mardi 16 février 2016

Les relations personnelles de la Trinité



Cette leçon est tirée du livre intitulé A Body of Doctrinal and Practical  Divinity (book 1, chapter 27 «Of the personal relations; or relative properties which distinguish the three divine persons in the Deity» du théologien  baptiste John Gill (1697-1771).

. La doctrine de la Trinité est difficile mais essentielle à la foi chrétienne.
. Cette doctrine a toujours été l’objet de féroces attaques à toutes les époques de l’histoire de l’église de Jésus-Christ.
. Il est d’une importance capitale de bien saisir le principe selon lequel une erreur conduit invariablement et sûrement vers d’autres erreurs graves, voire fatales spirituellement (l’unité et l’organicité des Écritures). 


I) CE QUI DISTINGUENT LES 3 PERSONNES DE LA TRINITÉ

Nous nous devons d’éviter très soigneusement quoi que ce soit qui enlèverait quelque chose à leur ÉTERNITÉ, à leur ESSENCE et à leur ÉGALITÉ. 
Un truc pour retenir: ce sont les 3 «E».
Les trois personnes ont toujours été, sont et seront toujours:
. Co éternelles
. Co essentielles
. Co égales.
Chaque personne a toujours été, est et sera éternelle
. Chaque personne a toujours été, est et possède la même essence (nature) avec tous les attributs.
Chaque personne a toujours été, est et demeurera égale.

. Leur mode de subsistance (leurs relations personnelles)
-ce mode est absolument unique
-ce mode est impénétrable
-ce mode est incompréhensible
-ce mode est inexplicable
-ce mode est incomparable

La génération éternelle du Fils par le Père
La nature de la relation éternelle entre le Père et le Fils est communément appelée la «génération», tandis que la relation entre le Père et le Fils, d’un côté, et le Saint-Esprit, de l’autre, est appelée la «procession». 
Par «génération éternelle», on entend «émanation éternelle». 

Quand Jésus a dit: "Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même" (Jean 5: 26), il parlait d’une communication éternelle de la vie du Père au Fils. 

Le terme «procession», appliqué au Saint-Esprit, a à peu près le même sens que le terme «génération» par rapport au Fils, sauf que le Saint-Esprit «procède» à la fois du Père et du Fils.
Les trois sont égaux. Cela n’exclut pas cependant l’arrangement selon lequel le Père est le premier, le Fils le deuxième et l’Esprit troisième. Cela ne veut pas dire qu’il y ait différence quant à la gloire, la puissance ou la durée de l’existence, mais simplement quant à l’ordre.
L’Esprit et le Fils sont égaux, bien que subordonnés au Père. 
Cette subordination est volontaire et non obligatoire. 

Psaume 2: 7 "Je publierai le décret; L’Éternel m’a dit: Tu es mon fils! Je t’ai engendré aujourd’hui."
Le mot «aujourd’hui» dénote le présent universel, l’éternel maintenant.

 Jean 1: 14 "Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père."

Hébreux 1: 55 "Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit: Tu es mon Fils, Je t’ai engendré aujourd’hui? Et encore: Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils?"

Proverbes 8: 22-25 "L’Éternel m’a créée la première de ses œuvres, Avant ses œuvres les plus anciennes. J’ai été établie depuis l’éternité, Dès le commencement, avant l’origine de la terre. Je fus enfantée quand il n’y avait point d’abîmes, Point de sources chargées d’eaux; Avant que les montagnes soient affermies, Avant que les collines existent, je fus enfantée."

Beaucoup de théologiens conservateurs ont vu dans le texte de Proverbes 8: 22-31, une allusion à Dieu le Fils (La Sagesse). 
Cela n’indique-t-il pas que cette sagesse a été créée? Pas vraiment. 
Le mot hébreu qui signifie communément «créer» (Bara) n’est pas utilisé au verset 22; c’est le mot QANA qui est utilisé. 
Ce mot signifie presque toujours «obtenir, acquérir».
La version Darby traduit  "L’Éternel m’a acquise..."

Ce sens est donc légitime et, si on comprend la Sagesse comme une personne réelle (Dieu le
Fils), le fait que Dieu ait possédé la sagesse voudrait tout simplement dire que Dieu le Père a commencer à diriger et à faire usage de la puissance créatrice de Dieu le Fils au moment où la création a commencé: le Père a invité le Fils à participer à son œuvre de création. 
Le terme «enfantée» aux versets 24 et 25 est un terme différent mais qui pourrait avoir un sens similaire: le Père a commencer à diriger et à faire usage de la puissance créatrice du Fils dans la création de l’univers. 

Jean 3: 16 "Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle."

La version anglaise King James utilise le terme «only begotten Son» que l’on pourrait traduire par «seul engendré». 
Ce terme mène vers la confusion parce qu’elle suggère que le Fils serait «engendré» dans le sens humain du mot comme dans Matthieu 1: 2 "Abraham engendra Isaac".   
Il semble que la version française aurait une traduction plus exacte car le sens va plus vers l’idée «UNIQUE». 

1 Jean 4: 9 "L’amour de Dieu a  été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui."

La procession éternelle (le Père et le Fils envers le Saint-Esprit)
Jean 15: 26  "Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi."

Jean 14: 26  "Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit."

Galates 4: 6  "Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: Abba! Père!"

Ces deux vérités à propos de la Trinité (la génération éternelle et la procession éternelle) a parfois été résumée par la formule: «égalité ontologique mais subordination économique», où le mot ontologique, signifie relatif à l’être et le mot économique comme désignant les différentes façons dont les trois personnes agissent lorsqu’elles entretiennent des relations avec le monde et entre elles de toute éternité. 
Le mot économie étant utilisé dans son sens plus ancien «d’organisation des activités».
Une autre façon d’exprimer cela plus simplement consisterait à dire que les membres de la Trinité sont «égaux en ce qui concerne leur être mais subordonnés en ce qui concerne leurs rôles». 

Le théologien baptiste Augustus Strong a bien exprimé cette réalité: «Le Père, le Fils et le Saint-Esprit, bien qu’égaux en essence et en dignité, respectent un certain ordre en ce qui concerne leur personnalité, leur fonction, et leur activité... La subordination de la personne du Fils à la personne du Père, ou en d’autres termes la différence de personnalité, de fonction et d’opération qui permet au Père d’être officiellement le premier, au Fils d’être le deuxième et au Saint-Esprit d’être le troisième, est parfaitement compatible avec l’égalité. La priorité n’est pas nécessairement la supériorité... Nous reconnaissons clairement une subordination éternelle du Christ au Père, mais nous maintenons en même temps que cette subordination est une subordination relative à l’ordre, la fonction et l’activité, et non une subordination relative à l’essence.»

 
II) LES OBJECTIONS HISTORIQUES ET HÉRÉTIQUES
L’enseignement de l’Écriture relatif à la Trinité se résume dans les trois affirmations suivantes:
. Dieu est trois personnes
. Chaque personne est pleinement Dieu (même essence, éternelle et égale)
. Il y a un seul Dieu.
Les erreurs doctrinales relatives à la Trinité ont vu le jour de la négation de l’une ou l’autre de ces affirmations fondamentales. 

Rappelons certaines de ces erreurs: 

A) Le modalisme
Le modalisme affirme qu’il y a une seule personne qui nous apparaît sous trois formes (ou «modes») différentes.
À diverses époques des gens ont enseigné que Dieu n’était pas réellement trois personnes distinctes, mais une seule personne qui apparaît aux gens sous différents «modes» à différents moments. Par exemple, dans l’Ancien Testament Dieu est apparu comme «Père». Tout au long des évangiles, cette même personne divine est apparue comme le «Fils» tel qu’il s’est manifesté dans la vie et le ministère terrestre de Jésus. Après la Pentecôte, cette même personne s’est révélée comme l’«Esprit» agissant dans l’Église.
Cet enseignement porte également deux autres noms. On utilise parfois le terme de «sabellianisme», d’après un théologien nommé Sabellius qui vivait à Rome au début du 3è siècle après Jésus-Christ. Un autre terme correspondant au modalisme est le «monarchianisme modaliste», parce que cet enseignement ne dit pas seulement que Dieu s’est révélé sous différents  «modes», mais aussi qu’il n’y a qu’un seul dirigeant suprême («monarque») dans l’univers et que c’est Dieu lui-même, qui n’est composé que d’une seule personne.
Il existe une dénomination au sein du protestantisme actuel, l’Église pentecôtiste unie, qui est modaliste dans sa doctrine.

À rejeter pour plusieurs raisons:
1) Nie les relations personnelles au sein de la Trinité qui apparaissent si souvent dans l’Écriture.
2) Nie la présence des trois personnes distinctes au moment où le Père parle du ciel et l’Esprit descend sur Jésus comme une colombe.
3) Nie toutes les situations où Jésus prie le Père (ils disent que ce sont des illusions).
4) Nie l’idée selon laquelle le Fils ou le Saint-Esprit intercèdent pour nous.
5) Mets en cause l’expiation, c’est-à-dire l’idée selon laquelle Dieu a envoyé son Fils en sacrifice substitutif, le Fils a subi la colère de Dieu à notre place, et le Père, représentant les intérêts de la Trinité, a vu la souffrance du Fils et a été satisfait (Esaïe 53: 11).
6) Nie aussi l’indépendance de Dieu, car si Dieu n’est qu’une seule personne, il n’a alors aucune possibilité d’aimer et de communiquer en dehors des personnes qu’il a créées. Il était donc nécessaire que Dieu crée le monde, ce qui implique que Dieu n’est pas indépendant de sa création.

L’arianisme Le terme arianisme vient d’Arius, un prêtre d’Alexandrie mort en 336 et dont les idées ont été condamnées au Concile de Nicée en 325 après Jésus-Christ. Arius enseignait que Dieu le Fils a été créé par Dieu le Père à un moment donné, et qu’avant ce moment le Fils n’existait pas, pas plus que le Saint-Esprit, mais seulement le Père. Par conséquent, même si le Fils est un être céleste qui existait avant le reste de la création et est bien plus grand que toute autre créature, il n’est pas égal au Père dans tous ses attributs –on peut dire à la limite qu’il est «comme le Père» ou «semblable au Père», mais on ne peut pas dire qu’il est de même nature que le Père. Les ariens étaient fortement tributaires des textes qui parlent du Christ comme du Fils «seul engendré» de Dieu (Jean 1: 14, 3:16,18, 1 Jean 4)

Si le Christ a été «engendré» par Dieu le Père, raisonnaient-ils, cela doit signifier qu’il a été amené à l’existence par Dieu le Père (car le mot «engendrer» dans l’expérience humaine fait référence au rôle du père dans la conception d’un enfant). Ils s’appuyaient également sur Colossiens 1: 15: "Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création."
L’expression premier né de toute la création n’implique-t-elle pas ici que le Fils à un moment donné a été amené à l’existence par le Père? 
Et s’il en est ainsi du Fils, il en est aussi nécessairement ainsi du Saint-Esprit. 
Mais ces textes ne nous obligent pas à adhérer à la position arienne. 

Colossiens 1: 15 signifie plutôt que le Christ possède les privilèges de l’autorité et du gouvernement, les privilèges appartenant au «premier né », sauf que lui règne pour toujours sur l’ensemble de la création.
Les ariens s’appuyaient également sur la traduction erronée de Proverbes 8: 22 par les auteurs de la Septante: «L’Éternel m’a créée...», au lieu de l’Éternel m’a acquise ou possédée.
Les témoins de Jéhovah sont des ariens des temps modernes. 

D’autres variantes à rejeter:
Le subordinationisme : Enseignement hérétique selon lequel le Fils est inférieur ou «subordonné» dans son être à Dieu le Père.

L’adoptionisme: Faux enseignement selon lequel Jésus vécut en homme ordinaire jusqu’à son baptême, moment où Dieu «l’adopta», faisant de lui son «Fils» et lui conférant des pouvoirs surnaturels: cet enseignement nie donc la préexistence de Jésus et sa nature divine. 

Le Socinianisme: Cet enseignement hérétique développé au 16è siècle affirme que le Fils n’a pas toujours été Fils éternellement (Christ n’a été Fils de Dieu qu’à partir d’un moment dans le temps: pour certains, à la naissance par Marie, d’autres au moment de son baptême, d’autres à la transfiguration et d’autres à la résurrection). 

Rappelons-nous toujours que l’éternelle génération et l’éternelle procession exclut absolument:
. Toute création d’une personne de la Trinité
. Tout commencement d’existence d’une personne de la Trinité
. Toute forme de dérivation physique.
. Tout acte de la volonté mais seulement une nécessité interne. 


III) IMPORTANCE DE LA DOCTRINE

A) c’est une doctrine essentielle.
Sans la «génération éternelle», la doctrine de la Trinité ne peut être supportée (John Gill).
Sa négation remettrait en question d’importantes doctrines sur Dieu comme son amour éternel (un amour doit avoir un objet) et son immuabilité.

B) c’est une doctrine qui comporte de graves conséquences.
Il est primordial de comprendre que toutes les doctrines de la Bible sont inter reliées. 
Une erreur conduit toujours vers d’autres erreurs. 
La Trinité est fondamentale et influence le développement, la compréhension et la cohésion d’autres doctrines fondamentales: la rédemption, la justification, le pardon des péchés, l’expiation, la propitiation, l’élection, etc.

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