Erino Dapozzo (1905-1974) raconte :
“En 1944, je fus condamné à mort par une cour martiale. Toutefois, comme j’avais une femme et quatre enfants, ma peine fut changée en un emprisonnement dans un camp spécial.
Neuf mois après, je ne pesais plus que 39 kilos et mon corps était couvert d’ulcères. J’avais le bras gauche cassé et on laissait la fracture guérir sans aucun soin.
Le soir de Noël, alors que je me trouvais dans la baraque des prisonniers, en compagnie d’autres, le commandant me fit appeler.
Lorsque je me présentais, je le trouvais attablé devant un plantureux repas de réveillon.
Il m’obligea à me tenir au garde-à-vous pendant tout le temps qu’il mangeait et mit une heure à tout manger. C’était une façon de me torturer, car cet homme savait que j’étais chrétien et que je parlais de Jésus-Christ à mes compagnons de misère.
Dans mon coeur, j’entendis la voix de Satan, qui me dit :
– Crois-tu toujours au Psaume 23 : Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien ?
J’élevais mon coeur dans la prière, et je dis en toute confiance :
– Oui, j’y crois !
Un soldat entra, apportant une tasse de café fumant et des gâteaux. Puis le commandant se tourna vers moi et dit :
– Ta femme est une très bonne cuisinière. Depuis sept mois, elle t’envoie chaque mois un colis de pâtisserie, que j’apprécie énormément chaque fois !
Je savais que ma femme et mes quatre enfants, au cours de cette guerre, manquaient de nourriture, et que ma femme devait avoir pris sur ses maigres rations la farine et le beurre pour faire des gâteaux.
Cet homme se gavait donc de la nourriture dont mes enfants étaient privés. Satan parla de nouveau à mon âme :
– Déteste ! Hais-le ! Maudis-le !
Une fois de plus, je priais Dieu et je ne ressentis pas la moindre haine pour lui dans mon coeur.
Mais combien je désirais qu’il me donnât, ne fût-ce qu’un tout petit morceau de gâteau, pas pour le manger, mais tout simplement pour le regarder et me rappeler les visages de mes enfants!
Hélas, l’homme mangea tout et me lança de nouveaux sarcasmes.
– Commandant, lui dis-je, comme vous êtes pauvre! Moi je me considère riche, parce que je crois en Dieu, et Jésus-Christ m’a sauvé de mes péchés.
A ces mots il entra dans une violente colère, me lança une bordée d’injures et me renvoya à la baraque.
A la fin de la guerre, je fus relâché comme les autres prisonniers. Dès cet instant, je me mis à la recherche de mon tortionnaire.
La plupart des officiers qui avaient commandé les camps de déportation avaient été fusillés, mais j’appris que mon homme avait réussi à prendre la fuite grâce à un astucieux déguisement.
Pendant une dizaine d’années, je poursuivis mes recherches, et découvris finalement le lieu où il habitait. Accompagné d’un autre chrétien, je me rendis chez lui.
Au premier abord il ne sembla pas me reconnaître.
– Vous souvenez-vous de Noël 1944 ? dis-je. Je suis le matricule 175 !
Il devint blême et se mit à trembler. Sa femme qui se tenait à côté de lui, fut saisie d’une peur panique.
– Etes-vous venu … vous venger ?
– Il y a dix ans que je vous cherche ! répondis-je.
J’ouvris un paquet que nous avions apporté, en sortis un grand gâteau, et demandai à la femme de nous faire du café. Ensuite, tous les quatre, nous bûmes le café et mangeâmes le gâteau.
Le visage inondé de larmes, l’homme me demanda pardon.
– Je vous ai pardonné à cause de Jésus-Christ à l’instant même où vous m’aviez persécuté, lui dis-je.
Environ deux ans plus tard, cet homme et sa femme mirent leur confiance dans le Seigneur Jésus-Christ et devinrent, avec leur famille, des chrétiens rayonnants.”
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