Le passage suivant, extrait de mon livre "Au fil de la vie", est un aperçu de ce que la mort peut avoir comme impact sur la vie d'un
enfant.
"Sous
les yeux des anges de bronze, le temps s’écoula… neuf, dix, onze… Au
rythme de leur mécanisme pendulaire,
un voile d’ombre couvrit, peu à peu mon jardin de lumière.
Inéluctablement, un fil de vie se détacha de l’ouvrage de mon enfance et
le lâcha. Une main conseillère m'échappa. Même si elles ne le
voulurent pas, deux lumières bleues fatiguées et fragiles
s’éteignirent dans un battement de cils. D’un pas de velours, dans le
silence, je laissai donc là mon jardin d’insouciance, effleurant
d’un dernier baiser léger, une peau de pêche pâle et fanée. Dans la
pénombre, j'abandonnai mes trésors passagers comme un poids. Je fermai
la porte grinçante d’une vieille armoire odorante,
pleine d’un bric-à-brac de jouets, de livres, de flacons de muguets,
de tabatière parfumée, de beaux coquillages conservés et de souvenirs
fossilisés…
Alors
un peu plus seule, je grandis, cachant au creux de mon cœur un cri, une
larme incandescente, une richesse
incessante, trésors infinis, intemporels, inestimables et éternels.
La mort tel un spectre maléfique avait fermé à double tour le cadre
préservé, idyllique de mon jardin privé et unique. Je vis
s’évanouir à jamais, vers d’autres cieux, dans le néant, celle qui
avait fait de mon enfance un instant artistique et fabuleux, celle qui
était devenue ma fée bleue, la conceptrice de mon univers
bucolique et harmonieux.
Les années suivantes s’égrenèrent lentement, mornes et vides, comme si la pluie avait effacé les couleurs de la
vie et délayé toutes traces d’enthousiasme puéril."
La mort de ma grand-mère paternelle, à laquelle j'étais très attachée, m'a traumatisée au point où j'ai
souffert pendant plusieurs années de phobies telles que l'agoraphobie, la thanatophobie, et l'hypocondrie.
Je
n'avais que 10 ans, mais la mort est venue comme un monstre cruel et
ténébreux me voler plus que ma grand-mère;
elle a volé ma joie, ma paix, mon équilibre intérieur, pour me
conduire doucement mais sûrement dans l'angoisse, la nostalgie et la
confusion la plus sombre.
Elle est devenue ma pire ennemie, celle qui me traquait à chaque instant et me donnait des sueurs froides.
A 10 ans, je compris que dès notre premier souffle, nous nous dirigions inéluctablement vers notre dernier
soupir.
Certes, à observer le monde, il est facile de constater que tout autour de nous est en train de périr: les animaux
périssent, les fleurs fanent et même les étoiles meurent un jour.
Si la vie se résumait tristement à ce que je pouvais voir, si je n'étais que le produit du hasard et du temps,
j'aurais dû trouver cela tout à fait naturel de périr.
Mais il y avait en moi une voix qui me criait que la vie ne s'arrêtait pas là.
Mon âme ignorante me criait que l'être humain n'avait pas été créé pour s'éteindre, mais pour vivre,
éternellement.
D’où me venait ce désir d’éternité?
Était-ce possible de vivre éternellement?
Je l'espérais de toutes mes forces.
Pourrais-je vaincre un jour ma pire ennemie et la peur qu'elle m'inspirait?
La réponse est claire: OUI!
Oui l'éternité existe et celui qui l'a créée m'a guérie de mes peurs.
Il m'a donné la force de regarder ma pire ennemie en face et de ne plus la craindre.
Il m'a donné le pouvoir de la vaincre et de vivre avec lui éternellement!
Sophie Lavie
Sophie Lavie
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