Mon chagrin était si lourd à porter qu'il me paralysait et m’anéantissait.
- Moi aussi, je me suis sentie très seule, murmura Pauline, dans un souffle. Tu es ma seule véritable amie dans ce village et la maladie nous a éloignées l'une de l'autre pendant de si longs mois...
- Quand Christ s'est révélé à moi, je croyais qu'il m'aiderait à triompher de toutes mes difficultés, mais j'ai l'impression de toujours retomber dans des rouints[5] tapis au fond de mon cœur, poursuivit Montaine.
- Nos rouints sont point les mêmes, ajouta Pauline. Pour ma part, la mort de ma sœur m'a rendue possessive, exclusive, et jalouse même parfois... Tu ne peux imaginer à quel point chaque séparation, même pour un peu de temps, est une souffrance pour moi. Je suis toujours heureuse de voir les gens que j’aime, mais au moment de les quitter, je ressens en moi comme une déchirure, comme si on me les arrachait ; c’est insupportable à chaque fois. J’ai tellement peur de perdre ceux que j’aime que, sans même en avoir conscience, je les étouffe. Pour moi aussi, c'est une ornière qui sournoisement, sans que je la débusque ou la démasque, m'a gâché la vie… Je voyais bien que j'avais un problème, mais je ne l'avais jamais rattaché à la mort de mes sœurs, et je ne sais pas comment m'en débarrasser...
- C'est étrange et merveilleux de voir comment Dieu avait préparé cet instant en tête-à-tête, toutes les deux avec lui... toutes les deux avec nos histoires qui se ressemblent. Je ne m'attendais pas à cela, avoua Montaine. Comme quoi, à partir d'une simple question, Dieu fait d'une pierre deux coups et des ricochets de bénédictions. Je pense que si nous avons tant broyé de noir pendant ces longs mois, c'est parce qu'il y avait en nous ces rouints.
- Elles n'ont pourtant plus rien à y faire, s'invectiva Pauline. Nous sommes en Christ ; nos vies sont entre ses mains. Il est notre souverain rempli d'amour. Tout ce qui nous arrive n'est ni lié au hasard ni à la volonté morbide d'un dieu sadique. Tout concourt au bien de ceux qui sont appelés selon son dessein[6]. Nos souffrances actuelles ou futures font partie de son plan et doivent nous apprendre beaucoup de choses sur nous-mêmes, sur Dieu et sur ceux qui nous entourent. Rien n'est vain.
- Oui, tu as raison, admit Montaine. Nous n'avons pas à juger, ou à prendre peur de ce qui arrive aux uns et aux autres. Dieu sait ce qu'il fait. Nous n'avons pas à craindre l'avenir, ni à redouter les épreuves, si nous lui faisons confiance jour après jour. Il nous donnera le courage au fur et à mesure que nous nous confierons en lui pleinement.
- C'est dans le calme et la confiance qu'est notre force[7] ! s'écria Pauline, triomphante. Dans le calme pour voir comme Jésus voit, au-delà de l’agitation et du tumulte ; et dans la confiance en lui, qui a tout accompli, qui est souverain, et qui dispose des temps comme il l'entend… Je n'avais jamais compris ce verset aussi bien qu'aujourd'hui.
- Je me demande par quelle souffrance je vais devoir encore passer pour que Dieu guérisse cette blessure ? s'inquiéta Montaine.
- Tu n’es pas obligée de passer encore par une longue épreuve, le Seigneur peut le faire maintenant ! la rassura son amie.
- Oui, admit Montaine, soudain subjuguée par une conviction divine. Au fur et à mesure que tu parles, je vois des pelletées de sable qui bouchent mon ornière. Je sens un miracle s'accomplir au fond de mon âme, une guérison intérieure inexplicable, mais ô combien réelle et délicieuse. Est-ce que tu le ressens aussi ?
- Oui ! s'exclama Pauline, radieuse. Dieu a mis en lumière des zones d'ombre ; il est venu explorer avec nous des recoins sombres de notre âme, pour les éclairer et les débarrasser de toutes les pensées néfastes et récurrentes qui l’assombrissaient.
- Dieu veut secouer les tapis de mensonges poussiéreux qui alourdissent nos cœurs et les submergent de vagues de tristesse, comme autant de pensées morbides et dévastatrices ! murmura Montaine.
- L'indéfini conduit à la mélancolie et le flou induit à la tristesse, ajouta Pauline. Ces zones d'ombres tapies dans nos rouints nous amenaient malgré nous dans le chagrin et l’accablement...
- Mais en Christ, tout cela n'a plus de raison d'être ! Il les a dévoilées, il les a rebouchées ; et cela doit nous remplir de joie, de reconnaissance et d'espoir, car quand il a commencé une œuvre, il l'achève toujours ! triompha Montaine.
- Dieu est si surprenant ! Ses voies ne sont pas nos voies et ses pensées ne sont pas nos pensées, poursuivit son amie. Il nous y amène pourtant. Il veille sur nos vies avec amour et bienveillance. Il répond à nos cris. Il est le bon berger, jamais loin de ses brebis. Avec tendresse, il s'approche de leur oreille et leur dit de ne pas craindre, de relever la tête, car leur délivrance approche ! Nous n'avons rien à craindre, parce qu’il veille sur ses brebis !
- Ses paroles sont venues nous surprendre à pas feutrés, dans un murmure doux et léger, comme un ruisseau rafraîchissant et tranquille, conclut Montaine. Ainsi, nous avons senti nos rouints se refermer délicatement et à jamais, comme si un sable doux, chaud et réconfortant venait s'y déposer. Comme si toutes ces pensées morbides, semblables à des résidus de charbon, lentement amassés dans le fond de nos âmes, venaient d’être emportées sur les ailes du vent. Comme si un ruisseau coulant du ciel les avait immergées en emportant toute leur lie, jusqu'à ce qu’il n'en reste rien...
Anne Jully fit soudain irruption dans la pièce en secouant sa longue jupe de droguet[8] gris et sa capiche[9] couvertes de neige. Elle ramenait, de la remise, quelques carottes flétries enveloppées dans son tablier de coutil[10], et les fit rouler sur l'épaisse table de chêne. Marie lui emboîtait le pas, les bras chargés de bûchettes :
- Ouz avé oune boune courgnoule à c'tte heure[11] ! lança-t-elle à Montaine et Pauline, en tapant bruyamment ses sabots sur le seuil de la porte.
- Frete-té et mets-tu là[12] ! soupira sa mère en poussant gentiment sa fille vers l'âtre, tout en suspendant une marmite remplie d'eau à la crémaillère. Puis sans relever la tête de son ouvrage, Anne Jully proposa à Pauline de rester déjeuner avec elles.
- A part ch'ti Louis, j'sons entre gattes ! Eul pé a été posu los saunées avec ses fils. Demain, i pleumerons los fanferlus y los i ferons rôtir, avant de los mette en conserve dans l'adoube[13] ! ajouta Marie.
Ravies les jeunes filles s'affairèrent pour aider la mère à préparer un plat simple, robuste et goûteux de lentilles, agrémenté de gratons[14], de crème et de croutons rassis, pendant que Louis et Justine s'étaient mis à chanter à tue-tête :
- Fanferlu, gente fanferlu, fanferlu, i te pleumera[15] !
Et passant de la tête à la queue, le fameux passereau fut, en chanson, promptement et joyeusement dépouillé, car les enfants aimaient particulièrement cet oiseau à la chair délicate et se réjouissaient en espérant que la chasse fût fructueuse.
- Apaisez-vous et maquez vot achette d'nentilles los ch'tis ! Vot fricot va frédi [16]! les menaça Anne Jully qui savait que ses enfants préféraient les alouettes lardées à la soupe de lentilles.
De leur côté, Jean-Baptiste et ses fils s'étaient éloignés du village, en descendant des chemins encaissés entre des congères. Ils s'engouffrèrent dans cet épais manteau de neige qui étouffaient leurs voix et faisaient craquer leurs pas sur la glace. Ils se risquèrent dans un virage en tête d'épingle qui s'enfonçait dans les terres comme un précipice, puis débouchèrent sur des terres tellement inondées, qu'ils durent prendre mille détours pour trouver un gué. Après avoir traversé deux ou trois ruisseaux emprisonnés sous la glace, ils se retrouvèrent face à une nature paisible et grandiose, morcelée en champs à l'infini. Sans jamais s'enliser ni faire de faux pas au risque d'y perdre un sabot, les hommes s’engagèrent dans les longs sillons laissés par les charrues, qui étaient enfouis sous la neige. Après les avoir déblayés de leur manteau de glace, ils étendirent des centaines de mètres de pièges au-dessus des ornières, puis se cachèrent derrière une haie. À l'abri de la bise glacée, le père et ses fils attendirent patiemment qu'un vol d’alouettes découvre du ciel ces séduisantes saignées brunes sur l'immensité enneigée. Attirées par les grains d’orge répandus dans les collets, les alouettes s'abattirent soudain par centaines pour gratter le sol et picorer. Il ne fallut alors que peu de temps pour qu'un grand nombre d'entre elles se débattent frénétiquement, prisonnières et étranglées par les lacets de crin presque invisibles. Les chasseurs sortirent alors de leurs fourrés en poussant des grands cris de victoire. Et pendant que les rescapées s'envolaient, ils achevèrent leurs proies d'une brève torsion de cou, avant de les entasser, encore tièdes et palpitantes, dans leurs gibecières.
- On n'est pas beaucoup plus intelligents que tous ces zosiaux[17], soupira Pierre en arpentant le champ. Il suffit de quelques grains de convoitises et nous voilà séduits, saisis et désailés dans nos ornières. Finalement, chacun est asservi de ce qui triomphe de lui[18] !
Tout à ses méditations intérieures, il se taisait ; ce qui ne déplaisait pas à son père qui n'aimait aucune forme de bavardages. Dans le silence de la lande sauvage et glacée, Pierre prenait conscience qu’habituellement, il ne s'accordait pas suffisamment de temps pour écouter Dieu lui parler, tant il était occupé par les travaux des champs ou la traite des brebis. À cet instant, il comprit que le fait d'être sourd à la voix divine pouvait être risqué. Il fallait, désormais, qu'il y prenne garde, car il valait beaucoup plus qu'une alouette. Et son Père céleste ne désirait qu'aucun de ses enfants s'enlise et périsse dans les collets posés par l'ennemi de leur âme.
- Y rentrons cheu nous ? demanda soudain Etienne qui claudiquait dans les sillons durcis par le gel, à cause de ses sabots un peu trop grands.
- Ans-y ch'ti gars [19]! grommela Jean-Baptiste.
- Fanferlu, gente fanferlu, fanferlu, i te pleumera ! entonna alors gaiement le jeune garçon, arborant fièrement sa gibecière chargée d'alouettes.
Les trois hommes parcoururent des kilomètres de terres craquelées, puis s'engouffrèrent sous des tonnelles de hêtres et de trembles à demi renversés par le poids de la neige. Ils enjambèrent d’énormes racines mises à nu, s'entrelaçant tels des serpents, et retrouvèrent les gués qui cambaient les nombreux filets d'eau glacée. Ses passages étroits découpaient les champs et les bois en parcelles, où s'entrecroisaient des haies de ronces épineuses et une infinité d'herbes givrées, cassantes comme du verre. S'agenouillant au bord d'un petit ruisseau, Pierre brisa avec précaution son dôme de glace pour boire, et levant les yeux vers le ciel, il pria à voix basse :
- Garde-moi de tout piège ! Je ne veux pas tomber dans des pièges comme les alouettes ! Et c'est vers ta maison, Seigneur, que je veux marcher. C'est au ciel, qu'est mon héritage éternel. Là où le bonheur est sans mélange et où le péché ne règne plus ; là où l'amour et la louange émanent de la présence de Jésus.
[1]En berrichon : "Qu'est-ce qu'elle regarde par la fenêtre ?"
[2]Pièce servant de débarras.
[3] En berrichon : "Il ne fait pas chaud ! J'ai les doigts engourdis par le froid !"
[4] En berrichon : "Viens donc t'asseoir là qu'on discute !" (La cheminée était si grande et au ras du sol qu'on pouvait y entrer deux chaises pour se réchauffer au coin du feu).
[5]En berrichon : Ornières.
[6]D'après l'épitre de Paul aux Romains 8.28.
[7]D'après Esaïe 30.15.
[8] Tissu de qualité médiocre, fabriqué du XVIᵉ au XIXᵉ siècle, en étoffe grossière à chaîne de lin et à trame de laine, portée par les paysans.
[9] Capuchon en étoffe de laine blanche, couvrant les épaules et le bonnet.
[10] Toile faite de fil de chanvre ou de lin, souvent mélangée de coton, lissée et serrée.
[11] En berrichon :"Vous avez une bonne gorge maintenant !" autrement dit : "Vous parlez sans vous fatiguer depuis longtemps !"
[12]En berrichon :"Frotte-toi et mets-toi là !"
[13]En berrichon :"Reste chez nous Pauline ! À part le petit Louis, nous sommes entre filles ; le père est parti poser des collets (en crin de cheval destinés à piéger les oiseaux) avec ses fils. Demain, nous plumerons les alouettes et nous les ferons rôtir, avant de les mettre en conserve dans la graisse !"
[14]En berrichon : Lardons.
[15]En berrichon : "Alouette ! Gentille alouette ! Alouette, je te plumerai !"
[16]En berrichon : "Taisez-vous et mangez votre assiette de lentilles les petits ! Votre repas va refroidir !"
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