vendredi 22 mars 2024

Présentation des familles Gaugue et Chollet

 


Présentation des familles Gaugue et Chollet

 

Jean Baptiste Gaugue (1784 - 1847) Laboureur - Marié le 24 février 1810 avec Anne Jully Coco (1792 - 1862). De leur union sont nés 9 enfants :

·         Baptiste (1812 - 1890)

·         Pierre (1815-1870)

·         Anne Jully (1817-1818)

·         Montaine (1819-1883)

·         Etienne (1822-1870)

·         Marie (1825- ?)

·         Louis (1828- ?)

·         Justine (1831- ?)

·         Marguerite (1835-1835)

 

Sylvain Chollet (1787-1866) Meunier – Marié le 30 octobre 1809 avec Catherine Chabin (1788- ?) De leur union sont nés 9 enfants :

·         Augustin (1810-1887)

·         Justin (1812-1813)

·         Sylvain (1814-1880)

·         Françoise (1816-1816)

·         Pauline (1818-1847)

·         Jean Victor (1819-1900)

·         Solange (1822-1824)

·         Auguste (1824- ?)

·         Honorine (1826-1826)

 


Mais avant de vous immerger dans cette nouvelle éponyme[1], laissez-moi vous partager l'histoire de Sainte Montaine, transmise par les conteurs depuis le VIIIe siècle, lors des longues veillées berrichonnes :

Au cœur des landes malsaines couvertes de bruyères et de fougeraies vénéneuses se cachait une morne bourgade où s'étalaient quelques tristes masures de briques moussues. Là, vivait une pauvre métayère rustre et roublarde qui avait pour habitude de négocier avec des mercenaires. Un matin de printemps, l'un d'eux lui vendit un bébé empaqueté dans une souquenille[2]. Cette enfant était en réalité la fille cadette du roi Pépin le Bref et de son épouse Berthrade. Alors que ce roi batailleur et cruel avait déjà donné naissance à deux fils -Charlemagne et Carloman - il ne pouvait concevoir comme autre progéniture qu’un solide gaillard capable de guerroyer pour conquérir l'Europe, avec ses frères. Quand la reine enfanta une fille, le roi missionna un guerrier de confiance de le débarrasser de ce "maudit" avorton. Mais le mercenaire préféra vendre la petite Montaine plutôt que de l'abandonner dans les bois infestés de loups. Il galopa avec elle toute la nuit, et traversa une région de marécages putrides avant de s’arrêter dans une ferme, pour se ravitailler. Affamé, il était prêt à céder son paquetage contre une bolée de cormé[3], une omelette et une miche de pain bis[4]. Il faut préciser qu’à cette époque, il était courant de vendre quelque marmaille comme souillon[5]. Le sort de l'enfant fut donc décidé : elle grandirait ici, perdue dans ces bois insalubres, infestées de fièvres malignes. Elle s'userait aux travaux ou mourrait de faim, serait souillée par un rustaud et pourrirait là, sans que le roi l'apprenne, ou qu'un berrichon ne soupçonne sa lignée princière. Mais grâce à Dieu, la pauvre maigrelette survécut à la cruauté de son père, puis aux brimades de sa méchante maitresse, qui n’était autre qu’une soularde dévergondée. Elle grandit dans cette contrée reculée, obéissant aux ordres tout aussi cruels qu'absurdes de la métayère. Accoutrée de chiffons rapiécés et pataugeant journellement dans la boue pestilentielle, elle n'en demeurait néanmoins pas moins belle, croissant telle un iris fraîchement éclos au bord des marais. Cependant, les bois d'antan n'étaient pas propices aux contes de fées et les princes ne s'y hasardaient guère. Pour unique prétendant, la jeune souillonne dut se contenter d'un pauvre chevrier, complètement abruti, rongé par la gale et les teignes, et battu à en avoir le postérieur tanné. Bien que le garnement essayât à maintes reprises de la coincer dans une grange pour quelques bécots baveurs, la jeune fille sut bien se défendre. Quand les journaliers commencèrent, eux aussi, à rôder autour d'elle, ils attisèrent la jalousie de sa matrone. Irritée par le succès de l'innocente jouvencelle, elle ne manqua pas de la rudoyer, et finit par l’envoyer garder les moutons dans des prairies lointaines. Ainsi, la seule tâche qui lui incombait à la ferme, c'était de puiser de l’eau à la fontaine qui gargouillait à quelques sabotées de là, dans un bosquet d'aulnes glutineux.

Un matin d'hiver, en dépit des morsures du climat, la jeune bergère s’y rendit, les mains soudées à l'anse de sa cruche gelée. Hélas, entravé par une ronce, son sabot la lâcha et la fit trébucher. Elle s'affala dans la boue glacée et sa cruche se brisa. Penaude et tuméfiée, elle dut expliquer à sa patronne le méfait. Éclatant de rage, la bougresse lui balança un panier en osier en plein visage et s'égosilla : "Embouse béniot ! Va diôr, gregandin ! Lape donc l'bourolle et va quarre d'l'iau à la font ! [6]"

Accomplir cet ordre insensé relevait du miracle, mais la jeune fille, n'ayant d’autre choix que d'obéir à sa mégère, s'exécuta. Le dos courbé et les mains transies sur le panier, elle affronta encore une fois la bise, jusqu'à la fontaine enneigée. Puis elle réapparut bientôt, tel un ange descendu du ciel, avec son panier d'osier rempli d'eau à ras bord. Abasourdie, la matrone en perdit aussitôt sa verve et se prosterna aux pieds de sa servante, la suppliant de bien vouloir lui pardonner sa méchanceté. La nouvelle de ce prodige se répandit dans le bourg comme une traînée de poudre et fut bientôt connu de toute la Sologne. Ce pitoyable hameau, qui n'était qu'un ramassis de gredins infâmes et de pochards[7] invétérés, devint contre toute attente un lieu de pèlerinage. De partout on venait embrasser les mains de Montaine, la priant de bien vouloir renouveler ses merveilles, de guérir les malades et de rendre les épouses fertiles. Personne ne saurait dire si tous ces badauds étaient exaucés, mais ils étaient éblouis par la beauté de la jeune bergère qui se retira bientôt dans une abbaye, où elle coula des jours paisibles jusqu'à la fin de sa vie. Qui aurait pu soupçonner l'issue de cette pauvre enfant ? Qui aurait pu croire qu'un simple panier rempli d'eau allait bouleverser son existence ?

C'est ainsi qu'au VIIIe siècle, l'histoire de la fille exilée de Pépin le Bref et de Berthe aux grands pieds marqua de façon indélébile la Sologne, dont Montaine devint la sainte patronne. Son prénom fut donné à la commune où elle avait grandi, près d'Aubigny-sur-Nère, et on institua un pèlerinage l'honorant le lundi de Pentecôte. Près de la source où elle tirait son eau, on construisit une chapelle, dans laquelle un reliquaire abrita sa coiffe. Légende ou réel acte divin, quoi qu'il en soit, personne ne rendit gloire à Dieu pour cette vie protégée des assauts cruels et pervers. Inaptes à comprendre cet acte prodigieux, les contemporains de Montaine détournèrent la gloire de Dieu en légende humaine, donnant à une source des pouvoirs magiques imaginaires. Aveuglés par leur foi dénaturée, ils ne réalisèrent pas que leurs actes idolâtres étaient un véritable affront au vrai Dieu, qui demeure le seul souverain, au-dessus de toutes les histoires et de tous les royaumes de ce monde.

Il serait aujourd'hui facile de mépriser ces pauvres paysans misérables et illettrés ; mais plutôt que de les juger trop promptement, je vous invite à découvrir la vie de leurs descendants. Cela vous permettra peut-être d'examiner attentivement votre propre foi, et de rendre grâce à Dieu pour toutes les bénédictions qu’il a mises à votre portée. Quand tout va bien dans notre vie, nous pouvons croire que Dieu suffit à notre bonheur et que nous avons trouvé la plénitude en lui ; mais si, comme dans cette histoire, tout ce qui fait notre joie est anéanti, si les épidémies progressent et la pauvreté augmente, si l'apostasie devient pesante et l'obscurantisme désarmant, si nous ne voyons plus que douleurs et frustrations, que deviendra notre foi ? N'a-t-elle pas besoin d'être épurée et affermie ? Et peut-être que, comme ces pauvres paysans, trouverons-nous finalement quelques idoles cachées au sein de nos communautés, de nos maisons ou de nos cœurs ?

 

Suite

[1] Récit court proche du roman, auquel le personnage principal donne son nom.

[2] Longue blouse de travail.

[3]Fruits d'automne, entre la poire et la nèfle, savoureuses et nourrissantes qui se mangent blettes ou en confiture, en sirop, en liqueur, en vinaigre, en gâteau ou en tarte et dont on fait aussi du cidre en fût de bois vert.

[4] Pain semi-complet de la couleur du lin et contenant du son.

[5] Servante.

[6]En berrichon : L'expression décrit celui qui enduit une ruche d'osier de bouse de vache. Par extension, on parle là d'une personne peu douée. La suite de cette injonction signifie : "Va dehors, idiote ! Prends le panier d'osier et va chercher de l'eau à la fontaine !"

[7]En argot : alcooliques.

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