La joie d'aimer

Quand on est dans la période des fiançailles et plus précisément ce que l'on appelle communément "le printemps de l'amour" la relation qui lie les deux partenaires semble idyllique, romantique et quelque peu euphorique.

Et si tel n'est pas le cas, on peut se demander si les deux protagonistes sont réellement amoureux.

Les saisons de l'amour :

La plupart des couples traversent plusieurs étapes au sein du mariage.

Les relations sont comme les fleurs d'un jardin : pour qu'elles s'épanouissent et fleurissent, il faut en prendre soin, en tenant compte des saisons et des aléas de la météo.

Le printemps de l'amour :

C'est une période qui commence quand on tombe amoureux.

A ce moment, on a l'impression de voler sur un nuage et qu'on sera toujours heureux.

On a l'impression que notre amour sera éternel et toujours aussi fort; c'est le printemps de l'innocence.

C'est un moment de félicité où tout semble parfait et fonctionne sans difficulté.

Notre partenaire nous semble idéal.

L'été de l'amour :

A cette période, on comprend que notre partenaire n'est pas aussi idéal que nous l'avions imaginé et que nous devons travailler pour maintenir une relation saine.

Les frustrations et les déceptions apparaissent; il est alors plus difficile de donner et de recevoir de l'amour.

Nous découvrons que nous ne sommes pas toujours heureux et aimants; notre image de l'amour a changé.

Les couples qui ne sont pas prêts à travailler à ce que leur relation tienne, abandonnent, les autres font des efforts pour poursuivre leurs relations, en redoublant d'amour (agape).

L'automne de l'amour :

Après avoir prodigué les meilleurs soins pendant l'été, c'est le moment de récolter les fruits de notre labeur.

C'est une période riche et gratifiante.

Notre amour a plus de maturité et nous savons mieux accepter et comprendre les imperfections de notre partenaire comme les nôtres.

C'est le moment de l'action de grâce et du partage, du repos et de l'appréciation de l'amour que nous avons créé.

L'hiver de l'amour :

C'est le temps du repos, de la réflexion et du renouveau.

Dans nos relations de couple, c'est le moment de guérir nos problèmes non résolus.

C'est un moment de croissance solitaire, d'hibernation…

Puis après nous être aimés et guéris dans la pénombre de l'hiver, le printemps revient et une fois de plus, nous nous retrouvons animés par l'espoir, l'amour et l'abondance des possibilités.

Mais la plupart des couples mariés sourient à l'évocation de ce printemps plein d'espérances joyeuses avec nostalgie peut être, mais surtout avec cynisme.

Ils se disent qu'il faut bien profiter de cette parenthèse enchanteresse car elle ne dure que quelques mois… avant que les idéaux et les illusions ne se transforment en dure réalité !

D'où le proverbe allemand : "l'amour rend aveugle et  le mariage rend la vue." !

Ce proverbe est-il inévitable et vrai ? Et de quelle sorte d'amour parle-t-on alors ?

Est-ce l'amour Agape, Phileo ou Eros ?

Ce n'est pas l'amour Agape, puisqu'il est inconditionnel et sacrificiel, ni même l'amour Phileo, tendre et affectueux ; mais il s'agit ici de l'attirance physique et sensuelle décrivant le désir amoureux.

En effet, l'amour Eros n'est pas raisonné voilà pourquoi on pourrait dire qu'il est aveugle ; il met en veille la zone cérébrale responsable du jugement et submerge le cerveau de phéromones et d'hormones (dopamine pour la motivation, endorphine pour le plaisir et l'euphorie, sérotonine pour le bien-être, ocytocine pour l'attachement et aussi œstrogènes et testostérone pour le désir sexuel).

Dans un premier temps, Eros, c'est le cœur qui palpite, des papillons dans le ventre, des mains moites, un sourire béat, une sensation de parenthèse hors du temps et de flotter sur un nuage, une insouciance puérile, une attirance magnétique…

Puis Eros s'allie à Phileo, plus raisonnable, stable et tendre.

Phileo n'est pas aveugle ni irraisonné, c'est lui qui suscite le désir de s'unir dans un projet commun, de fonder une famille, et c'est lui aussi qui allie l'amour à l'amitié, à la tendre complicité, à l'affection qui perdure jusque dans la vieillesse.

Dieu a créé le couple pour que toutes les formes d'amour s'y manifestent.

Eros allume la flamme et maintient l'attirance physique et sexuelle dans le couple.

Phileo lie le couple dans une amitié complice et unique et il entretient la flamme par des pensées, des paroles et des gestes d'affection et de tendresse.

Agape surpasse toute forme d'amour et les transcende parce qu'il est inconditionnel, sacrificiel et éternel.

Les trois formes d'amour sont complémentaires les unes des autres, ainsi Phileo ne doit pas remplacer Agape mais le complémenter.

Phileo

Dans la comédie musicale "un violon sur le toit", le personnage principal demande à son épouse :

"Est-ce que tu m'aimes ?"

En réponse, elle lui rappelle que depuis 25 ans elle lave son linge, prépare ses repas, nettoie sa maison, lui a donné des enfants, trait les vaches…

Et elle poursuit en disant : "Depuis 25 ans je vis avec lui, je me dispute avec lui, je meurs de faim avec lui ! Depuis 25 ans mon lit est le sien, si ça ce n'est pas de l'amour qu'est-ce que c'est ?"

C'est une bonne question. Qu'est-ce que l'amour ? De quels amours parle cette femme ?

Elle parle de l'amour Agape inconditionnel et sacrificiel, mais elle a oublié Phileo décrivant le lien tendre et affectueux, amical et confiant … Malgré le temps passé aux côtés de son mari et de tous les sacrifices et les peines qu'elle a enduré fidèlement pour lui et avec lui, elle a oublié de lui montré de la tendre affection. Elle a oublié Phileo !

Pourtant l'amour Phileo et ces autres formes Philoteknos ou  philostorgos unissant des parents à leurs enfants, Philandros unissant une femme à son mari, ou Philadelphos unissant des chrétiens entre eux est présent 26 fois dans le nouveau testament.

Ne sommes-nous pas souvent négligents envers cette forme d'amour ?

Ne nous laissons-nous pas tellement  préoccuper par nos devoirs et nos responsabilités conjugales, parentales, professionnelles ou spirituelles que nous en arrivons à négliger l'affection, la tendresse, l'amitié, la complicité au sein de nos relations ?

Nous sommes tellement absorbés à servir les autres que nous négligeons le plaisir d'être à leurs côtés, nous ne sommes plus réceptifs à leurs marques d'affection et encore moins conscients que nous devons leur en accorder.

Nous n'aimons pas toujours notre mari avec tendresse et passion, nous ne sommes pas toujours attentives à ses besoins, nous ratons de nombreuses occasions de l'encourager et de lui prouver que nous nous soucions de lui.

Pourtant l'apôtre Paul utilise le mot "Phileo" et nom "Agape" quand il encourage les femmes à aimer leur mari dans Tite 2.4.

 Agape est l'amour décrit dans 1 Corinthiens 13, cependant l'apôtre n'a pas choisi ce terme inconditionnel et sacrificiel pour encourager les épouses à aimer leur mari.

Il a choisi Phileo. En fait, dans les commandements spécifiquement destinés aux épouses, Agape n'apparait jamais. Cela ne signifie pas que les femmes sont dispensées d'aimer de cette manière, car le second commandement nous incite tous à aimer (agape) notre prochain.

Notre époux étant notre prochain (notre proche) le plus intime nous sommes sûres que nous devons l'aimer avec abnégation.

Les maris, en revanche, sont tous invités à aimer leur épouse de l'amour Agape.

Ephésiens 5.25 "Maris, aimez (agape) vos femmes, comme Christ a aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même pour elle…"

Les commandements bibliques spécifiques aux maris et aux femmes, concernant leurs devoirs matrimoniaux, témoignent en fait de leurs faiblesses respectives.

Les hommes sont moins enclins à aimer avec abnégation, aussi sont-ils exhortés à parfaire cet amour.

Les femmes, de leur côté, sont en général moins disposées à manifester leur tendre affection, d'où les instructions données en Tite 2.4.

En fait, les femmes continuent souvent à se sacrifier pour leur mari et à le servir, même lorsqu'elles n'éprouvent plus du tout de tendresse pour lui.

 Elles peuvent continuer à laver son linge, nettoyer la maison et lui préparer ses repas sans pour cela le respecter et avoir de l'affection pour lui.

Mais le commandement biblique d'aimer notre mari implique bien davantage que l'exécution de tâches ménagères. Nous sommes dans l'obligation de l'aimer avec passion, tendresse et affection. Il n'y a pas de clause suspensive au commandement d'aimer Phileo.

Le verset ne dit pas que les femmes doivent aimer leur mari s'il est chrétien, s'il change de comportement ou s'il le mérite.

Nous devons aimer notre mari avec tendresse et affection quelque soit son attitude en retour.

Aucune restriction ne s'applique à ce commandement.

Tout comme Agape, il s'agit aussi d'un amour inconditionnel qui ne doit pas s'appuyer sur des sentiments et des émotions mais sur la parole de Dieu.

Les époux ne doivent pas se demander s'ils doivent rester ensemble malgré les difficultés et les sentiments fluctuants, mais ils doivent plutôt se demander comment obéir aux commandements de Dieu. Nous devons rechercher l'aide de Dieu afin d'aimer comme il nous l'a ordonné.

Selon 1 Jean 4.19, nous pouvons nous aimer l'un l'autre, car Dieu nous a aimés le premier.

Dieu nous donne la volonté et la capacité d'accomplir ses plans quand nous nous confions en lui.

Quelque soit l'attitude de votre mari, qu'il soit addict à la pornographie ou aux jeux vidéo, à son travail ou à la télévision… qu'il soit chrétien ou non, qu'il fréquente l'assemblée des croyants ou non, l'épouse doit l'aimer d'une manière inconditionnelle et sacrificielle, en acceptant de souffrir tout comme Christ a souffert.

Dans ce cas, Agape prend le relais de Phileo et le transcende.

Dieu voit vos peines, vos larmes et vos souffrances et s'il les permet c'est qu'elles doivent concourir au perfectionnement de votre foi et à la maturité de votre nouvelle nature.

Dieu est compatissant pour nous consoler et nous donner sa paix au cœur même des difficultés, pour nous aider à les supporter et à les traverser victorieusement.

Hébreux 4.16 "Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins."

Discussion :

Y aurait-il des péchés qui nous priveraient de l'amour "Philandros" ?

Nous confions-nous en Christ pour qu'il transforme notre mariage à sa gloire et pas forcément selon nos intérêts ?

Se plaindre des faiblesses de son mari est de la médisance, abstenons-nous de ce péché.

Sur quelles qualités votre mari aimerait que vous vous concentriez dans les semaines et mois avenir ?

Croyez-vous que Dieu veut vous aider à progresser dans ce domaine et qu'il est capable de le faire ?

Comment le fait de prendre conscience de la miséricorde de Dieu à notre égard, en dépits de nos péchés et de nos défauts, peut-il influencer notre amour pour notre mari ?

Voyez-vous des preuves dans votre couple que vous négligez souvent l'amour Phileo ?

Si oui, de quelles manières ?

Quels péchés vous privent le plus souvent de la tendresse que vous éprouvez pour votre conjoint ? La colère ? L'amertume ? La tendance à critiquer ? L'orgueil ? L'égoïsme ? La peur ? La paresse ?...

Comment pouvez-vous garder votre cœur de ce péché ?

Est-ce que d'autres personnes ou d'autres choses sont devenues plus importantes que votre mari ? De qui ou de quoi s'agit-il ? Et pourquoi en est-il ainsi ?

Tite 2.4 dit que les jeunes femmes doivent aimer (Philandros) leurs maris et (Philoteknos) leurs enfants, à être tempérées dans leurs réactions et leurs désirs, pures, occupées aux soins domestiques, bonnes, agréables et joyeuses, soumises à leurs maris, afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée.

Comment pouvez-vous honorer l'évangile dans votre situation actuelle ?

Comment pourriez-vous changer votre façon de penser afin d'entretenir de tendres pensées pour votre époux ?

Vous sentez-vous écrasée par la sommes des changements exigés pour pouvoir aimer votre mari avec tendresse ?

Prions les unes pour les autres. 

                                                  Cet article contient des extraits du livre