Trésors du désert (22)

22. Les ornières rebouchées

 

Psaumes 103.3 "C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies. C’est lui qui délivre ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de miséricorde ; C’est lui qui rassasie de biens ta vieillesse, qui te fait rajeunir comme l’aigle."

Le 24 octobre 2019, avec une sœur en Christ, nous nous sommes abandonnées volontairement entre ses mains, décidées à coopérer avec Dieu, dans le calme et la confiance, dans une entière allégeance. Nous nous sommes installées dans mon salon, comme dans un cocon. Elle venait de terminer sa sieste... elle émergeait doucement de la couverture dont elle s'était enveloppée sur le canapé. Cela faisait presque un an qu'elle luttait contre un cancer... elle était fatiguée et moi aussi. Car cela faisait trois ans que ma vessie était colonisée par des millions de bactéries, que mon tube digestif était envahi de champignons microscopiques, et que mon sommeil était assailli d'apnées centrales intempestives. La douleur quelle qu'en soit la nature est dévastatrice ; lorsqu'elle dure, elle isole, elle creuse et elle use... Mais inexorablement Dieu était là ; il veillait, déblayait le terrain de nos cœurs, émondait nos vies et œuvrait merveilleusement. Là, dans ce havre de paix, au-delà d'un repas concocté avec amour, et de jolies gravures illustrant des paraboles bibliques, que l'on aurait aimé coller au mur, au-delà d'une sieste réparatrice et du plaisir de se retrouver en toute amitié, il nous attendait... Et à la manière des rabbis aux temps bibliques, il nous a posé une question. Juste une question anodine au premier abord, à laquelle on ne savait que répondre, et qui s'avéra finalement hautement efficace : "Quelle est la plus grande souffrance que vous ayez vécue par le passé ?"

Aemi : Nous ne parvenions pas à répondre à cette question, car nous pensions à tort qu’il s’agissait de la souffrance qui nous tenaillait encore. Mais au fur et à mesure que nous échangions nos réflexions, simplement, tranquillement, comme deux vieilles amies qui savourent un moment paisible en buvant un thé, le Saint Esprit mit en lumière la réponse. Elle s'avéra plus tranchante qu'un scalpel pour opérer deux âmes mutilées par une vieille ornière. Car pour l’une comme pour l’autre, il était bien question d’une ornière, longue, profonde et collante comme un bourbier. Une ornière qui avait été creusée, pour toutes les deux, il y a quarante ans.

Sophie : Pour ma part, je l'avais joliment décrite de façon poétique, et ici et là de façon plus pragmatique, mais elle demeurait pas moins une ornière... Et ces dernières années, je m'y étais souvent tordu le pied ; j'avais lutté de toutes mes forces pour ne pas y retomber, mais j'avais échoué. Je ne parle pas d'un péché récurrent, je parle d'une faille, d'une plaie béante oubliée, qui peut sournoisement se raviver et vous menacer. Je parle d'une ornière dans laquelle croupissent des pensées morbides, déprimantes et mortelles qui vous entrainent toujours plus bas et vous vident de toute lueur de vie. Ces pensées avaient créé un paradigme, tout un petit monde sordide et dévastateur aux antipodes du paradis ! Insidieusement, elles avaient fait leur nid quelque part, dans un recoin ombragé de mon âme. Moi qui croyais vivre en pleine lumière ! Comme le dit si bien David Powlison : Les épreuves mettent à jour nos illusions et nous conduisent doucement, mais fermement dans la Vérité inondée de lumière ! Il y a donc un temps pour tout sous le soleil ! Un temps pour creuser, trier et jeter, et un temps pour recevoir des trésors et les garder, un temps pour remblayer avec Dieu, grâce à Dieu, et pour sa gloire.

Aemi : Dieu est si surprenant ! Ses voies ne sont pas nos voies et ses pensées ne sont pas nos pensées. Il nous y amène pourtant. Il veille sur nos vies avec amour et bienveillance. Il répond à nos SOS (Save Our Soul). Christ, le bon berger n'est jamais loin de ses brebis. Avec tendresse, il s'approche de leur oreille et leur dit de ne pas craindre et de relever la tête, car leur délivrance approche. Nous n'avons rien à craindre parce qu’il veille sur nous, le jour dans nos activités et la nuit quand nous dormons ! Ses paroles sont venues nous surprendre à pas feutrés, dans un murmure doux et léger, comme un ruisseau rafraichissant et tranquille. Ainsi, nous avons senti nos ornières délicatement se refermer à jamais, comme si un sable doux, chaud et réconfortant venait de s'y déposer. Comme si toutes nos pensées morbides, semblables à des résidus de charbon lentement amassés dans le fond de nos âmes (à force de broyer du noir), venaient d’être emportées sur les ailes du vent. Comme si un ruisseau coulant du ciel l'avait immergé, en emportant absolument toute la lie.

Sophie : En esprit, j'ai vu ces pelletées de sable voler au vent, j'ai vu l'ornière bouchée, ourlée d'un léger renflement de sable blanc, j'ai entendu le chant du ruisseau étincelant de lumière et de vie. J'ai senti ce miracle au fond de mon âme, cette guérison intérieure inexplicable, mais ô combien réelle et délicieuse. Aemi et moi avons vécu en même temps ce prodige. De nos bouches coulaient un ruisseau prodigieux qui opéra mutuellement et simultanément dans nos vies. De deux pierres, deux coups ! De deux pierres, des ricochets de grâce, faisant disparaitre deux vieilles ornières avec leurs multitudes de dysfonctionnements récurrents. Un sentiment de paix et de joie a rempli nos âmes étonnées. Le renflement de sable blanc devait désormais nous servir de tremplin pour franchir notre ligne d'arrivée ; il pouvait nous propulser, par la foi, vers la victoire et donner de l'espoir à tous ceux, qui comme nous, avaient un jour glissé dans une ornière, le long du chemin.

Esaïe 58.12 et Luc 3.5 "Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront aplanies, les voies tortueuses redeviendront droites, les chemins rocailleux seront nivelés."

Nous marchons tous comme des pionniers devant ceux qui nous suivent, c'est pourquoi nous devons vivre par expérience ces restaurations profondes, pour que notre vieille nature pécheresse et dysfonctionnelle disparaisse peu à peu, faisant place à Christ dans toute sa plénitude et sa grâce glorieuse. Si nous voulons être des instruments efficaces entre ses mains, si nous voulons le servir libres de toutes entraves, si nous voulons que ceux qui nous entourent soient à leur tour comblés, redressés, nivelés et remplis d'humilité... Il nous donnera les provisions nécessaires pour y parvenir et pour les partager avec les autres. Hors de l'ornière, il est tellement plus facile d'étendre nos ailes, de prendre du recul et d'aller de l'avant !

Aemi : A travers ce moment étonnant, nous avons compris et expérimenté comme jamais avant ce verset : "C’est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force." Esaïe 30.15

 

Malachie 4.2 "Pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes..."

Questions

Repérez les ornières dans votre vie. Comment sont-elles arrivées là ? Depuis combien de temps ?

Quelles sont les conséquences de leur présence dans votre vie ?

Et comment peuvent-elles être rebouchées ?

Méditez Luc 3.5 avec le plan de méditation biblique et de prière proposé au début de cette étude.

 

Pour aller plus loin

Vous pouvez lire : "Les trésors de la foi" de Charles Spurgeon.