lundi 11 juin 2018

Parents efficaces




Le mode de communication que vous utilisez avec nos enfants, la façon dont on les écoute, la manière de nous faire entendre, et la façon dont nous résolvons les conflits avec eux, sont des compétences essentielles pour toute la vie ! 
Et nous pouvons tous les acquérir !
La méthode Gordon repose sur trois piliers :
► L’Écoute Active

►  ECOUTE ACTIVE

L'Ecoute Active est l'un des piliers de la Méthode Gordon. 
C'est plus que le silence. 
Elle consiste à écouter l'enfant avec attention, en accueillant vraiment ce qu'il dit, mais aussi ce qu'il ressent,  sans chercher immédiatement à donner une solution.

Quand l'enfant vit un problème (il est triste à cause de ses copains, inquiet pour un contrôle à venir...), c'est le moment de se mettre en Ecoute Active. 
La réponse du parent est simplement un reflet du message de l'enfant.
C'est à dire que le parent reformule ce qu'il entend, ou ce que l'enfant ressent, montrant activement qu'il se met à l'écoute de ce que vit son enfant.
Exemple : 

Votre fille rentre de l'école pas très bien, son visage est triste et fermé. 
Quand vous lui posez des questions, elle élude et part dans sa chambre. 
L'Ecoute Active débutera par une ouverture de porte, une invitation : 
« je ne te sens pas dans ton assiette ce soir, ça ne va pas ?"

Voici 2 solutions :

1. L'enfant dit : « Oh c'est rien, je suis fatiguée c'est tout »  
=> Ne pas insister, et laisser la porte ouverte : « Ok, tu sais où me trouver si tu souhaites m'en parler»

2. L'enfant lâche : « Je sais c'est ridicule mais c'est pas marrant d'être première de la classe »
=> Votre enfant a un problème, c'est le moment de vous centrer sur lui et d'écouter ce qu'il a sur le cœur en reformulant ses mots et son ressenti : 
« Tu veux dire qu'être première de la classe t'apporte des ennuis »
« Oui, ils disent tous que je suis la chouchoute de la maîtresse, ils se moquent de moi »
« Et toi tu te sens triste quand ils disent ça »
« Oui, j'ai l'impression que personne ne m'aime dans cette classe »
« Personne ne t'aime ? »
« Bon j'exagère, j'ai bien Marine et Anaïs mes copines, mais j'en ai marre d'Eva et Victoria »
« Si je comprends bien ce sont ces deux-là qui te posent problème »
« Oui, et je ne sais pas comment réagir. Je me sens idiote face à leurs moqueries, et du coup elles en profitent »

=> Aider son enfant à définir son besoin : 
« Tu as l'impression que ta gêne les encourage à se moquer de toi ? »
« Oui »
« Donc si tu arrivais à réagir différemment, tu te sentirais mieux ? »
« Oui »
« Qu'est-ce que cela permettrait d'important pour toi ? »
« Je serais détendue et heureuse »

=> Aider son enfant à trouver et choisir des solutions pour répondre à son besoin qui est : arriver à avoir une réaction face à leurs moqueries, qui te permette d'être détendue et heureuse. 
Débuter alors un vrai brain-storming en lui demandant ce qu'elle pourrait faire, par exemple :
« Je pourrais leur dire que je m'en fous d'être la chouchoute »
« Je pourrais leur dire que je me moquerai d'elles aussi quand elles seront première de la classe »
« Je pourrais dire pff et les ignorer »

=> Laisser l'enfant évaluer puis choisir la ou les solutions qu'il souhaite appliquer.
 
L'Ecoute Active laisse à l'enfant l'initiative de la conversation.
L'Ecoute Active nous permet de développer notre capacité d'aider notre enfant et de le conduire vers l'autonomie car il apprend à résoudre lui-même ses problèmes. 
Elle nous aide à faire découvrir à nos enfants ce qu'ils ressentent exactement. et  réduit leur peur des sentiments négatifs. 
L'Ecoute Active établit des liens chaleureux entre le parent et l'enfant car l'enfant se sent écouté et compris.
L'Ecoute Active amène l'enfant à être plus réceptif aux opinions et aux idées de ses parents. 

►  AFFIRMATION DE SOI - MESSAGE "JE"

Quand notre enfant fait ou dit quelque chose qui ne nous plaît pas, comment lui poser des limites ? Comment trouver la juste voie entre mal dire et ne pas dire ?

Le Message-Je permet de dire à l'enfant ce qu'on vit comme inacceptable, sans le blâmer. 
Il permet aux parents d'affirmer leurs besoins en responsabilisant l'enfant, et en lui donnant envie de collaborer.
Le message-Je est composé de trois parties :
- exprimer les FAITS objectifs, 
- expliquer les EFFETS tangibles et concrets sur soi,
- et donner son RESSENTI.
Émettre un Message-Je demande en premier lieu aux parents d'identifier ce qu'ils ressentent face au comportement de leur enfant. 
Quand on est irrité, inquiet ou en colère, communiquer avec un Message-Je est souvent efficace. On parle alors de soi, sans poser de jugement sur l'enfant. 
Cela permet d'être véritablement entendu !
Exemple : 
La chambre de mon ado est en désordre .ça fait des mois que je lui dis qu'il faut qu'il range, que c'est mauvais pour lui, tout ce souk... Rien ne change.

Réactions courantes :
" il y a quelque chose qui ne va pas ? Comment arrives-tu à retrouver tes affaires ?"
"comment veux-tu réussir à l'école si tu ne peux pas retrouver tes affaires ? 
Ne compte pas sur moi pour venir chercher tes affaires sales dans ta chambre!"
"si tu ne ranges pas ta chambre, pas question que ton copain dîne à la maison ce soir !"

Autant de stratégies qui se sont révélées infructueuses...!                

Nous allons alors employer le message "je"

1. Revenir à soi
Faire le point sur ce qu'il se passe pour vous. Sans doute êtes-vous choqué de l'état de sa chambre, voire inquiet. 
Vous vous dîtes peut-être qu'il va mal, que ce désordre cache autre chose, que dans sa tête c'est aussi confus que sa chambre...

En revenant aux faits : demandez-vous quels sont les faits, précis, observables, indiscutables , sans interprétation ni jugement. 
Évitez les : "ta chambre est encore dans un foutoir inacceptable". Préférez : "tu as deux paires de pantalons, des T shirts et beaucoup de tes affaires de classe par terre dans ta chambre."

Posez-vous la "vraie" question, en étant honnête avec vous : qu'est-ce que je ressens face à cette situation ? (pas je ressens qu'il va mal : là vous êtes centré sur l'autre). 
Préférez des ressentis à la première personne : par exemple : "je me sens inquiet et mal à l'aise quand je rentre dans sa chambre."

2. Se mettre à sa place
Demandez-vous : Quel est son besoin à lui ? Pourquoi cela ne le dérange pas d'avoir ce désordre ? Comment je me comportais sur ce sujet à son âge ? A quel besoin répond ce comportement de sa part?

3. S'exprimer avec un Message je d'affirmation
« Quand je vois tes deux pantalons, tes T shirts et tes classeurs d'école par terre, je suis inquiet et je me sens mal à l'aise dans cet environnement. » 
Le message je ici comprend la description des FAITS et votre ressenti. Vous ne donnez pas d'ordre à votre enfant, ni ne le sermonnez. 
Votre attitude montre que vous assumez ce que vous ressentez et que vous le laissez libre de réagir comme il l'entend. 
C'est une façon de l'accepter et de l'encourager à coopérer.

4. Ecouter activement sa réaction
Développer votre Ecoute active dans l'échange que vous aurez avec lui. 
Il répondra peut-être "Maman, tu me prends la tête, si cela te gêne tu n'as qu'à pas entrer dans ma chambre."

Reformulez ce qu'il ressent et les mots qu'il vous dit : " En fait cela t'embête quand je te dis cela ".
L'enfant : " Ben oui, faut pas que tu t'inquiètes, c'est pas la peine, j'ai vu bien pire que ma chambre, et puis moi je m'y sens bien."
Le parent : " Ok donc toi tu te sens bien dans ta chambre et tu penses que je ne devrais pas m'inquiéter de son état."
L'enfant : " Ben ouais..."
Et là on peut continuer l'échange en se réaffirmant puis en réécoutant...

5. Décodage
Nous sommes ici dans le cadre d'une collision de valeur. 
Dans cette situation, le comportement de l'enfant n'a pas d'effet tangible et concret pour le parent. (Il y aurait si l'enfant laissait du désordre dans le séjour, lieu de vie commun.) 
Les deux n'ont pas la même notion de l'ordre. Et finalement votre ado est en droit de vous dire que c'est SA chambre. 
Et de penser "mais qu'est-ce que cela peut te faire si c'est dans MA chambre..."

Thomas Gordon face aux collisions de valeur propose une résolution en deux temps :
1. S'affirmer et écouter l'autre pour bien comprendre le contenu du problème et bien mettre au clair les deux points de vue.
2. Choisir un processus de résolution de collisions de valeur : la Méthode Gordon classe alors différentes approches possibles pour résoudre les collisions de valeur en fonction du risque qu'elles comportent pour la relation. Ces solutions vont de : contraindre l'enfant (très risqué pour la relation), à changer ma valeur (peu risqué pour la relation si c'est un vrai changement de valeur, pas une négation de la nôtre.) Aux parents de choisir la plus adaptée.
►  RÉSOLUTION DE CONFLIT "SANS PERDANT"
Les conflits font partie de la vie, et tout particulièrement de la vie avec nos enfants !
Ce qui est important dans les conflits, c'est la façon dont on les aborde. 
Très souvent, nous n'avons dans notre "boîte à outils" de parents que deux options pour résoudre les conflits, et nous essayons de faire au mieux en naviguant entre ces deux alternatives :

- Etre autoritaire (le parent gagne / l'enfant perd)
- Etre laxiste (l'enfant gagne / le parent perd)

Thomas Gordon a mis au point une alternative à ces méthodes gagnant-perdant : La Résolution de Conflit sans Perdant.
Cet outil permet de trouver une solution qui répond à la fois aux besoins de l'enfant et aux besoins du parent.

Apprendre à résoudre les conflits efficacement et sans perdant renforce la relation parent-enfant !
Exemple : 
Matthieu, 13 ans, refuse de porter son blouson jaune pour se rendre au collège. Son père insiste pour qu'il le mette car il veut être assuré qu'il ne prendra pas froid.

Avec la méthode autoritaire :
Le père : "Matthieu, tu n'as pas mis ton blouson. Il fait froid et je ne veux pas que tu sortes sans être couvert".
Matthieu : "Pas question de porter ce blouson !"
Le père : "Pas question de te laisser sortir sans. Tant que tu vivras sous mon toit, tu feras ce que je te demande. Tu mets ton blouson et tu ne discutes pas !"
Matthieu se résigne à prendre son blouson ... et part en claquant la porte.

L'utilisation du pouvoir ou de l'autorité (ou plutôt dans ce cas, de l'autoritarisme) présente un avantage pour le parent : il obtient immédiatement ce qu'il souhaite. En apparence, dans cette situation c'est le parent qui gagne (qui décide) et l'enfant qui perd (qui obéit). Cette méthode présente aussi un certain nombre d'inconvénients :
  • Matthieu quitte la maison en claquant la porte, plein de rancoeur après son père. La relation est tendue.
  • Rien n'assure au père que Matthieu gardera son blouson sur lui une fois arrivé au collège. Le père est-il vraiment sûr d'obtenir ce qu'il souhaite?
  • Le père peut s'en vouloir d'avoir imposé son choix à son fils et regretter de s'être emporté.

Avec la méthode permissive : 
Le père : "Matthieu, tu n'as pas mis ton blouson. Il fait froid et je ne veux pas que tu sortes sans être couvert".
Matthieu : " Pas question de mettre ce blouson !"
Le père : "Tu vas prendre froid. J'aimerais vraiment que tu te couvres..."
Matthieu : "Pas question, il est trop nul ce blouson et puis j'ai pas froid !"
Le père : "Bon, fais comme tu veux..."

Ici c'est le parent qui se résigne à laisser sortir son enfant sans blouson alors qu'il se fait du souci pour son confort et surtout pour sa santé. 
Il laisse l'enfant choisir mais n'est pas satisfait de la situation (il est inquiet et peut avoir du ressentiment vis-à-vis de son fils car sa demande n'a été ni entendue ni respectée). 
Ici, c'est donc le parent qui perd (il se résigne) et l'enfant qui gagne (c'est lui qui décide).
Dans ces deux cas, nous avons un gagnant et un perdant et par conséquent une relation basée sur un jeu de pouvoir. 
Dans toute relation, l'utilisation du pouvoir mène immanquablement à des tensions (colère, désir de vengeance, sentiment d'impuissance, de dévalorisation de soi, de rancœur, de tristesse, etc.) et parfois même à une rupture totale de la communication et donc de la relation.
Les conflits quant à eux sont inévitables et nous permettent, s'ils sont gérés de manière constructive, de faire évoluer la relation en réajustant nos comportements. 
Le conflit est sain en lui même. 
C'est la façon dont nous le gérons, tantôt en imposant notre solution, tantôt en se soumettant à celle de l'autre, qui peut poser problème...

Même situation avec la méthode sans perdant : 
Le père : "Matthieu, tu n'as pas mis ton blouson. Il fait froid et je ne veux pas que tu sortes sans être couvert".
Matthieu : "Pas question de porter ce blouson !"
Le père : "Il y a quelque chose qui ne va pas avec ce blouson ..."
Matthieu : "Bah oui, il est ringard !"
Le père : "Il ne te plait plus"
Matthieu : "C'est clair !".... "En plus les autres se moquent de moi quand je le mets...ça craint..."
Le père : "Hmm je vois... ce doit être vexant que les autres se moquent de toi...".
Matthieu acquiesce.
Le père : "Donc, si je comprends bien, tu ne veux pas mettre ce blouson que tu trouves ringard et qui t'attire les moqueries de tes copains. Et de mon côté, j'aimerais être sûr que tu sortes bien couvert pour ne pas prendre froid. Est-ce que tu serais d'accord pour qu'on cherche une solution ensemble ?"
Matthieu : "Ok ! je pourrais par exemple mettre mon sweat bleu. Je l'adore celui-là ! En plus il est très chaud..."
... et le dialogue se poursuit ainsi jusqu'à ce que Matthieu et son père aient trouvé une solution qui les satisfasse tous les deux.
A partir du moment où le père et son fils ont pu dire leurs besoins et être entendus, ils peuvent cheminer ensemble vers une solution mutuellement acceptable. 
Solution qu'ils n'auraient probablement pas imaginée s'ils n'avaient pas pris le temps de s'écouter !
 C'est en écoutant son fils tout en affirmant son propre besoin que ce père a pu dérouler les différentes étapes du processus de résolution de conflit sans perdant.
Résoudre les conflits sans perdant constitue une troisième voie possible, une alternative aux méthodes autoritaires/autoritaristes ou permissives. 
C'est une démarche qui requiert l'utilisation de l'écoute active et du message-je.


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