vendredi 8 juin 2018

Soumises ?

Selon Paul, voici l’attitude principale qu’une femme doit avoir dans le couple:
Femmes, soyez soumises chacune à votre mari, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur; comme l’Église se soumet au Christ, que les femmes se soumettent en tout chacune à son mari. (Eph 5.22-24)
L’apôtre Paul n’a-t-il pas concouru à véhiculer un asservissement de la femme durant des siècles?
Ne serait-il pas enfin le temps de s’émanciper de cet héritage judéo-chrétien?


Au regard des enjeux, il me semble indispensable de vous démontrer que le problème ne vient pas de la Bible, mais de nous.
Bien au contraire, les textes qui traitent du mariage sont le remède donné par Dieu pour réparer  nos relations corrompues par notre nature mauvaise.

Le seul chemin conduisant à une vraie compréhension de ce qu’est la soumission de la femme

Compte tenu de tous les présupposés et aprioris qui sont derrière le mot « soumission », il nous faut rembobiner et tout reprendre par le début. Il faut aborder la question du rôle de la femme par l’angle de la théologie biblique (création, chute, rédemption).

La voie nous est donc tracée:
1. Définir la soumission selon la pensée de Dieu, pour…
2. Expliquer pourquoi la soumission est désormais source de souffrance et d’injustice dans notre monde, pour…
3. Réfuter les fausses compréhensions pécheresses de la soumission, afin de…
4. Redéfinir comment vivre la soumission dans le cadre du mariage

1. La soumission dans le mariage selon la pensée de Dieu

Tout existe selon la volonté parfaite de Dieu

Dieu est un être parfaitement et infiniment bon.
Le monde tel qu’il a été créé est donc parfaitement bon puisque tout a été créé par lui et pour lui.

Tout ce qui existe est assujetti aux lois de Dieu

  • Rien en soi n’est mauvais, dans son essence, puisque rien n’existe sans que Dieu l’ait créé ou ordonné.
  • Donc rien n’existe qui soit mauvais par nature.

Dieu a créé l’humanité avec une place à part

Dieu a donné aux humains la mission de remplir la Terre « de son image », « son reflet ». En tant que tel,  Il nous a donné les capacités nécessaires pour qu’à notre échelle nous puissions exercer nos rôles sur le monde et remplir la mission qu’Il nous a assignée, à savoir:
  • Exercer l’autorité sur la terre sur les autres espèces,
  • Développer la culture et tous les arts,
  • Étudier les lois de la nature et ainsi développer des innovations techniques, l’agriculture, d’innombrables métiers et savoirs-faire
  • Développer les systèmes éducatifs, les médias, etc.
Bref, tout ce qui structure la vie d’une nation vivant sous son autorité et appelée à grandir et recouvrir toute la Terre.

Dieu a aussi créé des normes pour structurer nos relations et notre relation avec lui

Il a créé en nous des normes qui nous poussent à interagir avec Lui au sein de la création: nous sommes des êtres intellectuels, émotionnels, politiques, collectifs, relationnels… Toutes ces caractéristiques permettent la vie en société, la famille, la solidarité, la pensée, le mariage, les arts, les techniques, l’autorité, le travail, l’obéissance, etc.
Elles distinguent le masculin du féminin, le public du personnel, l’autorité de la soumission…

Tout ce que nous pouvons développer vient de ces normes que Dieu a placées en nous et au service de Ses desseins. C’est comme notre mode d’emploi, notre logiciel. On ne peut vivre sans, ni à contre- sens sans dysfonctionner.

L’autorité et la soumission se manifestent au sein de la trinité

Au sein de la trinité, Dieu est un seul être divin et infini, qui existe en trois subsistances, le Père, le Fils, et l’Esprit Saint.
  • Les trois sont infinis, sans commencement, mais sont un seul Dieu. On ne peut le diviser, mais il se manifeste selon des rôles particuliers.
  • Il entretient en lui-même des relations personnelles mutuelles de toute éternité.
  • Les 3 personnes de la trinité ont la même dignité, puissance, infinité, sainteté, etc. Dieu en Lui-même vit éternellement la soumission et l’autorité.
Par exemple, c’est le Père qui envoie le Fils (Jn 3.16), le Fils obéit au Père et tous deux envoient le Saint-Esprit.
Jésus dit ceci :

je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. (Jn 6.38)
D’ailleurs, Carl Barth souligne justement qu’en se soumettant à son Père, Jésus affirme sa dignité plutôt qu’il ne la perd. (Cité par John Stott dans son commentaire sur Éphésiens, p. 231)

Les implications des relations d’autorité/soumission au sein même de la trinité sont fondamentales!

  1. L’autorité n’est pas synonyme de supériorité.
  2. La soumission n’est pas synonyme d’infériorité.
  3. L’autorité et la soumission sont toutes deux volontaires et s’exaltent mutuellement.
  4. Le fait que Dieu vive en Lui-même autorité/soumission ne signifie pas nécessairement que les rôles sont identiques.

La vocation du mariage : illustrer la plus glorieuse des histoires

Dieu a créé le mariage dès l’origine du monde, mais en s’inspirant de ce qu’Il avait prévu d’accomplir plus tard dans l’Histoire par Jésus pour son peuple, l’Église.
C’est pour cela que Paul parle d’un mystère révélé en justifiant son raisonnement par le texte fondateur de Genèse qu’il interprète à la fin du texte (Eph 5.32-34):

C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église.
Ainsi, le mariage est, dans le plan de Dieu, une métaphore, une illustration, une parabole qui représentent quelque chose de plus glorieux qu’un homme et une femme faisant alliance. Il est institué pour illustrer la relation entre le Christ et l’Église.
C’est le sens le plus profond du mariage;  une démonstration vivante de la façon dont le Christ et l’Église se rapportent l’un à l’autre.

Geoffrey Bromiley établit ainsi le parallèle: comme Dieu a fait l’homme à son image, Il a fait le mariage terrestre à l’image de son propre mariage éternel avec son peuple.

Complémentarité: Autorité/Soumission se magnifient mutuellement au sein du couple!

Ainsi, Dieu a attribué à l’homme et à la femme des rôles complémentaires pour qu’ils puissent incarner ses desseins dans la création et vivre au bénéfice des bienfaits de cette relation.
Puisque tout ce dont Dieu nous a doté a pour but que nous Lui ressemblions, les deux rôles sont merveilleux.

Dieu a créé l’homme et la femme à la fois semblables et différents, tous deux à son image.
  • Ils sont créés égaux en dignité, tout aussi importants, et sont tous deux également l’objet de l’amour passionné de Dieu à leur égard.
  • Ils sont créés différents pour refléter des aspects différents et complémentaires de sa personne.
  • Dieu a choisi de créer l’homme et sa masculinité, la femme et sa féminité à son image.
  • En nous créant ainsi, il crée les conditions d’une unité et d’une complémentarité qui se servent mutuellement.
À l’homme, depuis la création, Dieu a confié l’autorité, le leadership. Il est redevable devant Dieu et responsable envers son épouse de conduire son foyer selon la volonté et à la gloire de Dieu.

Le rôle de la femme

Si l’homme doit montrer à sa femme qu’il sait où il va et imiter Christ dans son comportement, la femme, elle, soutient, encourage, conseille et suit son mari afin qu’ensemble ils glorifient Dieu. À la femme, revient le rôle, depuis la création, d’honorer et d’affermir le leadership de son mari en l’aidant à le mener à bien selon ses dons.
Son rôle est d’aider son époux dans sa mission, dans une attitude de soutien.

Deux raisons données par Paul
  1. Parce que le rôle de son mari est décrété par Dieu (pas choisi par l’homme lui-même).
  2. Parce qu’au travers de cette soumission volontaire, elle se soumet à Christ.

En quoi la soumission consiste-t-elle concrètement?

Selon la perspective de la création, nous pouvons déduire les affirmations suivantes:
  • La soumission est avant toute autre considération une attitude de coeur.
  • Dieu définit et attribue les rôles à chacun au sein du mariage. Pas nous.
  • L’autorité et la soumission sont toutes deux volontaires et enrichissantes mutuellement.
  • L’autorité a été créée bonne, la soumission a été créée bonne.
La soumission selon le monde est l’emprise d’une domination extérieure et mauvaise. La soumission selon la Bible est une attitude de cœur volontaire qui va se manifester de différentes manières, mais toujours dans le respect de son mari et la confiance en Jésus-Christ, à la gloire de Dieu.

2. Pourquoi la soumission est-elle alors une source de souffrance et d’injustice dans notre monde?

La réponse biblique ne souffre aucune ambiguïté

Sous la tentation de Satan, ils ont choisi la rébellion contre les normes de Dieu et ont fait entrer en eux le désir de définir le bien et le mal et de juger entre les deux. L’homme ayant été créé pour vivre selon les normes que Dieu a fixées, il ne peut plus vivre parfaitement par elles à cause de La Chute.

En désobéissant à Dieu, Adam et Ève ont entraîné l’humanité, le cosmos et tout ce que Dieu a créé dans le péché. Les effets du péché contaminent toute la création!

Le péché crée une distorsion de ce que Dieu a créé, y compris au sein des relations maritales

Le péché ne crée rien en lui-même, mais contamine tout.
Le péché a détruit l’harmonie du mariage non pas parce qu’il a produit les notions d’autorité et de soumission. Elles existent en Dieu et sont présentes au sein de la création. Mais, désormais, il les a tordues.
Dieu n’étant plus son autorité morale, le monde tâtonne en ne sachant plus différencier ce qui est bon de ce qui est mal, ce qui est normal de ce qui est anormal.

Les effets du péché sur la soumission de la femme

La conséquence est que l’homme et la femme ne vivent plus selon les normes que Dieu a créées. Dieu décrit les effets en Genèse 3.16. Comme le commente la Déclaration de Danvers de 1987:
Dans le foyer, la direction humble et aimante du mari tend à être remplacée par la domination ou la passivité, la soumission volontaire et intelligente de l’épouse tend à être remplacée par l’usurpation ou la servilité.
Remarque: La souffrance des femmes dans le monde n’est pas l’apanage du fait religieux. Des sociétés les plus sécularisées aux plus religieuses, de tout temps, les femmes ont été méprisées. C’est le péché en nous qui porte son fruit.
La femme pèche en déniant le rôle de l’homme (mépris, dédain, arrogance, désir de prendre sa place…) ou lorsqu’elle rejette l’idée même qu’être une femme est un don merveilleux de Dieu et que sa place dans le couple est faite pour faire sa joie.
Peter O’Brien a bien décelé ce mensonge:

Ceux qui exercent une autorité ont des rôles différents qui s’accompagnent de plus grandes responsabilités, mais leurs rôles ne sont pas meilleurs. (Éphésiens, p. 557)
Dès lors, la simple prononciation de « soyez soumises » est tellement connotée péjorativement que l’employer sans prendre le temps de l’expliquer, c’est du suicide! En effet, ce que nous mettons derrière ce commandement n’a strictement rien à voir avec ce que Dieu y met !
Ceci nous conduit au point suivant…

3. Réfuter les fausses compréhensions pécheresses de la soumission

Paul décrit dans ce texte l’idéal divin vers lequel doivent tendre des femmes qui souffrent

Ne nous trompons pas, les premiers destinataires de ce texte devaient le recevoir avec la même perplexité que nous.
Dans l’Empire romain, les femmes n’avaient aucun droit. Elles étaient à la merci des désirs des hommes. Dans la culture juive, elles étaient méprisées (Stott, ibid, p. 212).
Paul n’est pas un progressiste, ni un humaniste. Il est réformateur! En effet, il ne prône pas un progrès, mais de redécouvrir le cadre de la création et celui de la relation entre Dieu et son peuple comme norme! Il revient à la base.

Ce que la soumission n’est pas:

  • Se soumettre, dans ce contexte, ce n’est pas se soumettre aux hommes. Une épouse n’est soumise qu’à son mari.
  • Se soumettre n’est pas une norme de comportement exclusif à l’identité féminine. Hommes et femmes doivent se soumettre aux représentants de la loi, à leurs anciens, leur cadre d’entreprises…
  • Se soumettre, ce n’est pas de s’humilier en se pliant à des exigences perverses.
  • Se soumettre, ce n’est pas de faire toutes les tâches ménagères du foyer: soyons clairs, nos lunettes culturelles latines nous poussent à voir dans ce texte que c’est à la femme de faire tout le job. Les rôles et les charges assumées au sein du foyer varient selon les cultures, les dons, les emplois du temps. Sauf pour le repassage. Faut pas abuser.^^
  • Se soumettre n’implique pas de servilité à un homme, que ce soit dans les domaines matériels, sexuels ou psychoaffectifs.
  • Se soumettre n’a rien avoir avec une obéissance irréfléchie ou décérébrée.
  • Se soumettre, ce n’est pas renoncer à son indépendance de pensée.
  • Se soumettre, ce n’est pas renoncer à ses responsabilités devant Dieu, au contraire, c’est les endosser.

Il y a donc plein d’avertissements pour les deux sexes :

  • Gare aux maris lâches qui utilisent leur force physique ou un ascendant psychologique pour se comporter en égoïste fainéant et dominateur.
  • Gare aux hommes qui prennent comme modèle les stéréotypes culturels et hollywoodiens au lieu de choisir l’exemple de Jésus, l’homme le plus viril, le plus courageux et celui qui a démontré à la perfection ce qu’est l’autorité.
  • Gare aux maris chrétiens qui, sous prétexte de crainte du féminisme, adopte le machisme en le justifiant par une manipulation des textes bibliques.
Qu’ils prennent garde, car leur comportement salit l’image de Christ et jette la honte sur l’Église.
  • Gare aux épouses qui, délibérément, rabaissent leur mari en public ou en privé.
  • Gare aux épouses qui utilisent leur sexualité pour mener leur conjoint par le bout du nez..
  • Gare à celles qui veulent la place de leur mari. Elles ne trouveront jamais la joie.
Qu’elles prennent garde, car en méprisant le rôle de leur mari, elles méprisent l’autorité de Christ.

4. Redéfinir comment vivre la soumission dans le cadre du mariage

Ce qui nous redonne de l’espoir, c’est que Dieu ne nous a pas abandonnés suite à la rébellion d’Adam et Ève, mais Il a envoyé son Fils à la croix pour qu’Il puisse réparer la relation que nous avons brisée .
Cette oeuvre rédemptrice nous replace sous son autorité et sa royauté lorsqu’on la saisit par la foi.

En vivant sous l’autorité de Jésus Christ, avec son Esprit en nous et grâce au pardon de nos péchés et à l’obéissance à Ses commandements, nous pouvons restaurer progressivement nos relations humaines, c’est-à-dire revenir au caractère bon de ce que Dieu a créé.

Dans le concret, la soumission n’est pas optionnelle, mais prendra différentes formes.

Ma femme a de quoi penser régulièrement: «facile à dire pour Paul, mais ce n’est pas lui qui vit avec Raph!» Elle n’a pas totalement tort!
Je suis conscient que ce que je dis peut conduire à beaucoup de craintes, car j’ai affaire à des couples en souffrance régulièrement dans mon ministère.
Se soumettre n’est pas optionnel, car la soumission d’une femme à son mari fait partie intégrante de sa soumission à son Sauveur Jésus.
Selon que son mari soit un homme qui cherche à ressembler à Christ constamment, qu’il soit éloigné de Dieu et dans la compromission ou pas chrétien, sa soumission prendra des formes bien différentes.
  • Quand il agit selon la volonté de Dieu, encouragez-le dans son leadership et soutenez-le!
  • S’il vit dans le compromis, réaffirmez votre attachement à suivre Jésus, sachant que Dieu vous utilisera très probablement pour le conduire à la repentance.
  • La soumission au mari n’est pas un absolu ! S’il vous demande de pécher d’une quelconque manière, ne suivez pas ses propositions! Avertissez-le avec respect et rappelez-lui ses devoirs devant Dieu, en priant pour lui. Vous lui montrerez ainsi que vous lui résistez, non par envie personnelle, mais au nom de Christ.
  • Et s’il persiste, demandez de l’aide aux anciens.
Je pense qu’il est impossible dans une prédication ou un article de donner les applications qui seront adaptées à ce que vit chaque couple. Mais grâce à Dieu, il y a l’Église locale, cette communauté où l’on peut trouver des modèles inspirants et ressourçants.

En conclusion

Revenir à l’Évangile est la seule réponse à la question: comment vivre mon rôle de femme?
L’un des traits qui caractérise la femme de Dieu, c’est que son mari la voit faire de plus en plus confiance à Jésus, comme l’Église doit le faire et qu’elle est un encouragement pour son mari à faire de même. Ainsi elle reflète également l’obéissance de Christ.
L’un des traits qui caractérise l’homme de Dieu, c’est que sa femme le voit se comporter de plus en plus à l’image de Christ. Il reflète ainsi l’autorité de Christ.
Aucun mariage n’est en trop mauvais état pour être restauré entre les mains de Dieu.
Aucun.

À cause du but du mariage qui est de refléter la relation entre Christ et l’Église, vivre l’Évangile doit être le fondement du mariage.
  S’il ne l’a pas été, la Bonne Nouvelle c’est qu’il peut le devenir.

Les couples chrétiens tendent à être des repères, une source d’inspiration et d’espoir dans un monde où les relations sont brisées.

Je termine sur cette pensée de John Stott : "Le don de soi à autrui implique une reconnaissance de sa valeur. En effet, le don de ma personne à quelqu’un présuppose que j’estime celui-ci tellement digne que je suis prêt à me sacrifier pour lui, afin de lui permettre de développer plus pleinement encore sa propre personnalité. Or, perdre sa vie afin que l’autre trouve ou accomplisse la sienne, c’est l’essence même de l’Évangile de Christ. C’est aussi le fondement du mariage chrétien, dans lequel le mari aime sa femme et celle-ci se soumet à lui, chacun recherchant à valoriser l’autre dans l’harmonieuse complémentarité des sexes." 
 

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