Les
crises sont générées par des besoins qui ne sont pas comblés (fatigue,
faim, besoin de contact, de pouvoir sur la situation…).
Le fait de se
dire que la crise est une réaction face à une situation donnée est plus
aidant que le fait de se dire que l’enfant est capricieux.
Par
ailleurs, la colère n’est pas une émotion à éviter ou étouffer à tout
prix.
Elle a une fonction réparatrice qui permet de se remettre d’une
frustration ou d’une attaque de l’intégrité.
Il convient donc de la
reconnaître comme une émotion vitale et légitime, sans pour autant
accepter les comportements à problème (taper, insulter, casser des
choses…).
1. L’enfant apprend par imitation
Nous
pouvons offrir un modèle à nos enfants.
Cela passe par le fait de
reconnaître notre propre colère sans culpabiliser ou accuser l’enfant
d’être la cause de cette colère : on vise ici l’expression responsable
de la colère.
Il est normal de ressentir de la colère et il n’y a pas à
en avoir honte.
De même, on pourra exprimer notre joie ou notre
tristesse quand le contexte s’y prête.
Par
ailleurs, on peut montrer à l’enfant ce qu’on fait quand on est frustré
ou en colère.
Vous pouvez le faire sous forme de récit (ou encore mieux
en situation) :
« J’étais en colère parce que….
J’ai dit « grrr » dans ma tête, j’ai pris trois grandes respirations
pour me calmer, je me suis isolé(e), j’ai réfléchi à une solution à mon
problème et j’ai décidé de… »
On
pourra varier les mots utilisés pour décrire notre état émotionnel et
celui des autres.
On pourrait même faire une liste avec les enfants pour
décrire les différents degrés de la colère du moins fort au plus fort :
pas content, mécontent, contrarié, dérangé, ennuyé, irrité, fâché…
On
encouragera les enfants à utiliser ces mots pour nommer ce qu’ils
ressentent.
Il
est constructif de lire des contes avec les enfants qui abordent le
thème de la colère et d’en discuter avec lui. On pourra faire remarquer
la couleur du visage, les poings fermés ou toute autre réaction physique
des personnages ainsi que les mots utilisés pour exprimer la notion de
colère.
On pourra en profiter pour poser des
questions aux enfants sur les situations qui ont déclenché la colère du
héros, sur les conséquences de ses actes et sur la façon dont il a
affronté ses problèmes.
4. Remarquer les manifestations physiques des émotions
On
pourra aider l’enfant à remarquer comment son corps réagit à la colère
en décrivant les réactions et en les associant à l’émotion :
«
Tu cries, tu as l’air en colère », « Ton visage est rouge, tu es fâché
», « Tu fronces les sourcils, j’ai l’impression que tu vas t’énerver », «
Tu es en colère, tu sens la boule dans ton ventre et dans ta gorge/ ta
respiration s’accélérer ? »
5. Préparer l’enfant à l’éventualité d’une déception
En prévenant l’enfant d’une éventuelle déception ou frustration, on l’aidera à affronter sa colère.
Par
exemple : « Il est possible que ton copain/ ta copine ne puisse pas
répondre à ton invitation.
Peut-être que tu seras déçu(e). Qu’est-ce
qu’on pourrait faire alors ? »
6. Enseigner une technique de gestions des émotions : « la technique de la tortue »
Sylvie
Bourcier propose dans son livre la technique de la tortue pour
apprendre aux enfants à réagir sans explosion à la colère.
Cette
technique peut être appliquée avec des enfants dès 3 ans 1/2.
Il
s’agit d’inviter l’enfant à imaginer qu’il est une tortue qui se retire
dans sa carapace.
Il place ses bras le long de son corps, il baisse la
tête et ferme les yeux.
Situations au cours desquelles utiliser la technique de la tortue :
– L’enfant ressent de la colère envers un camarade et pense qu’il pourrait se montrer violent,
– L’enfant ressent de la colère envers lui-même et anticipe une crise explosive,
– L’adulte invite l’enfant à faire la tortue en disant juste « tortue »,
– Un enfant dit « tortue » à un autre enfant avant qu’une dispute éclate entre eux.
9 étapes à enseigner aux enfants :
-
1. Reconnaître que je suis fâchée : « Oui, c’est vrai que je ressens de la colère, j’ai les mâchoires serrées, la tête qui bouillonne, les poings serrés »
-
2. Penser « Ma colère est là et c’est une visiteuse de passage »
-
3. Aller me retirer dans ma carapace
-
4. Prendre de grandes respirations (gonfler le ventre, souffler comme pour faire des bulles de savon) : « Je me détends afin d’affronter les frustrations et je respire avec des grandes inspirations et expirations. Je deviens mou/molle. » Il est amusant de proposer aux enfants de pratiquer cette décontraction en s’imaginant comme une poupée de chiffon qui s’effondre ou un spaghetti qui devient mou en cuisant.
-
5. Penser au calme et réfléchir à la situation précise : « C’était un accident », « Mon copain n’a pas fait exprès », « Il m’a dit ça parce qu’il est triste en ce moment », « Je suis capable de trouver une solution »
-
6. Sortir de la carapace quand je me sens calme
-
7. Penser à des solutions
-
8. Choisir une solution qui me convient
-
9. Appliquer la solution et me féliciter du résultat
7. Aménager le quotidien
Les
enfants ont besoin d’avoir un peu de contrôle sur la situation.
Les
enfants sont souvent frustrés car ils se retrouvent la plupart du temps
dans une position de contrainte.
Leur redonner du pouvoir personnel peut
passer par la possibilité pour eux de prendre des décisions, de faire
de choix (« tu préfères mettre ton maillot vert ou ta chemise bleue
aujourd’hui ? », « on prend le chemin de la mairie ou celui de la Poste
pour rentrer ? »).
8. Reconnaître l’émotion qui a suscité la crise
On peut accepter et reconnaître l’émotion puis la nommer à l’enfant pour qu’il apprenne à mettre les bons mots sur ses émotions.
« C’est difficile de… »
« Tu es fâché parce que… »
« Tu as le droit d’être fâché, mais je ne peux accepter que tu… »
« Tu peux t’exprimer avec tes mots/ tu sais le dire avec des mots alors fais le »
Il
est préférable d’éviter de banaliser (« ce n’est rien… ») ou de
disqualifier (« tu te fâches pour rien… ») la colère (et toute autre
émotion).
C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions
et celles des autres qu’on apprend l’empathie.
Par
ailleurs, les émotions sont des signaux d’alarme (la colère pour les
frustrations, la peur pour les dangers, la tristesse pour les pertes et
insatisfactions, la jalousie pour les écarts entre nous et les autres…).
Elles ont donc un rôle et ne sont pas à évacuer de nos vies.
9. Faire parler ou dessiner l’enfant
On
peut poser des questions à l’enfant avec un dessin comme support : « tu
es en colère comment ? » , « tu es en colère comme ça ou comme ça ? »
Quand
l’enfant apprend à s’exprimer par des mots ou des dessins, il peut dire
qu’il est en colère sans passer par des crises de rage ou de violence.
Le parent peut alors « accuser réception » : « Ok, j’ai entendu que tu
n’es pas content(e) ».
10. Tous les sentiments sont acceptables
L’enfant
a le droit de se mettre en colère.
Ephésiens 4.26 "Si vous vous mettez en colère, ne péchez point; que le soleil ne se couche pas sur votre colère."
Ephésiens 4.26 "Si vous vous mettez en colère, ne péchez point; que le soleil ne se couche pas sur votre colère."
Plus l’enfant essaie de se
contrôler, plus il encaisse et il finit par exploser.
Or les parents ne
voient pas forcément tous les moments où l’enfant a fait des efforts
pour se contrôler : ils ne voient que les crises d’explosion si
violentes qu’ils en viennent à se demander si l’enfant est normal.
Il
est possible de dire à l’enfant « je vois que quelque chose ne va pas »
pour désamorcer une crise et engager la discussion (sans forcer
l’enfant; parfois la simple reconnaissance de son vécu suffira).
11. Ecouter et s’intéresser à ce que vit l’enfant dans le moment présent
L’écoute
active consiste à reformuler les mots de l’enfant sans les dénaturer, à
exprimer les sentiments de l’enfant sans apporter de réponse à ses
problèmes et à acquiescer avec des « ah », des « hum », des « oh », des «
je vois ».
Pour apprendre à pratiquer l’écoute active, le livre Parents efficaces de Thomas Gordon me semble le plus abordable (à la fois en termes de contenu et de prix).
12. Une question à poser aux enfants pour les familiariser avec l’empathie
A ton avis, comment je me sens ? Quel est le problème pour moi ? Pour engager la discussion et inciter l’enfant à réfléchir.
13. La boîte à cris
Tous
les membres de la famille peuvent exprimer leur mécontentement dans la
boîte en criant dedans à travers le trou.
Une fois la boîte remplie, on
va dehors pour jeter les cris.
14. Le coussin de colère
Pour
verser sa colère sur un objet symbolique.
Lever les deux mains jointes
en l’air en prenant une inspiration, baisser les deux mains sur
l’expiration.
L’idée est d’éviter d’associer la colère au fait de taper
en encourageant des manifestations violentes de la colère.
15. Les lettres de colère
Les
plus grands peuvent écrire des lettres avec leurs propres mots pour
soulager leur colère.
La lettre n’a pas pour objectif d’être donnée mais
simplement de mettre des mots sur les émotions.
Il
est possible de créer des cartes avec les émotions et les sentiments
les plus courants, illustrées par un dessin ou une photo de l’enfant qui
imite cette émotion.
Voici quelques émotions et
sentiments liés à des besoins satisfaits : étonné, plein d’énergie,
content, joyeux, inspiré, optimiste, soulagé, surpris, touché, à l’aise,
plein d’entrain, comblé, ému, fier, confiant, reconnaissant…
Voici
quelques émotions et sentiments liés à des besoins non satisfaits :
fâché, désorienté, déçu, frustré, irrité, nerveux, perplexe, triste,
ennuyé, préoccupé, découragé, embarrassé, impuissant, impatient, seul,
mal à l’aise…
La
roue des choix est un outil visuel qui présente de façon ludique
différentes solutions pour gérer un problème ou accompagner une émotion
forte.
En voici un exemple ci-dessous (mais d’autres idées pourraient
être ajoutées comme le dire à quelqu’un, marcher, m’asseoir seul dans un
endroit que j’aime bien, chiffonner un papier et le lancer…) :
L’idée est de proposer aux enfants un espace de retour au calme plutôt qu’un isolement au coin.
Aristote disait: « N’importe qui peut se fâcher, c’est facile. Mais se fâcher contre la bonne personne, pas trop ni trop peu, au bon moment, pour une raison valable, et de la bonne manière-cela n’est pas facile ! »
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