mardi 5 juin 2018

La vérité affranchit

 Jean 8.32  "Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira."

Un secret de famille, c'est un savoir commun mais que l’on ne partage pas avec les autres membres de la tribu. Nul ne sait jamais qui sait quoi exactement.
Aussi, il crée une dynamique particulière au sein du groupe et engendre de lourds conflits, familiaux et individuels, qui se répercutent sur plusieurs générations.
Toutes les familles abritent des secrets. Petits ou grands, ils ont toujours des conséquences.
Leur gravité réside dans l’importance du secret, mais aussi dans l’insistance mise en œuvre pour le préserver.
Quand le clan familial s’impose le silence sur un événement, communiquer devient finalement impossible.
C’est ainsi que, porteurs de nos passés occultés, de nos bouts de mémoire manquants, les secrets de famille deviennent les maîtres silencieux de nombreux destins. 
Les contenus des secrets de famille touchent essentiellement la mort, les origines, la sexualité, la stérilité, le divorce, la maladie mentale, le handicap, les transgressions morales et/ou juridiques, les revers de fortune...
Le " secret des secrets ", c’est l’inceste, mais on dissimule aussi la double vie d'un papa, ou des parents n’acceptant pas leur stérilité tairont à leur enfant qu’il est né par insémination artificielle, ou qu’il a été adopté.
Par souci de respectabilité, on ne racontera pas que le petit dernier est un enfant adultérin.
On cachera l’existence de tante Adèle, qui s’est déroulée entre les murs d’un hôpital psychiatrique. Autrefois, on rayait purement et simplement de l’arbre généalogique les enfants morts en bas âge. 
S'il est important d'être complice avec ses enfants, cela ne signifie pas qu'il faille tout leur dire.
Il est essentiel de les préserver, certaines choses ne concernant que les adultes...
Les enfants qui grandissent dans des familles où il existe des secrets graves présentent souvent des troubles de leurs apprentissages scolaires.
Ils sont, par exemple, rêveurs, dissipés, ou concentrent leur intérêt sur une seule matière aux dépens de toutes les autres.
Considérés d'un point de vue extérieur, les secrets de famille consistent donc en événements gardés cachés sur plusieurs générations.
Mais, pour les enfants qui grandissent en y étant confrontés, l'important ne réside pas dans l'événement initial qu'il leur est de toute façon le plus souvent impossible à connaître.
Il consiste dans leurs questions et leurs doutes à son sujet, et, plus encore, dans les choix qui en découlent.
Face à cette souffrance dissimulée, l'enfant peut en effet réagir de trois manières différentes, qui peuvent chacune porter ombrage à ses apprentissages.
D'abord, il peut imaginer qu'il est lui-même le responsable de la souffrance qu'il pressent chez son parent et s'engager dans la voie de la culpabilité.
Cette manière de réagir est plutôt caractéristique de la petite enfance.
Dans les premières années de la vie, en effet, l'enfant se sent volontiers l'origine et la cause de ce qu'il perçoit chez les adultes qui l'entourent.
L'enfant plus grand imagine volontiers que ses parents sont coupables de quelques actes terribles qu'ils voudraient lui cacher.
Il n'est pas tant sujet à la culpabilité qu'à la perte de confiance en ses parents.
Cette perte de confiance peut s'étendre aux adultes auxquels ces derniers sont appelés à déléguer une partie de leur pouvoir, en particulier les enseignants.
Enfin, il est également possible que l'enfant perde confiance en ses propres capacités.
C'est le cas lorsqu'il est confronté à des parents qui lui affirment que les choses ne sont pas telles qu'il les a vues ou entendues.
L'enfant a alors l'impression de ne plus pouvoir faire confiance en ses propres capacités.
Il perd confiance en lui, et il peut finir par douter de la réalité de ce qu'il voit et entend, et même de l'ensemble de ses capacités psychiques.
Par ailleurs, les enfants qui grandissent dans une famille à secrets deviennent souvent à leur tour des adultes qui créent de nouvelles situations de secrets.


Si on sait aujourd’hui à quel point les secrets de famille peuvent être toxiques, on sait également qu’un surplus d’informations données précocement l’est tout autant.
Mais alors, comment choisir les bonnes informations à partager avec nos tout-petits ? 
C’est très simple, les enfants ont le droit de savoir ce qui les concerne directement.
Par exemple les modifications familiales, un déménagement, un décès dans la famille, leurs maladies ou celles de leurs parents.
Ils ont également droit de connaitre tout ce qui touche à leurs origines, leur place dans la filiation, leur éventuelle adoption.
Bien entendu, on ne s’adresse pas à un enfant de 3 ou 4 ans comme à un adolescent de 15 ans !
Il convient de se mettre à sa portée, de trouver des mots simples qu’il peut comprendre et de limiter les détails superflus qui risquent de le perturber.
Il n’est certes pas facile d’aborder les difficultés de la vie avec un tout-petit, mais c’est indispensable car il a des yeux, des oreilles et il voit bien que l’ambiance familiale est perturbée.
L’important, c’est de toujours accompagner les mauvaises nouvelles de messages d’espoir positifs : « Papa a perdu son travail, mais ne t’inquiète pas, on aura toujours le nécessaire pour vivre, manger, se loger, on touche des allocations. Ton père cherche un nouvel emploi et il va trouver. »
Préparez bien ce que vous allez dire, attendez de vous sentir suffisamment forts pour en parler calmement, sans inquiétude, sans avoir les larmes aux yeux.
Si un proche est souffrant, donnez l’information avec franchise et optimisme : « On est soucieux parce que ta grand-mère est malade, mais les médecins font tout ce qu’ils peuvent pour la soigner. On espère tous qu’elle va guérir. »


Même si cela semble brutal, un tout-petit doit être averti quand une personne importante de la famille décède, avec des mots simples, clairs et appropriés à son âge : « Ton grand-père est mort. On est tous très tristes, on ne l’oubliera pas car on le gardera dans notre cœur. »
Il est fondamental de ne pas employer des métaphores censées être moins dures pour de petites oreilles, du genre : « Ton grand-père vient de disparaître, il est monté au ciel, il est parti pour un long voyage, il nous a quittés, il s’est endormi pour toujours… ».
En effet, l’enfant prend tout au pied de la lettre et il est persuadé que la personne morte va revenir, se réveiller, réapparaître…
Prenez soin de lui parler en tête-à-tête, observez ses réactions, soyez à son écoute.
Si vous constatez qu’il a l’air triste, inquiet, craintif, incitez-le à vous dire ce qu’il ressent, rassurez-le et consolez-le.
Une fois l’information donnée, une fois que vous avez répondu à une ou deux questions, n’entrez pas dans des détails trop précis, voire trop crus.
Votre rôle de parent est, comme en toutes choses, de fixer des limites : « Je t’ai dit ce que tu dois savoir pour le moment. Plus tard, quand tu seras grand, on pourra bien sûr en reparler si tu le souhaites. On t’expliquera et tu sauras tout ce que tu veux savoir. »
Lui signifier qu’il y a des choses qu’il ne peut pas encore comprendre parce qu’il est trop petit marque une limite entre les générations et lui donnera envie de grandir…


Informer son enfant de ce qui le concerne c’est très bien, mais est-ce une bonne idée de lui dire ce qu’on pense des adultes qui l’entourent ?
De ses grands-parents par exemple, qui sont également nos parents…
Les relations des tout-petits avec leurs grands-parents sont très importantes et il faut effectivement les préserver.
On peut dire : « Avec moi, c’est compliqué, mais tu les aimes et ils t’aiment, et je vois bien qu’ils sont gentils avec toi ! »
Même bienveillance si vos beaux-parents vous tapent sur les nerfs.
Inutile de confier à votre tout-petit que votre belle-mère vous pourrit la vie, même si c’est vrai.
Il n’est pas le bon interlocuteur pour régler vos comptes…
En règle générale, il ne faut jamais demander à un enfant de prendre parti entre deux adultes qu’il aime bien.
S’il prend parti, il culpabilise et c’est très pénible pour lui.
Une autre figure essentielle dans la vie d’un tout-petit, sa maîtresse.
Là encore, même si vous ne l’appréciez pas, n’allez pas saper son autorité aux yeux de votre enfant. S’il se plaint d’elle et de ses méthodes, s’il est régulièrement puni à cause de son comportement en classe, ne rejetez pas d’office la responsabilité sur la maîtresse : « Elle est nulle, elle est trop sévère, elle ne connaît pas son métier, elle n’a aucune psychologie ! »
Dédramatisez plutôt la situation en aidant votre enfant à régler son problème, montrez-lui qu’il y a des solutions, des moyens d’action, des recours.


S’il est normal qu’un parent demande à son enfant où il sort et avec qui parce qu’il est responsable de lui, la réciproque n’est pas vraie.
La vie amoureuse et leurs problèmes de couple, ne regardent absolument pas les enfants.
Cela ne signifie pas qu’en cas de mésentente conjugale, il faille faire semblant que tout va bien. Personne n’est dupe quand la tension et le malaise se lisent sur les visages…
On peut dire à un tout-petit : « C’est vrai, nous avons un problème ton père et moi, un problème de grandes personnes. Cela n’a rien à voir avec toi et nous cherchons des solutions pour le résoudre. »
A cet âge, il ne sait pas quoi faire des confidences, c’est très lourd et pénible pour lui car il est pris dans un conflit de loyauté.
Chaque parent doit garder à l’esprit qu’un enfant ne peut être un confident, qu’on ne peut lui parler pour soulager sa conscience, se décharger de sa tristesse ou de sa colère, dénigrer l’autre parent, rechercher son approbation, le convaincre qu’on a raison et l’autre tort, lui demander son appui…

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